Wacken Open Air 2005 – Wacken, Allemagne – Du 04 au 06 aout 2005
WACKEN OPEN AIR FESTIVAL 2005
04, 05 et 06 Août 2005.
Comme chaque année à la même date, le plus grand festival européen (mondial ?) de Métal prend place à Wacken, petite bourgade de 2000 âmes coincée entre Hambourg et la frontière danoise, en Allemagne. Et comme chaque année désormais, Leprozy.com vous fait vivre ou revivre cet événement comme si vous y étiez.
Lundi 1er Août :
Alors qu’en ce beau mois d’août, le Sud de la France est écrasé par le soleil, que tous mes potes glandent joyeusement sur la plage, un cocktail à la main, se font des soirées » grillades-rosé bien frais » dans le jardin, je mets ma ceinture à clous, mon tee-shirt MOTORHEAD et je m’embarque dans le TGV direction Paris pour y retrouver d’autres métalleux tout aussi excités que moi à l’idée du pèlerinage annuel que tout amateur de musique en colère se doit de faire au moins une fois dans sa vie.
Après une courte halte dans la capitale, nous voilà partis pour près de vingt heures de voiture à travers la Belgique et toute l’Allemagne. Après deux rencontres pas vraiment indispensable avec la police allemande à Dusseldorf où nous constatons que l’amitié franco-allemande et l’hospitalité teutonne sont toutes relatives, nous arrivons aux abords de Wacken dans l’après midi du mardi.
Mardi 2 Août :
Nouvelle rencontre avec la police à l’entrée de Wacken, où comme chaque année un barrage est installé afin de fouiller les véhicules et contrôler les festivaliers. Une demi-heure plus tard, rien à signaler à part un slip sale dans la poche du jeans de Didier, notre chauffeur, et nous repartons en direction du camping.
Nous sommes à deux jours du lancement du festival et déjà le village est colonisé par des hordes de métalleux en quête de bières, véritable institution dans notre grande famille des headbangers.
Après avoir retrouvé nos potes dans l’immense camping qui cerne le site du Wacken et installé nos tentes, la mauvaise nouvelle tombe : la météo annonce pour les jours qui viennent, de la pluie, de la pluie, … et encore de la pluie !
Le temps est pour l’instant plutôt clément, et la soirée se passe comme toute veillée d’arme, à haute dose de bières allemandes, suédoises, danoises, belges, hollandaises, françaises, … et la fraternisation avec la communauté métallique mondiale débarquée des quatre coins de la planète n’en est que plus aisée !
Au milieu du chaos de cette première soirée alcoolique, je sympathise avec d’autres français, les deux Guillaume et Fabien, installés pas très loin de notre campement avec des israéliens, des allemands, des basques espagnols dont les soirées sont rythmées par des concours de descentes de bières sous pression explosées au tournevis ! Complètement stupide, mais excellent !!
Mercredi 3 et Jeudi 4 août :
Un conseil pour ceux que l’expérience du Wacken tenterait : Arrivez sur place au moins deux ou trois jours avant le lancement des premiers concerts, histoire de vous imprégner du contexte, de bien vous charger en bière, de faire connaissance avec les hordes d’éléphants roses qui vous entourent, et ainsi être fin prêt pour l’ouverture du festival. Le seul problème dans cette organisation, c’est qu’à l’approche du Jeudi, vos forces sont méchamment entamées. Mais bon, ceux qui se plaignent n’ont qu’à partir en vacances au Club Med !
Enfin, après deux jours de distillation intense, les portes du site s’ouvrent enfin le jeudi à 16 heures, libérant des flots de métalleux qui cette année auront exploser la jauge, les organisateurs annonçant fièrement la présence de quelques 50 000 fans pour cette édition 2005 !
La météo est encore assez clémente, même si quelques averses matinales ont annoncé la couleur des jours à venir. Le sol est déjà gorgé d’eau et les organisateurs ont installé de la paille un peu partout, histoire d’en absorber un maximum. Année après année, le plan du site change peu et on retrouve, en plus des quatre scènes dont la petite wet-stage couverte, les innombrables bars, stands de frites, hamburgers, kebabs, bouffe chinoise, italienne, orientale, allemande, le Metal Market, les chiottes chimiques infâmes, et un espace presse – V.I.P. que le pass-backstage obtenu grâce à Leprozy.com me permet d’investir.
A 18 heures, le WACKEN 2005 est lancé, avec l’entrée en scène de TRISTANIA, dont le métal gothique n’a aucun mal à séduire des innombrables fans de NIGHTWISH présents ce soir. Les norvégiens nous balancent de nombreux extraits de » World of glass « , leur dernier album et remportent un franc succès. CANDLEMASS prend alors la suite pour une courte mais ultra intense heure de Heavy Doom durant laquelle le groupe va nous jouer un best-of de sa superbe discographie. » Copernicus « , » Born in a tank « , » Black dwarf « , » Epicus Doomicus Metallicus « , » Dark are the veils of death « , … que du bonheur, envoyé à la face d’un parterre bourré à craquer par un Messiah Marcolin en grande forme dans sa robe de bure et des musiciens gonflés à bloc.
Le festival est désormais lancé ! Tandis que OOMPH !, groupe teuton dans la mouvance de RAMMSTEIN, amusera les allemands au coucher du soleil, je file me restaurer de quelques boites de conserves froides avant le plat de résistance de la soirée, NIGHTWISH.
La nuit est désormais tombée et le site est plein à craquer. Les tee-shirts NIGHTWISH sont innombrables et c’est une immense ovation qui accueille l’arrivée du groupe de tête d’affiche sur scène. » Dark chest of wonder » démarre pied au plancher, mais sans la voix de Tarja et sans guitare. Mauvais plan, le son est faible et on n’entend que les synthés, outrageusement mis en avant. Si ça s’arrange progressivement pour la voix, il n’en sera hélas pas de même avec les guitares, noyées dans les claviers, ce qui aura pour effet de plomber une partie de l’énergie développée par les finlandais. Dommage car la set-list est bâtie comme un best-of, » The siren « , Bare grace misery « , » Deep silent complete » et » The Kingslayer » sont un vrai bonheur, Tarja chante divinement bien et s’éclipse soudain pour laisser la scène libre aux quatre garçons du groupe pour une étonnante reprise de » High hopes » des PINK FLOYD chantée par Marco, le bassiste.
Réaction mitigée dans l’assistance, avec les fans inconditionnels hurlants de bonheur et applaudissant à tout rompre, et les autres, que la nuit froide et humide et le manque de chaleur du set des finlandais va progressivement rabattre vers les bars ! Le show est alors relancé avec » Wishmaster « , » Planet Hell « , » Slaying the dreamer « , avant un des grands moments de la soirée, l’envoûtant » Kuolema Tekee Taiteilijan « , chanté par Tarja, seule sur scène. Magique ! Le groupe au grand complet revient ensuite sur scène, pour » Nemo « , » Creek’s Mary Blood « , le speedé » Wish I had an angel « , et » Over the hill and far away » en guise de final.
Le traditionnel feu d’artifice concluant la soirée éclaire le ciel, et avant de rejoindre le camping, je fais un saut dans la Wet-stage, bourrée à craquer et sur la scène de laquelle se produisent les Death Thrashers de HATESPHERE. Ambiance d’enfer sous la tente, où le thrash surpuissant des suédois fait mouche et finit de me démonter la tête avant une nuit réparatrice. Quelques bières plus tard avec mes potes, et enfin je m’endors, complètement congelé, tant la nuit est glaciale (la température doit facilement tourner autour de 5°C ou moins !).
Vendredi 5 août :
Comme annoncé, il a flotté cette nuit et l’ambiance est morose au réveil dans le camping. Certains festivaliers semblent ne pas s’être couchés, et trainent leurs vestes à patches maculées de boue, (la veste à patches est un ustensile encore très en vogue chez le métalleux allemand ou scandinave), une bière à la main, sur le site détrempé. Il n’est pas encore 8 heures et le froid s’est installé sur Wacken. Les allées du camping sont transformées en bourbiers géants, et le vent me transperce jusqu’aux os. Et dire qu’avant d’arriver, je me plaignais de la chaleur et du manque d’eau que nous avons connu cet été dans le Sud !! pour le coup, je suis gâté !
Mais le pire reste à venir. Il est 11 heures quand les suédois de NAGLFAR investissent la Black stage et donnent le coup d’envoi de cette deuxième journée de festival. Malgré un son altéré par les rafales de vent, leur Black Metal fait mouche et parvient sans peine à faire bouger les milliers de fans déjà présents devant la scène. Le sol prend par endroit, des allures de marécage et la paille étalée ne suffit pas à éponger cette boue qui en plus, pue la fermentation. Une ambiance de porcherie règne dans la fosse, encore renforcée par les métalleux scandinaves bien blancs de peau et auxquels la bière ingurgitée à l’excès donne une jolie couleur rosée et des formes généreuses ! Avec de la boue partout sur les fringues, on dirait de vrais petits cochons ! Vive le Grouïkk Métal !!
A peine le temps de savourer les excellents titres tirés du récent » Pariah » que NAGLFAR quitte la scène pour laisser à MORGANA LEFAY le soin de prendre la suite sur la True Metal stage. C’est pour moi l’occasion de mesurer la popularité de ce groupe qui va nous offrir pendant trois quarts d’heure, un set heavy ultra efficace devant un parterre de fans conquis ! Les meilleurs titres s’enchaînent, de » Source of Pain » et » Master of the masquerade « , en intro, en passant par » Hollow « , » The boon he gives « , pour finir par » I roam « .
Je profite du set d’ILLDISPOSED sur la Black stage pour faire une pose au bar, avant de poursuivre par le set de Marky RAMONES sur la Party stage. Le seul survivant des mythiques punks new-yorkais est sur scène, derrière sa batterie, et propose avec l’aide de quelques musicos, des reprises de ce groupe de légende. Si en fermant les yeux, la magie opère toutjours, il en est différemment lorsqu’on les rouvre, le manque de charisme des zicos étant flagrante, et c’est avec encore plus de regret que l’on repense à Joey, Johnny et Dee Dee. Pas de doute, le plus grand hommage rendu aux RAMONES à WACKEN aura été celui de MOTORHEAD, l’an dernier, lorsque Lemmy leur a dédié comme chaque soir, le morceau « Ramones » !
Retour sur la True Metal stage, où SONATA ARCTICA nous livre un set carré de Heavy mélodique et tente de réchauffer l’atmosphère. Les finlandais piochent allègrement dans leur dernière production en date » Reckoning night « , avec notamment » Victoria’s secret » ou encore » Ain’t your fairytale « , et comblent les très nombreux fans présents.
Arrive alors l’heure d’accueillir un des groupes pour lequel j’ai fait le déplacement cette année. Les suédois de BLOODBATH, véritable All Stars Band de pur Death métal qui compte dans ses rangs Dan Swäno (Edge of Sanity, NightinGale) aux guitares, Jonas Renkse et Anders Nyström (Katatonia), et Martin Axenrot (Witchery). Mais c’est surtout le chanteur du jour qui fait sensation, puisqu’il s’agit de Mikael Akerfeldt (Opeth), responsable des vocaux sur le EP » Breeding death » et le premier album » Resurrection through carnage » et qui remplace aujourd’hui Peter Tatgren (Hypocrisy, Pain) qui tenait le micro sur le dernier album en date, » Nightmare made flesh « .
Ce concert est d’autant plus attendu qu’il est le seul gig jamais donné par ce groupe d’exception, et d’ailleurs le seul avec Mikael au chant (c’est le chanteur lui même qui l’annonce sur scène) ! Et c’est au WACKEN que ça se passe. Une fois de plus, les promoteurs du festival ont réussi à créer la sensation, comme en 2004 avec le concert de SATYRICON / Nocturno CULTO (DARKTHRONE) et déjà l’annonce pour 2006 de la reformation exceptionnelle d’EMPEROR !
Le programme est tout bonnement fabuleux. Alors que le ciel est encore clément, les musiciens montent sur scène habillés tout en blanc, dans des fringues et le visage maculés de sang et nous offre pendant une heure, les meilleurs titres de leur répertoire. Puisant dans la discographie citée plus haut, les suédois nous balancent leur meilleurs titres, tous aussi compacts et percutants les uns que les autres, pour le plus grand bonheur des fans présents pour témoigner de cette prestation unique.
Mikael Akerfeldt, un brin chambreur, précède chaque morceau en demandant au public d’exprimer son approbation par des » Yeah ! » version classique, puis version » Death metal voice « , puis version » Dani Filth – High pitch « . Mortel ! BLOODBATH, qui n’était à l’origine qu’un prétexte pour ses concepteurs, pour se retrouver et boire comme des trous, s’est depuis imposé comme une référence dans le Death et nous a livré cet après midi, un des moments les plus intenses de tout le festival. Moments forts du set, » Ways to the grave » et » Breeding death » me décollent la boue de mes fringues !!
Attention, nouveau bonheur à l’horizon ! Alors que le ciel s’assombrit, METAL CHURCH s’empare de la True Metal stage voisine. Le fait que les deux scènes principales soient accolées permet de circuler de l’une à l’autre sans avoir à se taper un marathon comme c’est le cas sur de nombreux festivals, et d’éviter de louper début ou la fin de chaque set. Le set des américains est désormais bien rodé. Après avoir assuré la première partie de JUDAS PRIEST en Allemagne cet hiver, et différents festivals dont le Grasspop et le Waldrock au printemps, METAL CHURCH présente au WACKEN une set-list en béton. « Start the fire « , » Watch the children pray » dédié à David Wayne, le chanteur d’origine du groupe disparu cet hiver après un accident de voiture, » The Dark « , » » Date to poverty » sont autant de brûlots que Kurdt Vanderhoof et Kirk Arrington, les deux membres originaux de METAL CHURH nous envoient à la face.
Epaulés par Jay Reynolds, ancien guitariste de MALICE (combo des 80’s), Steve Unger (Basse) et surtout Ronny Munroe qui tient la scène de manière exceptionnelle avec sa voix rappelant Dave Wayne avec des intonations à la Jon Oliva, les thrasheurs de Seattle sont encore terriblement efficaces ! Un pur bonheur de Heavy qui fait oublier que la pluie s’est mise à tomber et qu’on commence à être tous trempés comme des rats.
Il est déjà presque 17 heures lorsque OBITUARY est annoncé sur la Black stage. C’est le troisième gig des floridiens auquel j’assiste cet été, après leurs prestations aux Gods of Metal et au FuryFest, et je dois bien avouer que le plaisir de voir ces maîtres du Death metal de retour sur le devant de la scène est un plaisir sans cesse renouvelé.
C’est une véritable ovation qui accueille les cinq death-métalleux à leur arrivée sur scène. Malgré la pluie, l’affluence devant la Black stage en dit long sur la popularité d’OBITUARY, parfaitement à sa place sur l’affiche et qui va, durant une heure, maintenir la pression mise juste avant lui par BLOODBATH.
Armés d’un son surpuissant, les floridiens vont nous assener pendant une heure, les meilleurs titres de leur répertoire, des plus anciens » chopped in half « , » Cause of death « , » Threatening skies « , » Solid state « , » ‘Til death » aux plus récents, dont l’instrumental » Redneck stomp » issu du nouvel album » Frozen in time « . En guise de final, » Slowly we rot » finit de nous achever tandis que le froid s’est invité à la fête. Le ciel est de plus en plus noir et une averse s’abat sur le site alors que la True Metal stage s’apprête à accueillir EDGUY.
Je dois bien avouer que malgré tout l’intérêt que je porte à ce groupe et malgré le caractère unique du WACKEN, la pluie, la boue et le froid ont eu raison de mon âme de fan. Tandis que le groupe enchaîne ses plus gros hits, aux rangs desquels » Lavatory love machine « , » The piper never dies « , » Babylon « , ou encore » Tears of the mandrake « , je bâts en retraite et laisse les métalleux allemands pogoter pied nus dans la boue, les Doc Marteen’s à la main dans la fosse (véridique !) et me réfugie quelques instants sous la tente, au camping !
Après un café brûlant et salvateur avec mes potes Fabien et Guillaume, l’énergie revient et s’est devant la Black stage que nous nous rendons pour une des belles surprises de la journée, la prestation de WITHIN TEMPTATION. Alors que la veille, le favori des groupes de métal à chanteuse, NIGHTWISH avait laissé une impression très mitigé, son plus gros outsider va aujourd’hui mettre une méchante claque au public ayant bravé les éléments pour assister à son spectacle.
Sur une scène où ont été installé différents éléments de décor que le groupe a utilisé sur sa récente tournée apparaît la belle Sharon Den Adel, encadrée de ses partenaires de jeu et notamment Robert Westerholt aux guitares, qui ne tient pas en place et intervient de temps à autres de sa voix death pour donner encore plus de puissance aux titres des hollandais. Parce que pour être puissant, il est puissant, le set. Equilibré avec des titres tirés de toute la discographie du groupe, il bénéficie d’un son d’enfer et l’interprétation est sans faille.
» Stand my ground « , » See who I am « , » Forsaken « , » Angel « , tirés du récent » The Silent Force » sont évidemment de la partie, mais cohabitent avec d’autres perles telles que » The other half « , » Running up that hill » la cover de Kate Bush, ou encore » The dance « . Ajouté à tout cela, la grâce de Sharon et l’évident plaisir de tout le groupe à fouler pour la première fois de sa carrière, les planches du WACKEN, vous obtenez un instant de pur plaisir que même la pluie n’a pas voulu gâcher puisqu’une accalmie permet à tous de profiter de l’instant dans la lumière si particulière de cette fin d’après midi dans le » Grand Nord » !!
A peine WITHIN TEMPTATION a-t-il salué ses fans, que sur la True Metal stage, un backdrop géant vient d’être hissé, annonçant la suite des évènements. Il est 21 heures quand dans une intro à glacer le sang apparaîssent Rob Flynn, Phil Demmel, Adam Duce et Dave Mc Clain. MACHINE HEAD, le groupe rajouté à la dernière minute comme tête d’affiche de ce vendredi soir en lieu et place de JUDAS PRIEST, annoncé un temps mais qui avait décliné l’invitation, MACHINE HEAD, que trop d’esprits un peu trop étriqués avaient considéré comme pas à sa place sur l’affiche car jouant du … Néo-Métal, va réussir le carton du jour. Axant sa prestation sur les morceaux les plus brutaux de son répertoire et notamment les titres de » Burn my eyes « , son génial premier album sorti en 1994 qui lui avait rapporté d’ouvrir pour SLAYER en Europe, le quartet californien va écraser toute velléité adversaire durant les 75 minutes qui lui seront imparties.
» The blood, the sweat, the tears « , « Ten ton hammer », « Davidian », « Old », « None but my own » font un carton. Robb Flynn est déchaîné, l’introduction de chaque titre étant l’occasion pour lui d’exprimer sa gratitude aux 50 000 fans présents, d’arranguer le public, de le flatter, ponctuant chaque intervention d’un » Prost, motherfuckers, Prost ! » du meilleur effet, avec une bière à la main.
Oubliez définitivement tous ceux qui considèrent MACHINE HEAD comme un vulgaire groupe de Néo Métal à jeter aux orties, et rappelez-leur que Rob Flynn et Phil Demmel sont avant tout issus de la scène thrash de la Bay Area de San Francisco et qu’ils ont joué dans les années 80 avec VIO-LENCE, fameux groupe qui partageait la scène avec d’illustres formations telles que TESTAMENT ou DEATH ANGEL, et est responsable entre autres d’un album d’enfer, le fameux » Eternal Nghtmare « .
MACHINE HEAD joue du thrash, qu’on se le dise, et il n’en a jamais été autrement, quoi qu’en dise certains et il en fait encore une fois la preuve ce soir en remportant haut la main la palme de la brutalité et de la furie. Pour couronner cette prestation, le groupe nous offre un medey de folie avec » Creeping death » de METALLICA enchaîné avec » Territory » de SEPULTURA, » Walk » de PANTERA et » The Trooper » de IRON MAIDEN, avant de conclure son set par un » Block » d’anthologie. Géant !
A peine remis de nos émotions, voici qu’apparaît sur la Black stage, l’invité surprise de la soirée, STRATOVARIUS, pour un concert surprise de trois titres destiné à rassurer les fans sur les bonnes intentions du groupe et son envie renouvelée de poursuivre la route ensemble après plus d’un an de départs, de rumeurs de split, et de déclarations fracassantes dans la presse.
Mené par un Timo Kotipelto très en voix et affichant un large sourire, STRATOVARIUS nous envoie » Hunting high and low « , » Black diamond » et » Maniac dance « , titre inédit qui figure sur le nouvel album à paraître du groupe en l’espace d’un petit quart d’heure, juste le temps pour nous de constater qu’à la guitare, Timo Tolkki n’affiche pas la grand forme, loin s’en faut. Bouffi, l’œil glauque (Terrible, son image sur écran géant !), il plaque toujours des riffs de folie sur sa gratte mais traîne un air maladif qui confirme que le garçon a été sérieusement perturbé ces derniers mois.
La fin de soirée s’achève enfin en douceur avec APOCALYPTICA sur la Black stage. Une heure et demi de violoncelle saturé joué par quatre virtuoses renforcés par un batteur pour une interprétation sans faille de » Path « , » Somewhere around Nothing « , » Betrayal « , » Master of puppets « , » Creeping death « , ou encore » Inquisition symphony « , et un final à vous rendre marteau avec » Enter sandman « .
Alors qu’une nouvelle nuit glaciale s’annonce, je me replie au camping pour écluser quelques bières avec mes potes et récupérer de cette journée infernale, dans l’espoir de récupérer quelques forces en vue du lendemain.
Samedi 6 août :
Je dois bien avouer que se faire réveiller aux aurores par le meuglement de quelques métalleux scandinaves confits à la Carlsberg n’est pas ce qu’il y a de mieux, surtout quand les excès de bière de la veille infusent encore dans mon crâne. Il est encore très tôt en ce dernier jour de festival, et la météo continue son travail de sape. Il pleut et le café ne parvient pas à me réchauffer.
Heureusement, comme la veille le site ouvre ses portes relativement tôt et dès 11 heures, Trym et Samoth, deux ex-EMPEROR montent sur la Black-stage, entourés de Destructhor et Secthdamon pour le premier show de la journée, celui de ZYKLON. Aidé par un bon son et bénéficiant d’une accalmie du ciel, le Black metal surpuissant des quatre norvégiens fait mouche et fait vite oublier les aléas du temps.
Tandis que les anglais de DRAGONFORCE enchaînent sur la True Metal Stage pour proposer un set carré, proche de celui qu’ils nous avaient offert aux Gods of Metal italiens en juin dernier, je rejoins mes potes anglais Steeve et Phil au bar pour notre » réunion » annuelle. A l’image des réunions de famille, c’est désormais la tradition avec certains de mes potes étrangers de nous retrouver au Wacken pour des moments particulièrement chaleureux et imbibés ! Cette année encore, la tradition sera respectée et c’est en grande forme, l’esprit perdu dans des vapeurs de bière locale que j’assiste à l’arrivée sur scène d’un de mes groupes fétiches, OVERKILL, qui va parfaire l’œuvre destructrice entamée juste avant lui par SUFFOCATION sur la scène voisine.
Que dire d’un show d’OVERKILL lors d’un festival, sinon que le temps limité imparti au groupe lui impose, comme pour beaucoup d’autres ténors de la scène Metal de présenter un set aux allures de best-of. C’est encore le cas aujourd’hui et personne ne s’en plaindra dans l’assistance. » Overkill « , » Hello from the gutter « , » Rotten to the core « , » Wrecking crew « , le groupe est à l’image de D.D.Verni, le bassiste, machoires serrées et regard noir. Il déborde d’énergie et de colère, et ça pilonne grave dans la sono. Malgré des problèmes techniques en début de set sur le micro de Bobby, la prestation des new-yorkais est exceptionnelle, un pur régal de thrash old-school qui nous ramène loin en arrière, certes, mais qu’est-ce que c’est bon !! Concluant son show par un » Fuck you » apocalyptique, il laisse son public à genoux alors que la journée est encore longue.
Après une pose au bar de la Wet Stage, d’où j’apprécie la prestation de TUATHA DE DANANN, je m’installe face à la Party Stage que s’apprête à investir une de mes idoles féminines, la superbe Sabina Classen et son groupe, HOLY MOSES. Entrant sur scène avec l’intro » Holy Moses » de Bob Marley, les allemands sont accueillis par l’ovation d’un public tout acquis à la cause de ce combo pionnier du trash allemand, et surtout de son leader, la charismatique Sabina. Avec son timbre de voix à faire pâlir Chuck Billy et une présence scénique certaine, la belle n’a aucun mal à rallier à sa cause un public aux anges, notamment sur » Too drunk to fuck « , la reprise des DEAD KENNEDYS en rappel, à laquelle se joindra Onkel Tom, qui fait parti des meubles, ici, au Wacken.
Malgré des conditions météo toujours aussi déprimantes pour un sudiste comme moi, je tiens le coup et parviens à enchaîner les prestations de MARDUK sur la Black Stage, et de FINNTROLL sur la Party Stage. A l’image de DARK FUNERAL en 2003, dont la prestation en pleine après midi de canicule avait eu du mal à captiver le métalleux moyen, celle de MARDUK, toujours en plein jour et sous la pluie, est aussi peu enthousiasmante. Malgré une volonté évidente d’en découdre de la part du groupe, avec un Mortuus très déterminé au chant et une set list en béton, des brûlots tels que » Bleached bones » ou » Sulphur souls » ne parviendront pas à convaincre les moins téméraires (et ils étaient nombreux), de braver les éléments pour rejoindre la fosse ! Dommage, car quasiment au même moment, le Black Folk de FINNTROLL faisait un carton sur la petite Party Stage, bourrée (au sens propre et au sens figuré, d’ailleurs !) à craquer de fans survoltés.
Le jour commence à tomber lorsque un décor de glace, qui rappelle fortement la tournée » Seventh tour … » d’un certain IRON MAIDEN, est dressé sur la True Metal Stage. Le public se masse en nombre sur un sol détrempé et boueux à souhait pour accueillir les pourfendeurs des infidèles, les gardiens du temple, les guerriers du Metal dans leurs habits de lumière, … HAMMERFALL !! Malgré des tenues et des poses très » limites « , et même si je suis loin de vénérer ce groupe et sa musique, je dois bien admettre que ce soir, les suédois ont sacrément cartonné. Armés d’un show très au point et très bien mis en scène, les cinq guerriers vont livrer au public un set dantesque composé de leurs titres les plus fameux. » Hammerfall « , » Fury of the wild « , » Blood bounded « , » Heading for the call » sont autant d’hymnes menées de main de maître par un Joacim Cans, très en voix qui rallie à sa cause, un public conquis.
Si la prestation d’HAMMERFALL deux mois plus tôt au » Gods of Metal Festival de Bologne, ne m’avait pas passionnée, (le groupe jouait à 13 heures, par 40° à l’ombre !), celle de ce soir m’a convaincu de me replonger dans sa discographie, ne serait-ce que pour me refaire les » Templars of Steel » et » Heart of Fire « , qui concluent de superbe manière le set de ce soir.
La nuit tombe alors sur Wacken lorsque la Black Stage disparaît derrière d’épais et imposants fumigènes bleus et rouges, se mêlant en masses violettes et sombres peu rassurantes. Une intro pour le moins flippante monte depuis la sono et l’ambiance ainsi créée vous file le frisson. Une immense clameur parcourt tout le site, plein à craquer, lorsque sur les accords de » Enemy of God « , KREATOR apparaît sur scène. Le groupe allemand est une véritable institution dans son pays, et sa longévité tout comme sa musique en ont fait un des groupes de thrash parmi les plus respectés. Mené par un Mille Petrozza impérial, le groupe va nous livrer ce soir un set comme il en a le secret, carré, brutal et surpuissant. » Impossible brutality « , » Pleasure to kill « , » Phobia « , » Extreme aggression « , tous les hits du groupe sont présents et font un carton. Comme en juin dernier au Fury Fest du Mans, le trash de KREATOR fait un carton et ce, devant 50 000 métalleux ravis du spectacle. » Betrayer « , » Flag of hate « , et » Tormentor » finissent d’achever les plus resistants et KREATOR fait à nouveau la démonstration de son impressionnante maîtrise de la scène. Dément ! Un de mes meilleurs souvenirs du Wacken 2005 !
Arrive enfin le gros morceau de l’affiche de cette édition 2005 : ACCEPT. Le groupe allemand, reformé pour une tournée estivale qui sera passée par les plus grands festivals européens, ainsi que le Japon, fait escale à WACKEN pour une des dates majeures, sinon LA date phare de ce » reunion tour « . Entrés sur scène sur » Starlight « , et menés par un Udo Dirkshneider sur lequel le temps ne semble pas avoir de prise, les teutons vont nous gratifier d’un set intense de près de deux heures. N’en déplaise aux grincheux qui n’ont vu dans cette reformation ponctuelle qu’une opération financière, ACCEPT tient encore méchamment la route et l’immense réservoir de hits que possède le groupe à de quoi faire pâlir bon nombre de » suiveurs « .
Comment décrire la sensation qui m’envahit à l’écoute de brûlots tels que » Restless and wild « , » Love child « , ou » Fast as a shark « , comment exprimer ce frisson qui me parcourt l’échine sur » I’m a rebel « , » London leatherboys » ou encore » TV war » ? Impossible, car cela n’a rien de raisonnable et l’esprit n’a aucune prise sur les émotions que vont révéler ces joyaux de Heavy Metal aux fans présents.
C’est un pur bonheur de replonger vingt ans en arrière au rythme de » Up to the limit « , de s’arracher les cordes vocales sur » Princess of the dawn » et d’acclamer les deux dernières bombes lachées par ACCEPT dans la nuit allemande, » Metal Heart » et le fabuleux » Ball to the wall « , au refrain repris en écho par les 50 000 métalleux communiant ensemble ! Géant ! Le grand frisson !
Tout comme TWISTED SISTER en 2003, DIO et SAXON en 2004, ACCEPT aura marqué de son empreinte cette édition 2005 du WACKEN, mettant tout le monde d’accord et rassemblant les fans de tous bords, death, black, coreux, métalleux, pour célébrer l’unité de notre musique adorée. Génial !
Comme si tout cela avait été calculé, à peine le groupe a-t-il fait ses adieux qu’une averse de l’enfer s’abat sur le site. C’est le ciel qui nous tombe littéralement sur la tête alors que SENTENCED monte sur scène pour un de ses derniers concerts d’adieu. Le groupe a en effet décidé de mettre un terme à sa carrière, et cette tournée est la dernière. Alors, quoi de mieux que la pluie pour accompagner dans la nuit noire, le groupe le plus dépressif et suicidaire de la planète Métal dans sa tombe ?!
Les titres s’enchaînent, joués à la perfection par un groupe qui paraît réellement libéré de savoir sa fin proche tandis que de nombreux fans ont la gorge serrée. » Excuse me while I kill myself « , » Nepenthe « , » Sun won’t shine « , » Ever frost « , » Vengeance is mine » sont superbes et lorsque SENTENCED quitte la scène sur « Cross my heart … », et le bien nommé » End of the road « , j’ai du mal à dire si c’est le set des finlandais qui m’a plombé le moral, ou la perspective d’avoir encore un an à attendre avant de revivre une nouvelle édition du WACKEN OPEN AIR. Car c’est certain, qu’il tombe le feu de l’enfer comme en 2003 ou 2004, ou la mer et les poissons comme en 2005, l’atmosphère de ce festival est vraiment unique et reste l’expérience à vivre dans une vie de métalleux.
Pour me remettre, je rejoins mes potes Fabien et Guillaume, pour une dernière communion avec des fans israéliens, allemands et espagnols, à grands coups de bières bien frappées et ouvertes à coups de tournevis ( !). Un grand moment ! Vivement l’édition 2006.
YvesZ.