Live reports

HELLFEST 2024 – Clisson, France – 27 au 30 juin 2024

HELLFEST 2024

27 au 30 juin 2024, Clisson, France

HF2024

C’est parti pour la 17ème édition (18 si l’on compte le double week-end de 2022) du HELLFEST ! Une édition dont la programmation convoque une fois de plus les superlatifs immanquablement associés à ce festival !

Que ce soit dans la ville de Clisson, aux abords du site ou dans l’enceinte même du festival, tout est pensé pour assurer le meilleur confort aux festivaliers, et l’expérience acquise au fil des ans est mise à profit pour faire du HELLFEST une expérience inoubliable.

Alors il y a bien les grincheux, ceux qui n’ont pas pu trouver de billets, ceux qui trouvent qu’il fait trop chaud, que la pluie ça mouille et qu’il y a trop de monde, trop de Metalcore, qui déplorent la disparition des vestes à patches mais qui n’ont jamais osé en porter parce que « ça fait fuir les filles ! », qu’il y a trop de queue pour les sanitaires mais qui continuent d’écluser des litres d’une bière terriblement diurétique, qui déplorent qu’on ne serve plus que des pintes au détriment des demi mais qui ne commandent que des pichets … et ceux qui sont sans pitié sur la programmation très « Rock-en-Seine » du Dimanche mais qui se sont fondus dans la masse compacte de la fosse pour profiter en secret du fabuleux show des FOO FIGHTERS en clôture de 4 jours de folie !

Et puis il y a les autres, tous les autres. Les furieux du Wall-of-Death, les exaltés du crowd-surfing, les lève-tôt qui s’accrochent aux barrières des Main Stages et de la Valley dès 10h30, les diplômés du running-order qui bossent à mort la discographie de chaque groupe pour être incollables sur le moindre refrain, les accros du vinyle qui vendraient un rein contre un double album bootleg de la tournée « « Justice … » de METALLICA déniché au fin fonds du Metal Market, …

Elle est là, la masse bruyante et braillante, la horde métallique qui déferle en ce mercredi 26 juin dans les ruelles pittoresques de la Venise du Pays nantais avec comme point de mire, le check-in du Hellfest pour se faire remettre le précieux pass, ce sésame tant convoité et toujours plus difficile à obtenir au fil des ans tant la demande est forte !

Jeudi 27 juin :

La nouvelle formule lancée en 2022 sur 4 jours devient désormais la norme, et c’est donc en ce jeudi ensoleillé que les portes de l’Enfer voient d’engouffrer des hordes de fans avides de riffs sous le regard bienveillant d’un Lemmy statufié et encadré par la Valley Stage et la Warzone.

Et ça démarre très fort en ce milieu d’après-midi avec sur la Main Stage 1, l’entrée en scène d’ASINHELL, le super-groupe germano-danois qui regroupe l’ex-HATESPHERE et BLOOD EAGLE Morten Toft Hansen à la batterie, Marc Grewe, le chanteur entre autres de DESPAIR, INSIDIOUS DISEASE et ex-MORGOTH au micro, et le boss de VOLBEAT Michael Poulsen à la six-cordes.

Responsable d’un ‘Impii Hora’sorti en 2023 qui suinte bon le retro-Death Metal des ENTOMBED, DEATH et autres AUTOPSY, ASINHELL qui se présente en live sous forme de quintet va convoquer les Dieux du Metal de la Mort et asséner un premier coup de marteau au public massé par milliers dans l’herbe encore fraiche.

449585650_986615916806584_3192331190034167668_n

Il n’en faudra pas d’avantage à BLEED FROM WITHIN pour reprendre le flambeau quarante minutes plus tard sur la Main Stage 2 avec son Metalcore Thrashy. Les écossais, dont l’album « Shrine » sorti en 2022 m’avait bien dévissé le cou sont aux premières loges pour admirer les circle-pits qui éclosent dans la fosse et les garçons semblent apprécier le spectacle tandis que chacun de leurs titres est un nouvel assaut sonore qui fait mouche dans le public.

Gros carton, et alors que je rêverais d’avoir le pouvoir de me dédoubler pour rejoindre IMMOLATION sous la ALTAR Stage, SLAUGHTER TO PREVAIL me prend à la gorge et me cloue sur place. Il est tout juste 18h00 quand le combo russo-britannique et son musculeux chanteur Alex Terrible investissent la Main Stage 1 et ponctuent leur set par le plus grand Wall of Death de l’histoire, validé par le Guinness Book !

C’est violent, c’est ce qu’on aime et cette entame de festival nous promet le meilleur. Juste un saut du côté de la Valley Stage où le Heavy-Doom de KHEMMIS passe tout en douceur, et retour devant la Main Stage 2 où d’autres psychopathes du riff font leur entrée sur scène. Précédés d’une grosse réputation, jouant à fond la carte de l’Horror Movie mis en musique, les américains d’ICE NINE KILLS n’en finissent pas de tourner inlassablement aux Etats Unis, et s’attaquent depuis les sorties de « Silver Scream » et « Welcome to horrowood » au vieux continent.

Tour à tour guest-stars de METALLICA dans des stades archicombles ou healiners en clubs, les bostoniens font preuve d’une maitrise totale de leur art, assurant non seulement un jeu sans faille et une mise en scène chargée en couteaux, haches et flots d’hémoglobine, le tout orchestré par un Spencer Charnas totalement habité ! Baptisée « the Meat and Greet Tour », la virée européenne d’ICE NINE KILLS annonce la couleur : Rouge sang ! Et chacun dans le public de se laisser lacérer par « The shower scene », « Funeral derangements » et autres « The American Nightmare ». Imparable, et à revoir au plus vite en salle !

INK2

crédit photo Kikevist Thierry

Pas le temps de regarder passer les hirondelles, la première grosse sensation de la journée est annoncée sur la Main Stage 1. KERRY KING est dans la place ! Alors SLAYER avait tiré sa révérence en 2019 en livrant à Clisson une prestation monstrueuse de violence et de fureur, laissant au passage ses fans à la fois comblés et amers de voir partir ses idoles en pleine gloire, voilà que son emblématique guitariste reprend du service sous son propre nom.

Et le bonhomme n’est pas venu seul. Entouré de quelques-uns des musiciens les plus endurcis de la scène Thrash américaine et responsable d’un « From Hell I Rise » qui a fait fondre nos platines en mai dernier, Kerry va vite mettre tout le monde d’accord sur qui est le boss ! « Where I reign », « Idle Hands », « Toxic », … les uppercuts au foie s’enchainent et chaque titre nous envoie au tapis. C’est précis, c’est rageur, ça rappelle méchamment SLAYER, ça fait passer la pilule des adieux du plus grand groupe de Thrash de l’Univers et au-dessus de tout ça, il y a Mark Osegueda, le chanteur des immenses DEATH ANGEL qui magnifie l’ensemble et apporte une couleur particulière et novatrice aux riffs du père King ! Et puis il y a l’ex-MACHINE HEAD Phil Demmel à la deuxième guitare, il y a l’incontournable Paul Bostaph à la batterie et Kyle Sanders (ex-HELLYEAH) à la basse, et tout ça réuni finit le set par un tryptique « Raining Blood / Black Magic / From Hell I Rise » atomique qui nous laisse sur les rotules.

kerry HF1

Arrêt au stand pour une bière en jetant une oreille et un œil curieux aux japonaises de BABYMETAL qui font un carton tandis que certaines vestes en perdent leurs patches ! Conflit de générations ou nouvelle vague, voilà un groupe qui ne laisse pas indifférent et, à l’image d’un MACHINE GUN KELLY en 2023, nous laisse songeur sur les stars de demain. Et tout ça au son de « Ratatata », « Karate » et « Gimme Chocolate !!! » !

Laissons ce débat de côté, l’heure tourne et une sensation monte sur les planches de la Temple. SYLVAINE, cette artiste américaine installée à Paris et déjà responsable de quatre albums brillantissimes de Black / Dark Metal ne fait qu’une bouchée des premiers rangs et c’est toute la structure de cette scène couverte qui va trembler sur ses fondations sous les coups des meilleurs passages de « Nova », le dernier album en date de Kathrine Shepard (Alias Sylvaine).

Et on ne traine pas, car la Main Stage 1 accueille un des combos qui doit disposer d’un abonnement annuel au Hellfest, MEGADETH ! Le gang de Dave Mustaine n’en finit pas, année après année de fouler la terre clissonnaise et qui s’en plaindra ? Puissent les Dieux des musiques sombres faire que MEGADETH soit encore là dans cent ans, qu’il nous ravisse encore et encore de ses « A tout le Monde », « Skin O’My Teeth », « Holy Wars » et de « Peace Sells But Who’s Buying » et sa ligne de basse magique, que Dave Mustaine soit frappé d’éternité et qu’on soit encore là nous aussi, pour voir ça !

Bon sang que c’est bon de se délecter une fois encore des riffs malsains de notre rouquin préféré, de sa gouaille et de son attitude goguenarde ! Et la suite, allez-vous me demander ? Et bien elle se déroule sur la Main Stage 2 où les LANDMVRKS vont crânement défendre le Metal tricolore alors que l’horloge affiche 22h25. Une heure de Metalcore punk et groovy plus tard, c’est un public conquis qui fait une ovation au combo marseillais, tout à la fête sur la grande scène et qui me donne l’envie de me balancer l’album « Lost In The Waves » à fond dans les oreilles dès mon retour au bercail !

DAVE MUST HF

Mais en attendant, un saut rapide devant la Temple où les norvégiens de SHINING font rimer comme personne Jazz et Black Metal, avant de rallier la Valley pour ce qui sera pour ma part, un des grands kiffs de la journée. ALL THEM WITCHES est de retour à Clisson et en headliner d’une des scènes pour cette première journée. Le mélange Rock Psychédélique / Stoner / Desert Rock créé par le combo de Nashville n’a pas son pareil pour vous envoyer planer dans la stratosphère, et mon voisin aura pris soin de magnifier son trip en étant passé auparavant chez un herboriste local !

Une heure de pur bonheur, de fuzz, de wah-wah, de rythmiques saccadées, de mélodies faussement lancinantes créant une bulle temporelle transportant le spectateur dans une dimension parallèle et unique.

Reprenant mes esprits, je file sur la Warzone voisine pour me finir avec les anglais d’ENTER SHIKARI dont l’Electro-New-wave va me porter jusqu’au bout de cette première journée de haute intensité !

Vendredi 28 juin :

Journée marathon en perspective ! Si sur certaines éditions, et comme c’est régulièrement le cas en festival, on retrouve au fil des ans des groupes qui viennent, reviennent, et reviennent encore, créant une sorte de routine et une baisse d’excitation, il faut bien reconnaitre que cette année le running-order fait la part belle à des nouveautés, s’ouvre à des styles de plus en plus variés qui imposent une condition physique au top, tant la navigation entre les six différentes scènes est intense.

SAINT A HF

Et c’est le cas en ce vendredi avec dès 10h30, le lancement de la journée par la révélation anglaise du moment, SAINT AGNES et son Heavy-Rock punkisant, mené par Kitty A. Austen et ses lignes de chant désarticulées ! Sur la scène voisine, 7 WEEKS ne fait pas dans la dentelle et son rock « Made in Limoges » se charge de réveiller le quartier tandis que je file vers la Warzone où SMASH HIT COMBO s’apprête à nous secouer les cellules avec son Djent Harcore Electro imparable. A l’image des marseillais de LANDMVRKS la veille, les alsaciens vont à leur tour démontrer la qualité du Métal hexagonal devant un public conquis, et la suite n’est pas moins intense sur la Man stage 2 avec le set des anglais de WARGASM et leur Electro-Punk-Indus mené par le duo frappadingue formé de Milkie Way et Sam Matlock.

Coté Altar Stage, ça bourrine grave avec ACACIA STRAIN dont je parviens à capter la fin du set, juste le temps d’un arrêt au stand avant le set de WHILE SHE SLEEPS sur la Main Stage 2. Les anglais, responsables ces derniers mois de l’album « Self Hell » donnent tout et les garçons ont les crocs.

Décidément, le Metalcore se porte bien dans la Perfide Albion qui exporte à merveille les ambassadeurs du genre que sont ARCHITECTS, BRING ME THE HORIZON ou encore ces cinq garçons venus de Sheffield et qui album après album, agrègent autour d’eux une fan-base totalement dédiée à WHILE SHE SLEEPS.

Sur la Valley Stage, les italiens de BLACK RAINBOWS déroulent leur stoner-rock méditerranéen devant un public de connaisseurs tandis que le prog’ rock des australiens de KARNIVOOL nous rafraichit les neurones sur la Main Stage 1.

Et la course reprend. LOFOFORA lance son set sur la Main Stage 2 et le contexte politique national va servir de fil rouge à une prestation tout en messages, femen et autres slogans rageurs.

… Et pendant ce temps, la musique des poitevins de KLONE fait merveille sous une ALTAR pleine comme un œuf.

Faire le Hellfest à fond, c’est faire des choix. Et faire des choix, c’est se bouffer les doigts tant le programme te demande de sacrifier certains shows pour en déguster d’autres, jeter une oreille à un groupe pour finir le set d’un autre, et tu cours, tu cours, tu cours … jusqu’à la Main Stage 1 pour ne rien louper du show de FEAR FACTORY.

Il est 16h40 quand les californiens, responsables au tout début des 90’s d’un « Soul of a new machine » précurseur montent sur scène. Et c’est un vrai plaisir de retrouver un Dino Cazarès en forme, après toutes les péripéties vécues par son groupe au fil de son histoire, et de l’instabilité chronique de son line-up. Il faut suivre, et chaque tournée réserve sa part de mystère sur l’identité des membres du groupe.

FF 4

Bref, le résultat du jour est un combo qui affiche une cohésion parfaite, au service d’un Metal Industriel de premier ordre et dont la masse imposante écrase tout sur son passage. « Edgecrusher », « Disruptor », « Linchpin », Replica », le pilonnage est intensif et les fans ont retrouvé le FEAR FACTORY de la grande époque emmené au chant par un Milo Silvestro très inspiré !

On se remet d’aplomb sur la Valley Stage avec les grecs de PLANET OF ZEUS et leur stoner-rock de belle facture, avant que POLYPHIA, une des sensations du moment, nous caresse les tympans avec son djent instrumental et délicat sur la Main Stage 1.

La journée s’étire et il est tout juste 19h30 lorsque STEEL PANTHER déboule sur la Main Stage 2, là où nous les avions laissés lors de leur dernier passage au Hellfest en 2022. « Les meilleures blagues sont les plus courtes » dit le proverbe … Et bien STEEL PANTHER le fait mentir, tant les quatre garnements font désormais partie du paysage et proposent un Heavy-Rock certes volontairement bourré de clichés mais avec un niveau de jeu « over the top » ! Mentions spéciales à Satchel, dont le jeu « van-halenien » est magistral et à Michael Starr, dont les pitreries n’ont d’égal que son talent de frontman et de chanteur ! Pas de commentaire sur le « Wall-of-Nichons » traditionnel et l’envahissement de la scène par plus d’une centaine de groupies, les images que vous trouverez sur le web résument à elles seules ce qu’est un set de STEEL PANTHER.

Le groupe qui s’annonce sur la Main Stage 1 nous appelle à plus de tenue. Monsieur Tom MORELLO, le guitariste de RAGE AGAINST THE MACHINE, AUDIOSLAVE ou encore PROPHETS OF RAGE monte sur scène avec son propre groupe pour un set alternant compos personnelles et covers magistrales de ses groupes précédents, de Springsteen, Lennon et un magistral « Kick out the Jams » des MC5. Canon !

Arrive alors un des gros morceaux de la soirée. SHAKA PONK et son Electro-Rock- Funky-Rap-Indus’ déboule sur la Main Stage 2 et fait d’entrée un malheur. Les français, qui ont annoncé tirer leur révérence à la fin de la tournée actuelle sont visiblement gonflés à bloc par l’évènement, et ont mis les gros moyens pour que cette soirée soit une fête. Scène entièrement investie par un décor en forme de salon déglingué, choriste tout en robes et toges blanches en formation « gospel », musiciens survitaminés et en maitre et maitresse de cérémonie, Frah et Sam qui pendant plus d’une heure vont atomiser la fosse.

Titres explosifs, son monstrueux, une énergie sur scène et dans le public comme on en a rarement vu pour un combo hexagonal dans l’histoire du HELLFEST, tout est réuni pour rendre l’instant historique ! La fosse en fusion grouille tel une immense nappe de vers, accueille à plusieurs reprises un Frah déchainé nageant sur cette mer improbable et qui finit jucher sur une minuscule plateforme en plein centre de la fosse pour lancer un circle-pit d’anthologie tout autour de lui ! Restée sur scène, Sam aura bien du mal à retenir son émotion, tant le moment est intense ! Une dinguerie !

Concert de Shaka Ponk au Hellfest 2024 à la mainstage 2.

Concert de Shaka Ponk au Hellfest 2024 à la mainstage 2.

Il faudra toute la classe, l’expérience et la rage d’un MACHINE HEAD en grande forme pour maintenir la pression sur la scène voisine, durant l’heure et demi qui va suivre.

« Imperium », « Is there anybody out there », « Locust », « Darkness within », ça tape fort et Rob Flynn est juste monstrueux de maitrise technique, autant à la six cordes qu’au chant et chacune de ses interventions resserre son étreinte sur un public qui n’en demandait pas tant. C’est violent, ça suinte la rage, la fureur et les flammes, et les final « Halo / Davidian » sur lequel des dizaines de cubes gonflables griffés du logo du gang californien s’abattent sur la fosse terminent le travail de sape engagé dès les premiers accords. Un show dantesque !

Après un tel déferlement de violence, impossible de rentrer sans un dernier assaut sonore et les poètes d’ANAAL NATHRAKH m’envoient au tapis sur la Temple ! Fin de partie pour cette deuxième journée.

MH HF

Samedi 29 juin :

Troisième jour de festival et les organismes sont mis à rude épreuve. Manger, dormir, courir, sauter partout, et ça démarre fort pour le traditionnel Samedi dédié en grande partie au Heavy pur jus sur les Main Stages.

CRYSTAL VIPER, SUMERLANDS, ETERNAL CHAMPION, les riffs Heavy s’enchainent sur la Main Stage 2, tandis que les BLOCKHEADS e KRONOS s’intercalent entre chaque set, sur la Altar.

Programme complet donc pour lancer la journée, et c’est avec plaisir qu’on retrouve nos joyeux ANVIL sur la Main Stage 1, alors qu’il n’est que 13h30. Le buzz autour du film-documentaire réalisé par le groupe et qui leur avait valu de se placer tout en haut de l’affiche en 2010 est depuis bien retombé et malgré ce, Lips et ses deux compères ne lâchent toujours rien. Malgré les galères, les plans foireux et un succès qui leur a toujours filé entre les doigts. Et c’est avec un petit pincement au cœur qu’on accueille les canadiens qui, en live, mettent vraiment tout leur cœur dans leur prestation. »March of the crabs », « 666 », « Badass Rock’n Roll », le public répond présent et les tremblements qui agitent la main gauche de Lips même lorsqu’elle est verrouillée au manche ne sont pas rassurantes quant à la santé du vétéran. Un dernier et classique « Metal on Metal » et on file direction la Valley Stage ou le trio belge BRUTUS monte sur les planches devant un public compact qui blinde la fosse.

Ça joue, ça joue bien, ça joue fort et le trio de Liévin emmené par la batteuse-chanteuse Stefanie Mannaerts fait un carton, tant le post-hardcore de « Liar », « Miles Away » et autres « Victoria » passe merveilleusement le cap du live. Le groupe nous avait régalé lors de son premier passage sur la Warzone il y a quelques années, nous voilà définitivement conquis.

Il est 16h50 et j’ai rallié en quatrième vitesse les Main Stages pour ne plus quitter ma position jusqu’à la fin de la journée. Visez un peu l’enchainement : MAMMOTH WVH, Yngwie MALMSTEEN, EXTREME, ACCEPT, MASS HYSTERIA, Bruce DICKINSON, METALLICA et SAXON. Le tout à la suite sur les deux scènes principales et ce jusqu’à 02 heures du mat’ ! Le bonheur … sous un ciel de plus en plus menaçant.

Mais ça tient encore coté météo et on profite de la prestation de Wolfgang Van Halen et son MAMMOTH tout en rock moderne et parsemée de plans de grattes qui nous rappellent que le fils du grand Eddie a été à bonne école et se révèle un très grand instrumentiste doublé d’un encore plus grand compositeur. Superbe !

Côté Main Stage 2, ça dégouline de gammes mineures harmoniques, d’arpèges et de délires néo-classiques. Yngwie MALMSTEEN est sur scène et la présence du grand suédois aux stratocasters scaloppées est suffisamment inédite pour qu’on n’en manque pas une double croche. Ça joue à toute vitesse, ça fait tourner sa Fender, ça balance du médiator dans tous les coins, les plans de sweeping et les descentes de manche s’enchainent, s’intercalent dans tous les titres, le chanteur est relégué derrière son synthé et le maitre est finalement seul en scène et étale son talent devant un public qui n’en croit pas ses yeux. C’est too-much, ça déborde de partout, c’est arrogant, et c’est comme ça qu’on aime le guitar-hero qui se pavane en Ferrari et Rolex de foire dans ses photo-sessions !

YJM

… jusqu’à ce qu’EXTREME reprenne la main sur la Main Stage 1 et que Nuno BETTENCOURT ne mette tout le monde d’accord, tant sa classe, son jeu d’une richesse et d’une précision incomparable et les titres dont il est responsable vont éclabousser un public en pamoison devant une telle élégance. Il se la joue certes un petit-peu-beaucoup, le bostonien, mais comment lui en vouloir quand il offre avec son groupe un spectacle d’un tel niveau. Avec un set axé principalement sur le merveilleux « Pornograffiti », le groupe va durant une heure faire étalage de son immense talent. Comme si le temps n’avait pas de prise sur lui, il nous fait basculer au début des 90’s, à l’époque où des titres comme « Get the Fuck Out », « It’s a Monster » et l’imparable balade « More than words » tournaient en heavy-rotation sur MTV.

nuno hf

ET que dire de ce moment où, feignant un problème de son sur sa washburn N4, Nuno dégaine de derrière les amplis un autre modèle, à la déco « Bumblebee stripped » noire et jaune pour un vol du bourdon monstrueux de technique et de précision ! Le fils spirituel de Van Halen a encore frappé et le coup est mortel !

Après une telle bourrasque, le show d’ACCEPT sur la Main Stage 2 semble bien fade. Avec un groupe n’exploitant que la largeur du kit-batterie et délaissant du même coup près de la moitié de la scène alors que le groupe compte 3 guitaristes, un bassiste et un chanteur, il y a de quoi se dire que les vétérans allemands jouent « petit bras ». Si on rajoute à cela un Joel Hoekstra qui semble perdu et à 1000 lieux du poseur invétéré qu’il est dans WHITESNAKE et une chorégraphie lourdingue en diable, on obtient un set sans saveur tout juste pimenté par un « Balls to the wall » bienvenu en fin de setlist.

Tout l’inverse pour MASS HYSTERIA sur la Main Stage 1. A l’image de SHAKA PONK la veille, Mouss et ses potes qui foulent les planches du HELLFEST pour la quatrième fois de son histoire comptent bien se délecter du moment et annoncent d’entrée la couleur. « Positif à bloc » est le maitre mot de la soirée, et les garçons exploitant chaque mètre carré de la scène et du snake-pit, avec cette plateforme circulaire qui s’avance profondément dans la fosse. Le public est au taquet, les circle-pits répondent aux mouvements de foule, les crowd-surfers se déversent dans la fosse aux photographes et sur scène, le groupe donne tout. « Nerf de bœuf », « L’enfer des dieux », « Tenace », MASS HYSTERIA pioche dans son confortable répertoire et chaque titre fait mouche. Les tirades politiques de rigueur en cette période se noient dans le message de joie et de positivité typique du groupe pour un final dantesque sur « Contradiction » et un jump plus tard, retour sur la Main Stage 2 !

Il est 21h40 et Bruce DICKINSON déboule avec son groupe solo. Responsable d’un superbe « Mandrake Project «, le plus grand chanteur de Metal du plus grand groupe de Metal de l’Univers se présente devant nous et va, durant l’heure qui lui est impartie, livrer un show tout juste magique. Sous une pluie fine qui par moment va tomber dru, Bruce et sa team vont nous faire tout oublier. Les emmerdes du quotidien, le climat général bien anxiogène ou le fait de savoir si on a bien fait de le choisir plutôt que d’aller voir MR BUNGLE sur la Valley ! Brillant de bout en bout, très en voix, le chanteur fait étalage de sa maitrise vocale et pioche dans sa discographie en solo. Le public a les yeux qui piquent et Bruce nous embarque dans son univers, avec ses mélodies uniques, « Accident of Birth », « Laughing in the hiding bush », « Afterglow in Ragnarok » … on oublie la pluie, on oublie tout et on se laisse transporter par la grandeur du moment ! Une heure qui passe comme une balle, avant le grand moment de la soirée.

BRUCE X2

Les Four Horsemen sont dans la place et METALLICA est attendu sur la Main Stage 1. Plus un centimètre carré de libre dans la fosse. Le snakepit est plein comme un œuf et « The ecstasy of gold » est lancé dans la sono. Grosse clameur dans le public et le set est lancé. « Creeping Death », « For whom the bell tolls », « Hit the light », le trio de titres issu de « Ride the lightning » fait l’effet d’un uppercut dans les dents. « Enter Sandman », « 72 seasons », on s’embarque dans la discographie des Mets et déjà , voici Kirk et Rob qui s’avancent devant le pit pour le traditionnel moment où ils interprètent (massacrent ?) un tube du patrimoine du pays hôte. « L’aventurier » d’INDOCHINE a ainsi droit a un traitement … particulier … UN moment à prendre au second degré !

« The day that never comes », « Sad but true », « Orion », les titres s’enchainent sans pour autant faire décoller un public bien transi par la pluie qui s’est calmée et le froid qui s’installe.

En guise de final, le magnifique « One » fait passer la pilule des pains sur les passages en son clair de « Master of Puppets » et le verdict tombe. METALLICA a une fois de plus régalé ses fans et ravi ceux qui les voyaient pour la première fois, et ils étaient nombreux. Preuve d’un renouvellement du public, de son rajeunissement, et a permis au HELLFEST d’assoir encore sa notoriété dans le monde des festivals Metal, européens et mondiaux.

4 METS

Il est 01h00 du matin, et on n’a pas sommeil. Le public, bien qu’éreinté par une journée marathon en veut encore et fait un accueil magistral à un SAXON de haute tenue qui durant soixante minutes et une setlist en forme de best-of, va illuminer de sa classe le moment présent. Mention spéciale à un grand monsieur, Biff Byford, aux commandes de SAXON depuis près d’un demi-siècle et qui mérite autant sinon plus que certains le titre de légende vivante. Chapeau bas !

Dimanche 30 juin :

Quatrième et dernier jour de festival. Les organismes sont mis à rude épreuve mais on passe au-dessus du mal. Il est 10h30 quand nos compatriotes de DEFICIENCY lancent la journée sur la Altar Stage avec leur thrash mélodique, suivis par le gothic-doom des nantais de SANG FROID et du Thrash Death furibard d’un DESTINITY que nous sommes ravis de revoir à pareille fête. Le Métal français se porte bien et la programmation de ce début de journée met certains de ses représentants particulièrement en valeur.

Sur la main Stage 1, HIGH ON FIRE démarre son set plein gaz. Le trio, mené par un Matt Pike tout en tatouages et qu’on s’était habitué à accueillir sur la VALLEY Stage ne boude pas son plaisir de fouler la scène principale et le public afflue en masse pour se repaitre des riffs gras et sabbathiens du trio de Oackland.

Le soleil est revenu et a chassé la pluie de la veille. Ça tape fort sur les pavés autobloquants des Main Stages, ce qui ne décourage pas le public qui attend l’entrée en scène des NOVA TWINS. Le duo formé par Amy Love et Georgia South qui avait déjà fait sensation lors de l’édition 2019 revient en force et sa musique, sorte de Rap-Rock-Néo Punk ( !) percutant et hyper visuel ne laisse personne indifférent. Une fois de plus, certaines vestes en perdront leurs patches avant la fin du set, tant on est loin des programmations stritement « Metal » des premières éditions », mais le HELLFEST avance, grandit, et son développement épouse la mutation d’un public qui semble vraiment se foutre en masse des catégories.

nova each

nova twins

Et puis, disons-le clairement : A l’heure où le communautarisme social, religieux ou de genre nous pourrit la vie et provoque de partout le repli sur soi, voir des gens de toute origine communier ensemble sur le beat des deux londoniennes, ça fait du bien. Gros carton, donc pour NOVA TWINS, qui sera en haut de l’affiche dans quelques semaines d’un autre festival bien de chez nous, l’XTREME FEST !

Les groupes s’enchainent et l’après-midi se déroule pied au plancher.

Sur les Main Stages, BLUES PILLS nous met des étoiles bleues dans les yeux et l’ouragan Frank Carter and the Rattlesnakes met la fosse à genou.

Retour sur la Altar, pour ne rien louper du show de BLACK DAHLIA MURDER. Le combo du Michigan, responsable de quelques perles d’un Death Metal de premier choix revient sur le devant de la scène et semble plus fort que jamais. Fracassé par la disparition de son chanteur emblématique Trevor Strnad en 2022, le groupe mené par un Brandon Ellis au jeu de guitare lumineux a visiblement surmonté l’épreuve et est plus affamé que jamais. A revoir au plus vite en salle après la sortie de leur prochain album, « Servitude », annoncé pour septembre 2024.

Retour sur les Main Stages où Corey Taylor déroule son set. Le hurleur de SLIPKNOT et chanteur de STONE SOUR a débarqué cette année avec son propre groupe solo et un album, « CMF2 » qu’il a déjà bien rodé en live sur certains des plus gros festivals européens de ce mois de juin et son punk-rock solide fait mouche.

Arrive alors un des grands moments de la soirée. Il est presque 19h30 lorsque sur la Main Stage 1 débarquent les QUEENS OF THE STONE AGE, menés par un Josh Homme au regard légèrement vitreux et dont les verres de vin et d’alcool blanc posés dans son dos sur les amplis sont régulièrement remplis par un roadie et en disent long sur l’état du garçon. L’ex- KYUSS, qui a été avec ce groupe à l’origine d’un style, le desert-rock, qui ne cesse depuis de faire des petits qui peuplent chaque année la Valley Stage ne semble nullement perturbé par la marée humaine qui se dresse face à lui. « Regular John », « Little Sister », « Paper Machete », « My god is the sun », QOTSA égraine ses petites perles et le public en redemande. « Go with the Flow », « I sat by the Ocean », le groupe nous embarque dans sa riche discographie et je comprends pourquoi j’ai usé l’album « … like clockwork » sur ma platine lorsqu’il est sorti en 2013 !

QOTSA

La suite et la fin du set est à l’image de l’ensemble du show. Remarquable et hypnotique, avec un enchainement « No one knows / A song for the deaf » et il me faudra tout le concert de OFFSPRING sur la scène voisine pour me remettre des vibrations que m’auront donné les QOTSA ce soir.

HELLFEST 2024, suite et fin ! Il est 21h45 lorsque sur la Main Stage 1 s’annonce le groupe chargé de clôturer cette 17ème édition. Et quel groupe ! Les FOO FIGHTERS ! Le groupe de Dave Grohl, qui dans son histoire n’a fait que très peu d’apparitions dans l’hexagone à l’exception des multiples dates données à Paris a la lourde charge de boucler une cuvée 2024 qui aura tenue ses promesses.

Et disons-le tout de suite, Dave et ses potes ont assuré comme jamais, livrant une prestation d’un niveau monstrueux digne d’un groupe de cette dimension. « All my life », « No son of mine », « The pretender », « Walk », le set démarre pied au plancher et le public répond comme un seul homme à chaque sollicitation de l’ex-NIRVANA. Les FOO, qui n’ont pas été épargnés par le sort au cours de leur histoire sont ce soir bel et bien vivants et gonflés à bloc. Frappés par le décès du batteur historique Taylor Hawkins en 2022, causant une annulation de l’ensemble d’une tournée mondiale déjà percutée par la crise sanitaire de 2020 et 2021, les garçons ont visiblement à cœur de rassurer leur public sur leurs intentions et sur la bonne santé du groupe. Dave n’en finit pas d’haranguer les premiers rangs et chaque titre, pioché parmi les 11 albums du combo glissent sans effort dans nos conduits auditifs pour secouer l’ensemble de nos cellules.

dave foo

« Times like these », « White Limo », « Stacked Actors » dédié à Josh Homme, Breakout », « My Hero », le groupe joue avec classe et la communion avec le public est totale. « Alandria », « The Days », « Monkey Wrench », les perles succèdent aux perles et le final « Best of you / The Teacher / Everlong » ponctue à merveille un concert, une journée et un week-end de rêve, un Hellfest 2024 qui a encore haussé son niveau, s’est à nouveau adapté et poursuivi sa montée en puissance.

Il est minuit, une horde hirsute, fourbue mais heureuse reflue vers la sortie, le festival ferme ses portes et le retour en France dès le lendemain s’annonce rude.

On se revoit en 2025 !

YvesZ.

Share: