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Wacken Open Air 2007 – Wacken, Allemagne – Du 02 au 04 aout 2007

WACKEN OPEN AIR FESTIVAL 2007
du 02 au 04 Aôut 2007
Wacken (Allemagne)

Et voilà le grand cirque qui repart ! Wacken. S’il est bien un festival qui, à la seule évocation de son nom, fait immédiatement frémir le métalleux poilu, c’est bien celui organisé chaque année dans cette petite bourgade aux paysages bucoliques qu’est Wacken, coincée entre Hambourg, la mer du Nord et la frontière danoise. Lieu de pèlerinage obligé pour tout amateur de musique des enfers, objet de vénération, mythe vivant, chaque affiche devient, au fil des ans, encore plus attendue, encore plus dure, encore plus forte, et cette 18ème édition n’échappe pas à la règle.

Affiche, camping, public, bouffe, boisson, sanitaires, météo, groupes, tout semble ici être porté par la démesure et je dois bien avouer que j’aime ça. C’est avec cette promesse d’une semaine hors du temps que je prends place dans mon fidèle Kangoo Nuclear Blast pour rallier Paris depuis Béziers pour une première halte afin d’y récupérer trois illustres warriors de notre diabolique cause, Dieu, Le Gorg et Murder One, afin de tailler la route ensemble et se mettre en condition avant le grand jour.

Jeudi 02 août :
Il est cinq heures du matin et le jour s’est déjà levé sur le Schleswig – Holstein, la région de Hambourg, lorsque le panneau d’entrée dans le village de Wacken marque la fin de notre voyage aller. Nous sommes partis de Paris depuis la veille, 17 heures, et il me faut bien du courage pour lutter contre la fatigue. Mes trois acolytes dorment à point fermés et le  » Killing Peace  » d’ONSLAUGHT est le bienvenu pour m’assister sur les derniers kilomètres. Nous rejoignons enfin le bureau des accréditations, situé à l’entrée du village où se pressent déjà nombre de VIP pas très frais et déjà bien imbibés pour certains, alors que le local n’ouvre qu’à 8 heures. Un petit somme et une première bière en guise de petit déjeuner plus tard, les portes s’ouvrent et nous récupérons nos précieux sésames, le fameux backstage pass qui, vous le lirez plus loin, nous aura été, cette année, plus salvateur que jamais.

Le Gorg, malgré sa gouaille habitude, est un peu ronchon ce matin. Le camping du festival est plein à craquer et les tentes s’étendent à perte de vue. Le bougre se voit contraint d’accepter la position majoritaire au sein du Kangoo, à savoir de s’installer dans le camping VIP – presse. On aurait proposé au garçon d’aller à l’hôtel qu’il n’aurait pas été plus vexé ! Lui, le warrior ultime, qui affiche à son palmarès, les festivals les plus illustres de la planète Métal, qui ne craint aucun WC chimique, qui bannit les douches, qui se nourrit de choucroute en boite et de cassoulet froid, de saucisses allemandes et de harengs, le grand Gorg, … dans le camping VIP ! L’affaire est vite réglée et à peine installés, nous prenons vite la mesure de notre privilège. Le camping en question est placé sur le côté du site, à 500 mètres des scènes principales, juste après l’espace presse. Cela permet de rallier les premiers rangs en quelques minutes alors que les campings publics les plus reculés nécessitent un quart d’heure de marche et un passage infernal au portique de l’entrée principale. Soit un enfer terrible, lorsqu’on apprend que cette année, le festival affiche complet avec près de 70 000 visiteurs contre 40 000 il y a encore deux ans.

La montée en puissance du Wacken est bien réelle et nombreux sont les habitués qui regretterons, durant cette édition, cette mutation de l’évènement dont les proportions lui font perdre, au fil du temps son image de pionnier pour celle de grosse machine commerciale. Il est près de 16 heures lorsque les portes s’ouvrent enfin. Le ciel est légèrement voilé mais la pluie semble vouloir nous épargner cette année. Nous accédons au site parmi les premiers depuis l’espace presse tandis qu’une marée humaine impressionnante se déverse plus bas, depuis les portiques. Le Gorg comprend alors tout l’intérêt de notre emplacement stratégique. Le coffre du Kangoo abrite la réserve de bière et permet des ravitaillements réguliers en quelques minutes, le vigile contrôlant les accès de la presse ne refusant que les cannettes en verre et pas les gobelets, pleins ou vides.

Premiers constats, la disposition des scènes a changé. La Party Stage (baptisée le premier soir Hellfest Stage) a déménagé du champ principal vers un nouveau champ, plus à droite, afin de libérer plus d’espace sur le site principal. L’affiche offre de même dès ce premier jour, non seulement des groupes sur la scène principale mais également sur la Wet Stage, installée comme d’habitude au bas du site, et sur la Hellfest Stage. Dernière particularité, les deux scènes principales accolées ont interverti leurs noms, la Black Métal Stage étant passée à gauche, et la Main Stage à droite. Cap est mis sur la Black Stage après un passage au bar, pour l’entame des hostilités. Le public rallie le site en masse et on peut déjà noter la différence d’affluence par rapport aux années passées.

Le pit est blindé lorsque BLITZKRIEG apparaît sur scène, libérant le public d’un an d’attente. Le WOA 2007 est lancé et  » le groupe qui a influencé METALLICA  » (c’est pas moi qui le dit, c’est écrit sur les flyers du combo), n’a aucun mal à faire bouger ses fans. Mené par un Brian Ross très en voix, le groupe anglais fait la part belle en début de set aux titres de son récent  » Theater of the damned « , avant de lancer ses classiques, popularisés par James Hetfield et ses potes, et notamment le génial  » Am I evil « . Une très bonne mise en jambe. Sur la Wet Stage, le Metal Battle est lancé. Les groupes sélectionnés lors des tremplins organisés dans différents pays se préparent et ce sont les français de WARGASM qui sont chargés de défendre nos couleurs. Gonflés à bloc par l’enjeu, menés par un chanteur très charismatique et malgré un son moyen, le groupe se donne à fond devant un pit en ébullition, et ponctue son set par le très bon  » Manhunt  » et une cover d’enfer, le  » Night’s blood  » de DISSECTION. Retour devant la Black Stage, où un gros morceau est annoncé.

Il est 18 heures passées lorsque ROSE TATTOO investit la scène devant un parterre compact de fans ravis. Angry Anderson, dont le poids des ans et les coups durs n’ont pas altéré les convictions, mène les Tatts de main de maître et prend le public à la gorge pour ne pas le lâcher de tout le set. Les légendaires australiens, dont le récent  » Blood brothers  » rend hommage au guitariste Pete Wells et au bassiste Ian Rilen, tous deux disparus en 2006, font un carton et concluent leur show par un  » Nice boys don’t play Rock’n roll  » dantesque et repris en chœur par tout le public. A peine le temps de jeter un œil au Métal viking de TYR sur la Wet Stage que je dois rejoindre la Black Stage, d’où monte une clameur annonçant l’arrivée de SODOM.

Le trio, chef de file du Métal teuton des années 80 avec DESTRUCTION et KREATOR, évolue ici en terrain conquis, mené par un Tom Angelripper motivé comme jamais. A ses côtés, Bernemann à la basse et le cogneur Bobby Schottkowski complètent le tableau pour un set tonitruant, violent à souhait, faisant la part belle aux classiques du groupe. Il y a en effet 25 ans, le groupe voyait le jour à Gelsenkirshen et le show de ce soir est exceptionnel puisque Tom a invité tous les anciens membres à le rejoindre pour fêter l’évènement. Alors que la formation actuelle entâme le set par les récents  » Blood on your Lips », « Wanted Dead  » et  » City of God « , la machine à remonter le temps s’enclenche avec la montée sur scène de Grave Violator pour  » Blasphemer « , puis Franck Blackfire pour trois titres dont un furieux  » Proselytism realm « . A la batterie, Bobby assure la majorité du set alors qu’on se demande pourquoi Chris Witch-hunter ne fait pas parti de la fête, seulement relayé sur quelques titres par Atomic Steif aujourd’hui dans les rangs de HOLY MOSES.

La valse des guitaristes continue et c’est au tour de Michael Hoffmann puis Andi Brings de participer à cette visite en profondeur du patrimoine  » sodomesque « , au son des meilleurs titres de  » Persecution mania « , « Agent orange « , les deux moments forts de la carrière du groupe, et du trop sous-estimé  » Better off dead « . Le best-of live continue et le final prend forme autour du trio actuel avec  » Sodomy and Lust », « Ausgebombt « , « The Saw is the Law », « Outbreak of Evil » et un  » Bombenhagel  » qui voit chaque musicien revenir sur scène pour un final bien bordélique laissant une impression de show en demi teinte, plombé par des cassures de rythme dues aux incessants changements de musiciens.

Il est 21 h 30 et un dilemme atroce m’envahit. SAXON s’apprête à monter sur scène sur la Black Stage pour un show de deux heures trente marquant le point fort de cette  » Night to remember  » tandis que HATESPHERE puis OVERKILL sont programmés au même moment sur la Hellfest Stage. Après bien des hésitations, je décide de zapper Biff et ses potes, que j’ai vu ces dernières années un nombre incalculable de fois pour me concentrer sur les deux combos qui doivent clôturer l’affiche du jour sur la Hellfest Stage. Tant pis si cela constitue le pire des affronts pour les  » True « , je m’en fous et j’assume ! Je rallie donc la Party Stage où les danois d’HATESPHERE sont annoncés pour constater que les jeunes kids sont sacrément nombreux et renouvellent un public de vieux guerriers plus toujours très frais. Et dès les premiers accords, la folie s’installe.

Le pit explose et les crowd-surfers se multiplient au dessus d’une fosse compacte qui mange littéralement dans la main de Jacob Bredhal, le chanteur charismatique et surpuissant qui depuis, a malheureusement quitté le groupe. Axant son set sur les deux derniers albums en date,  » Serpent smiles …  » et  » Sickness within « , HATESPHERE confirme son statut de challenger officiel au titre de leader du Métalcore européen. A peine le temps de jeter un œil et une oreille au set de SAXON (quand même !), qui fait chavirer le public du WOA tant son histoire d’amour avec le festival allemand est longue et intense, que je reviens devant la « Hellfest Stage  » où OVERKILL est attendu. Le combo new-yorkais, qui se fait rare en Europe est déjà passé par Wacken, dont la prestation lors de l’édition 2005 sur la True Metal Stage reste pour moi un grand souvenir éthylique.

Mais le show de ce soir est encore plus fort. Il fait nuit, le groupe bénéficie d’une météo favorable et a prévu de filmer l’intégralité de son set pour un prochain DVD. L’affaire commence pourtant mal, le combo, avec son perfectionnisme typiquement américain démarrant son concert avec dix bonnes minutes de retard. Lorsqu’on connaît la rigueur allemande concernant les timings de chaque groupe, on se dit alors que le show des new-yorkais va sérieusement en pâtir. Tout ça est bien vite oublié lorsque enfin les cinq tueurs apparaissent sur scène et lancent un  » Rotten to the core  » pied au plancher.

La silhouette de Bobby, arc-bouté sur son pied de micro se découpe dans les fumigènes et DD Verni, charismatique en diable semble prêt à dévorer les premiers rangs. Le groupe a l’écume aux lèvres et chaque titre est accueilli par le public dans un chaos indescriptible.  » Elimination « ,  » Necroshine « ,  » Thanx for nothing « , les hits s’enchaînent et le bonheur est total.  » Skull and bones « ,  » In union we stand « , repris par tout le public,  » Walk through fire », l’intensité est à son comble et le trio final est apocalyptique.  » Wrecking crew « ,  » Old School  » et l’utime  » Fuck you  » sont d’une puissance inouïe et mon bonheur est immense de voir à quel point le Thrash old-school revient depuis quelques temps au goût du jour et surfe sur une vague  » revival  » absolument délicieuse. Il est minuit et les hostilités sur la Hellfest Stage et la Black Stage sont terminées pour ce soir.

La marée humaine reflue paisiblement vers la sortie, l’humidité tombe sur le site et je regagne le camping avant un dernier tour vers la Wet Stage, transformée en ballroom avec mes potes Gorg et MurderOne pour une dernière bière au son du traditionnel karaoké métal. Une bonne première journée s’achève !

Vendredi 03 août :
Le réveil est rude en ce deuxième jour. Tandis que soleil semble bien parti pour nous accompagner durant toute cette édition 2008, les essais de sono sur les scènes toutes proches font trembler les tentes du camping VIP. Je ne me plaindrai toutefois pas, car à peine me suis-je extirpé de mon fidèle Kangoo que je m’étale de manière bien primaire dans les vingt centimètres d’herbe fraîche bien grasse de la terre de Wacken, en savourant ce moment privilégié de glandouille totale tandis que les grognements tous proches du Gorg qui attaque une boîte de thon à la catalane me bercent doucement.

Pas le temps de traîner. Le programme de la journée est plus que chargé et il est à peine onze heures quand les riffs de SUIDAKRA sur la Black Stage se mêlent à ceux des furieux BLACK DALHIA MURDER qui viennent de lancer leur set sur la Party Stage. Le public est déjà nombreux à se presser dans le pit et une assiette de noodles plus tard, je suis moi aussi opérationnel. Alternant les deux shows, je me mets en position idéale pour le groupe à suivre sur la True Metal Stage, AMORPHIS. Les fans trépignent et les finlandais semblent très attendus, lorsqu’une fumée inquiétante, noire et épaisse monte de la droite de la scène.

Le site, détrempé par quinze jours de pluie incessante, a été aménagé par les organisateurs qui ont répandu devant les scènes principales, un volume impressionnant de copeaux de bois, et des quantités tout aussi énormes de paille sur le reste du site. C’est précisément un feu de paille, probablement dû à un mégot ou à un acte imbécile, qui commence à se propager à une vitesse folle. La foule qui s’est pressée dans un premier temps par curiosité, commence à refluer dans un mouvement heureusement calme tandis que les pompiers interviennent. Il faudra une bonne vingtaine de minute pour arrêter le sinistre, mais durant les deux jours suivants, les pompiers resteront en surveillance en arrosant régulièrement le site. Les images du premier jour du Hellfest me reviennent en mémoire à cet instant précis, lorsque je vois les musiciens d’AMORPHIS sur le côté de la scène, quelque peu désemparés, filmant les opérations, alors que le programme vient de subir un net retard.

Qu’à cela ne tienne, la Black Stage s’anime et NAPALM DEATH, qui devait prendre la suite a vu son set avancé pour l’occasion. Le combo anglais, fidèle à sa réputation, ne fait aucune concession et c’est un Barney plus possédé que jamais qui conduit la manœuvre. Mitch Harris et Shane Embury encadrent le chanteur et le grind-death dévastateur du groupe fait le reste. Le  » World domination tour  » sur lequel NAPALM DEATH est embarqué porte bien son nom et le pilonnage en règle des premiers rangs est magistral en ce début d’après midi. Tout est rentré dans l’ordre sur la True Metal Stage pour le set d’AMORPHIS, qui est lancé sans attendre afin de récupérer le temps perdu sur le running order. Les finnois comptent une fan-base impressionnante et le pit affiche quasiment complet. A l’image de SENTENCED lors de l’édition 2003, le show délivré par le combo est impeccable et évoque immanquablement cet autre grand groupe, hélas disparu. Tomi Joutsen, charismatique en diable conduit les débats et transporte le public de titre en titre. L’ex-combo de Death metal, reconverti au fil des ans, dans le Power Dark a réintégré dans ses rangs Jan Rechberger, son batteur originel et s’offre un plaisir non dissimulé devant un parterre de fans conquis.

Un grand moment se prépare alors sur la Black Stage, avec l’entrée en scène d’un des combos les plus cultes de la grande histoire du Métal et surtout du Thrash, POSSESSED. Pionniers du thrash métal, ces contemporains de METALLICA, SLAYER, EXODUS, TESTAMENT ou encore MEGADETH, ont participé au début des années 80, à l’éclosion et à l’avènement de ce mouvement, et ont largement contribué à la richesse de la scène de la fameuse Bay area. Reformés pour l’occasion autour de membres de SADISTIC INTENT et menés par un Jeff Beccerra cloué sur un fauteuil roulant après avoir pris une mauvaise balle lors d’une agression en 1989, le combo a retrouvé le son de ses premières productions, les fameux albums  » Seven churches  » et « Beyond the gates « , dont les meilleurs morceaux font frémir les vestes à patches. Si nombre de jeunes kids ont du mal à saisir l’intensité du moment, les anciens savourent l’instant et en redemandent. Malgré le son un peu chaotique, POSSESSED fait mouche et ravive la flamme du thrash old-school, qui n’en finit plus de reprendre de la vigueur ces derniers temps. Culte ! L’heure est venue de l’entrée en scène de THERION sur la True Metal Stage. N’étant pas un grand amateur du style des suédois, et vu leur comportement lors du Hellfest en juin dernier, je profite de leur set pour faire un tour au bar. Je mesure alors l’ampleur de l’évènement. Le portique d’entrée est submergé par une marée humaine sans rapport avec les précédentes éditions. La foule est partout, et on se demande comment le site pourra contenir les 70 000 fans annoncés par les organisateurs. S’en est même effrayant, lorsqu’on repense à l’incendie du début d’après midi. Sur scène, le show bât son plein et le public fait une ovation à THERION, qui tire sa révérence sous les acclamations.

Que ne regrette-je pas ce jour funeste de l’édition 2004, lorsque j’ai croisé entre le carré presse et le camping VIP, Chris Boltendhal. Ce jour là, tout s’est écroulé. Le chanteur de GRAVE DIGGER, celui-là même qui conduit le fier combo allemand, dont le Heavy Metal est  » true  » de chez  » true « , me croisait ce jour là et n’était affublé que d’un débardeur blanc, d’un caleçon de nuit gris et d’une paire de tongues, style  » les allemands en short ! « . Mon monde s’écroulait. Le fier warrior au perfecto couvert de clous ne serait en fait qu’un frêle métalleux à la peau laiteuse et aux cheveux gris frisottants … Gasp ! J’en perds tous les patches de ma veste ! Mais qu’importe, je me remobilise et rejoins les premiers rangs pour l’entrée en scène les preux guerriers teutons, dont le Heavy orthodoxe et sans concession me vrille le crâne. Il faut dire que les deux bières que je viens de m’enfiler avec deux potes anglais participent allègrement à l’exercice.

Dans la fosse, la folie gagne les fans, et on se dit forcément que le public allemand n’est pas comme les autres. Quel groupe ne rêverait-il pas de voir son public le porter comme les fans allemands soutiennent leur scène ! La ferveur vire à l’adoration chez certains et la communion est totale sur  » Heavy metal breakdown  » tandis qu’au loin, Gorg, retenu par une urgence dans un WC chimique, reprend le refrain en cœur ! Génial ! La journée se poursuit et tandis que TURBONEGRO puis J.B.O. font bouger le pit, je file vers l’imposant Metal Market avant de revenir au pas de course pour ne rien rater du prochain groupe qui est annoncé sur la Black Metal Stage, LACUNA COIL. La fosse est en effervescence, et l’entrée en scène des italiens se fait sous les acclamations d’un public conquis à l’avance. Mené par la belle Cristina Scabbia, le combo qui a sérieusement  » américanisé  » sa musique depuis sa percée sur le marché US ravit ses fans mais aura du mal, en cette fin d’après midi, à faire réellement décoller son set, malgré des  » Fragments of faith « ,  » Fragile « , et  » Heaven’s a lie  » convaincants, et une reprise du  » Enjoy the silence  » de DEPECHE MODE trop gentille mais tout de même agréable. Je regrette encore une fois que la majesté du chant féminin, atmosphérique, soit complètement dénaturé par un chant masculin annexe totalement superflu et pas du tout à la hauteur, comme c’est également le cas pour d’autres combos à chanteuse tels que EPICA ou encore AFTER FOREVER. Dommage …

Il est déjà 21 heures, et la suite se passe sur la True Metal Stage, où une des têtes d’affiche se prépare à monter sur scène. La fosse est archi-bondée, et BLIND GUARDIAN est attendu de pied ferme. Le combo allemand, qui joue à domicile, jouit d’une sacrée notoriété et le set de ce soir est annoncé comme un évènement. Du moins, de la part du label et des promoteurs. Parce qu’en ce qui me concerne, j’ai bien du mal à rester attentif au spectacle qui se joue sur scène. Light-show gargantuesque, backdrop formé d’un immense rideau de lights, gros son, setlist en forme de best-of dans la quelle on retrouve  » The Bard’s Song » , » Vallallah « ,  » Nightfall « ,  » Time Stand Still « ,  » Mirror Mirror « , « Imagination From The Other Side » … et des musiciens aussi concernés par la soirée qu’un groupe d’eunuques dans une orgie romaine. Bref, électrocardiogramme plat, avec mention spéciale au chanteur, planté comme un flan derrière son micro, et dont le charisme rivalise avec celui de l’huître de Bouzigues (34) ! Rajoutez à cela, des commentaires en allemand histoire de bien exclure une partie du public de toute communion, et me voilà au bar en train de recharger les batteries avant le grand moment de la soirée.

Celui-là arrive dès la fin du show de BLIND GUARDIAN avec la préparation de la Black Metal Stage au set suivant, celui de DIMMU BORGIR. Et là, c’est la claque ! Servis par un son en béton, avec une mise en scène réglée et minutée, un look parfaitement étudié renforçant leur charisme, les norvégiens ont écrasé de leur classe, la nuit allemande. Pilonnant la foule de leur Black symphonique, le combo envoie d’entrée un  » Progenies of the great Apocalypse  » magistral, suivi de quelques perles comme  » Cataclysm children « ,  » Kings of the carnival creation « ,  » A succubus in rapture « , et le fabuleux  » Serpentine offering « , avant que le final  » Spellbound  » /  » Mourning palace  » ne conclut un set tonitruant renforcé par un light show dantesque. Enorme ! Quel cataclysme ! Et la soirée n’est pas finie.

Malgré l’heure, il est minuit passé, les roadies s’affairent sur la True Metal Stage pour l’entrée en scène d’ICED EARTH. Le combo de Jon Schaffer avait annulé sa dernière venue, lors de l’édition 2003, et avait été remplacé au pied levé par un TWISTED SISTER qui avait donné ce soir-là, le show le plus dingue et le plus génial de cette affiche. Cette année, ICED EARTH est au rendez-vous et l’arrivée du groupe sur les planches déclenche l’enthousiasme d’un public largement composé de fans. « Burning Times », « Declaration Day », « Violate », « Vengeance is Mine », l’entame de set est tonitruante et n’augure que du bon pour la suite. Tim  » Ripper  » Owens, bien plus détendu qu’à l’époque où il occupait le poste de frontman dans JUDAS PRIEST, nous régale de son timbre de voix et place des  » screamings  » à vous glacer le sang. Les puristes, qui rêvent d’un retour de Matthew Barlow, apprécient tout de même l’instant présent et en redemandent.

Les effets pyrotechniques renforcent encore cette entrée en matière toute en puissance, et la set-list, qui lorgne définitivement vers les récentes réalisations d’ICED EARTH finit de combler les sceptiques.  » Ten thousand strong « ,  » A charge to keep « , et le fameux  » Something wicked  » libèrent totalement le groupe, qui livrera ce soir-là, un grand show, se rattrapant ainsi d’avoir fait faux bond au Wacken en 2003. L’humidité est tombée sur la plaine de l’Elbe, et la mer du Nord toute proche nous rappelle qu’en ces contrées lointaines, la température tombe vite, même en été.
Un sprint rapide vers la Party Stage me permet d’être aux avant-postes pour l’arrivée sur scène de SAMAEL.

Les suisses, qui ont enchanté leurs fans avec un  » Solar soul  » lourd et puissant, livrent comme en 2004, un set rentre dedans qui redonne de l’énergie en cette heure avancée de la nuit. Il est plus de deux heures du matin, et les  » On the rise  » et autres  » The ones who came  » et  » My saviour  » me confirment dans ma volonté jusqu’au-boutiste de me goinfrer un maximum de groupes à l’affiche de ces trois jours. Le retour au camping est toutefois rude car il faut traverser l’espace presse et résister à l’appel du bar … Deux pintes et une douche plus tard ( et oui, c’est pas très  » true  » ni très  » evil  » de prendre la douche au WOA, mais mes satanées années Hair métal me collent décidément à la peau !), je m’effondre dans mon fidèle Kangoo pour une courte nuit salutaire.

Samedi 04 Août :
La nuit a été réparatrice, et ces quelques heures de sommeil étaient nécessaires avant d’attaquer la dernière journée de ce WACKEN 2007. L’affiche du jour est en effet colossale, aussi bien en terme de qualité que de quantité. Le carré VIP ouvre à 11 heures, alors que les techniciens s’affairent sur la Black Stage, où SONIC SYNDICATE s’apprête à fouler les planches. Sacré challenge pour ces jeunots, vainqueurs du concours organisé par Nuclear Blast et signés sur le prestigieux label qui a fait un gros battage autour de leur prestation de ce jour. Très inspiré par l’école Death suédoise, le combo évolue dans un Métalcore qui, en ce début de journée, rameute bon nombre de curieux devant la scène, et réussit son pari. Celui de mériter sa place sur une telle affiche, et de jouer sur la scène principale. La musique du groupe parvient sans peine à réveiller le public, à grands coups de « Aftermath »; « Double Agent 616 »; et « Psychic Suicide « , orchestrée par deux chanteurs bourrés d’énergie, Roland Johansson et Richard Sjunnesson.

Premier grand moment de cette dernière journée, le retour sur les planches de SACRED REICH me renvoit à la fin des 80’s, lorsque encore adolescent, je rêvais de tailler la route pour suivre mes groupes préférés en me disant que ce rêve ne serait jamais réalité. Mais, non, la réalité est bien là, et ce sont ces chers Phil Rind, Greg Hall, Jason Rainey et Willey Arnett qui sont maintenant face à moi, sur la True Metal Stage. Et même si SACRED REICH a plus un statut de groupe culte que de leader, malgré des titres parmi lesquels on trouve quelques perles de thrash old-school, le bonheur de voir ce combo en chair et en os me file le frisson. Le public apprécie également et même si Phil a désormais le profil de l’américain moyen (entendez par là, vingt cinq kilos de trop), les  » Crimes against Humanity « ,  » One nation « ,  » Surf nicaragua « , et le classique  » War pigs  » de BLACK SABBATH me filent la pêche pour la journée.

Premier arrêt au bar, avant de filer devant la Black Stage, où MOONSPELL est ovationné par ses fans qui remplissent le pit. Malgré l’heure, la fosse est copieusement garnie et reprend les  » Memento Mori « ,  » Vampirya  » et  » Fullmoon madness  » sans se faire prier, tandis que le sombre  » Opium  » est acclamé. Que du bonheur. Mon pote anglais Phil, que je revois chaque année avec toujours autant de plaisir n’en finit pas de me ravitailler en bière allemande et c’est plein d’une profonde allégresse que j’assiste au show de STRATOVARIUS. Les finlandais sont des habitués du Wacken et ont foulé les planches du festival en de multiples occasions, au point même d’y jouer les  » surprise acts  » en 2006 pour trois titres en forme de come-back et lancer la promo de leur album éponyme. Cette année, la donne est toute autre.

Le combo se produit en pleine après midi et n’a rien de nouveau à mettre sous la dent de ses fans, si ce n’est de les rassurer sur son état. Et c’est là que réside tout le problème. Malgré une reformation et le recrutement d’un nouveau bassiste sacrément doué, STRATOVARIUS n’en finit pas de s’étioler. Les deux Timo, toujours aussi peu complices sur scène assurent le minimum syndical, Tolki s’empêtrant dans un jeu de guitare trop brouillon et Kotipelto en perdition dans les aïgus. Le reste du groupe, trop en retrait, ne sauvera rien lui non plus, et les  » Hunting high and low « ,  » Speed of light  » et  » Visions  » n’arriveront pas à convaincre, malgré leurs qualités intrinsèques sur album. Surprise du set, un nouveau titre est envoyé,  » The last night on Earth « . Revisitant la période la plus prolifique du groupe, ce morceau speed à souhait aura redonné des couleurs aux fans ultimes. Le show finit malgré tout en demi-teinte, avec  » Eagle Heart  » et le mid-tempo  » Black diamond  » bien étonnant en fin de set, alors qu’un  » Forever  » aurait assurément comblé les espoirs de la fosse.

Le soleil tape dur et le public se presse devant la True metal stage. RAGE est attendu et le groupe de Peavy Wagner n’est pas venu les mains vides puisque le Lingua Mortis l’accompagne. Cet orchestre symphonique biélorusse, qui accompagne le trio pour une série de shows est l’attraction du jour. Tout l’arrière de la scène est ainsi investi par les musiciens tandis que la batterie est placée sur le côté. Le nouveau batteur, Andre Hilgers rassure d’entrée par sa frappe mesurée, qui s’accorde parfaitement avec les instruments classiques, pourvus d’un son impeccable. Devant, Peavy et Victor Smolski lancent les débats pour un set articulé principalement autour de trois albums :  » Lingua mortis « , évidemment,  » XIII « , et le récent  » Speak of the dead « . L’intensité dégagée par la formation est impressionnante et renforce la portée de l’évènement.

Peavy est toujours aussi détendu et souriant, Victor Smolski exprime toute sa virtuosité et derrière, les musiciens de l’orchestre savourent le spectacle d’un pit est ébullition qui réagit comme un seul homme à chaque nouveau titre. « From the Cradle to the Grave », « Alive but Dead », « Firestorm », « Lost in the Ice », « Morituri Te Salutant », « Innocent », « Depression », chaque morceau et chaque mouvement sont salués par une ovation, et le public est en transe. Alors qu’un dernier titre,  » Concert for Violin and Oboe », est joué avec le Lingua Mortis et permet à Victor Smolski d’étaler tout son talent en solo, l’orchestre tire sa révérence sous les applaudissements d’une foule immense et RAGE revient sur scène sous la forme d’un trio pour un  » Higher than the Sky  » d’anthologie, qui achève une prestation flamboyante. Le soleil décline lentement et la tension monte encore alors que le site se remplit de métalleux que le camping gigantesque déverse par chacune de ses entrées.

Une marée humaine se presse devant la True Metal Stage, où le backdrop de DESTRUCTION vient d’être dressé. Le combo allemand est lui aussi un habitué du WOA et le show de ce soir est à l’image de ce que les organisateurs affectionnent tout particulièrement, à savoir les reformations et les concerts réunissant les musiciens qui ont fait l’histoire des combos à l’affiche. Comme pour SODOM deux jours plus tôt, DESTRUCTION a préparé un show bien spécial qui sera d’ailleurs filmé dans l’optique d’un prochain DVD. Le groupe célèbre ses vingt-cinq ans, et Schmier et ses potes veulent marquer un grand coup pour l’occasion. « The Butcher Strikes Back », « Curse the Gods », « Nailed to the Cross », l’entame de set est tonitruante et ce bon vieux Mad Butcher fait son apparition, accompagné de deux malheureuses esclaves couvertes de sang et qui me donnent chaud partout, son regard menaçant glaçant d’effroi les premiers rangs. Le set est mené pied au plancher et le  » Alliance of the Hellhoundz  » dont la version studio regroupe quelques grands noms du Métal comme Biff Byford, Shaggrath ou Doro voit le groupe inviter sur scène d’autres illustres hurleurs comme Bobby Ellsworth d’Overkill, Peavy Wagner, Leif Stensland de Communic et un Tom Angelripper de Sodom passablement alcoolisé.

Le pit est en feu et ce titre amblématique prend toute sa dimension malgré une interprétation un peu chaotique au niveau des invités. Alors que  » Life without sense  » poursuit le travail de sape engagé par DESTRUCTION, voici que les roadies installent deux autres kits de batterie de part et d’autre de la scène, tandis que Mark Reign salue l’arrivée de deux batteurs historiques du groupe, Olly Kaiser et Sven Vormann pour un  » Reject emotions  » qui tire des larmes à mon voisin, un gros allemand arborant une veste à patches qui, vu son état, a dû vivre plusieurs Donington !  » Total disaster  » est l’occasion pour Schimer d’accueillir l’ancien six-cordiste Harry Wilkens tandis que les choeurs sont confiés à l’ancien cogneur de fûts Tommy Sandmann. Le public en redemande mais c’est déjà la fin du set, qui est passé comme une balle.  » Bestial invasion  » voit l’ensemble des musiciens, anciens et actuels lancer le titre devant un public déchaîné qui fait une ovation de tous les diables à ses héros, dont le retour après un show historique de reformation ici même en 1999, n’en finit pas de se prolonger. On espère que l’aventure durera encore longtemps.

Pas le temps de traîner. Je reprends mes esprits, avale une portion de chinese noodles et rejoint la True Metal stage où un groupe figurant parmi mes idoles absolues s’apprête à monter sur scène, TYPE O NEGATIVE. Quel bonheur d’en prendre une nouvelle dose après le show donné par le combo new-yorkais au Hellfest. Les backdrops vert et noir sont tendus, la scène est en place et les quatre hommes en noir font leur apparition. Peter Steele, fidèle à lui-même, affiche un je-m’en-foutisme des grands jours, habillé en costume noir à col de prêtre vert, affublé d’un haut de forme, d’un bouc épais et qui se présente comme étant Abraham Lincoln. Tandis que Kenny à l’autre bout de la scène, explose de rire, le groupe envoie un  » We hate everyone  » de circonstance, couplé au pesant  » Profit of doom « . L’interprétation est chaotique et cette ambiance bordélique toujours maîtrisée par un groupe beaucoup plus au point que ce qu’il laisse croire, tranche avec la rigueur germanique qui plane sur le WOA.

Les non initiés à la musique et à l’attitude de TYPE O ont déjà déserté les premiers rangs et l’ambiance dans le public n’en est que plus détendue, les die-hard fans se délectant du spectacle donné par Peter Steele et ses potes.  » Anaesthesia « ,  » Kill you tonight  » puis  » Love you to death  » se déversent sur la fosse, tandis que Peter se descend tranquillement une bouteille de vin et massacre des titres pourtant géniaux, du fait de son chant très approximatif. Le géant a une nouvelle fois dans un état éthylique plus qu’avancé et ses compères le suivent de très près, eux aussi. La déchéance des quatre musiciens accentue encore la dimension de ce show, forcément le plus  » rock’n roll attitude  » de la journée et la suite est tout aussi déjantée. Sur le bord de la scène, un cameraman devient le souffre douleur de Peter, qui lui balance du vin sur son appareil, tandis que Josh Silver ira piquer une autre camera pour filmer les premiers rangs alors que les samples d’applaudissements accompagnent les acclamations du public. Décadent ! La fin du set est à l’image du show dans son ensemble, avec  » Waste of life  » et le génial  » Black n°1 « , qui voit le groupe quitter la scène sous les applaudissements des uns et les cris d’effroi des autres. Un grand moment !

Le marathon continue. Je migre tant bien que mal vers la Black stage, en faisant tout mon possible pour éviter la collision avec les gros métalleux scandinaves qui convergent eux aussi en titubant vers la grande scène où IMMORTAL doit enchaîner le programme de la soirée. Les norvégiens, qui signent cette année leur grand retour, sont attendus de pied ferme et les ours pandas sont nombreux dans l’assistance. C’est devant un parterre bondé que les maîtres du black métal norvégien font leur entrée, sous les ovations d’un public qui n’aura pas droit au plantage technique que nous avons vécu au Hellfest. La mise en scène est impeccable et présente un groupe au top de sa cohésion, comme leurs confrères de DIMMU BORGIR la veille. Les trois démons norvégiens marquent un retour fracassant !

 » The sun no longer rises « ,  » Withstand the fall of times « ,  » Sons of the northern darkness « , le début de set casse la baraque et chaque titre fracasse tout sur son passage.  » Tyrant « , le terrible  » Unholy forces of evil « , l’envoûtant  » At the heart of winter « , le public est possédé et la messe noire continue dans un final d’apocalypse avec  » Battles in the north  » et Blashyrkh ». Un retour gagnant pour le combo d’Abbath en terre allemande. Et la soirée se poursuit. Le site est désormais plein à craquer, et les 70 000 fans sont dans l’enceinte du festival, qui prend des airs effrayants, tant la circulation y est devenue difficile. Le moindre mouvement de foule fait craindre le pire, et on espère que les organisateurs prendront des dispositions pour étendre le périmètre du festival, l’an prochain. Ce qui est sûr, c’est qu’au vu de la scène, le Wacken a définitivement franchi une étape, et le petit festival underground et pionnier du début des années 90 est désormais une immense usine à Métal.

Alors que je me fraye un chemin vers la True Metal Stage pour finalement trouver une place de choix sur un monticule de copeaux de bois au milieu d’une mare de pisse (véridique ! ), un flot de true métalleux patchés s’écoule vers la party stage, qui accueille STORMWARRIOR. A cet instant, le chroniqueur avisé doit faire preuve d’empathie, dont la définition est la suivante :  » attitude envers autrui caractérisée par un effort objectif et rationnel de compréhension intellectuelle des ressentis de l’autre « . C’est par cette définition communément admise de l’empathie que tout bon chroniqueur non allemand d’un show de STORMWARRIOR se doit d’aborder son labeur. En appliquant cette démarche psychologique, le rédacteur averti se mettra ainsi dans la peau blanche, moite et tendue au niveau de l’abdomen par le houblon, du métalleux allemand.

Le pur, le vrai, le  » True « . Celui dont la veste à patches est ornée des plus belles pièces du Métal le plus intransigeant, j’ai nommé HIRAX, ATTACKER, DOUBLE DIAMOND, KILLER, TORCH, METAL INQUISITOR et les bien nommés STORMWARRIOR. Celui que l’on croise, titubant avec un regard d’amateur de viande crue au Swordbrothers festival, au Headbangers Open Air ou après 5 heures du mat’ en train de faire du Air Métal dans le ballroom du Wacken !
Une fois l’âme de l’illustre warrior en sa possession, le chroniqueur peut alors se lancer dans son travail. Les cornes de brume des vikings sanguinaires font trembler les murs, les premiers riffs de  » Heavy Metal Fire  » lancent l’attaque à grand renfort de fumigènes. Le quatuor de Hambourg, qui a annoncé un concert exceptionnel ce soir est rejoint sur scène par son protecteur, l’illustre Kai Hansen pour un moment d’anthologie filmé pour un prochain DVD, et se met à reprendre  » Ride the sky « ,  » Murderer « , et  » I want out  » tandis que  » Heavy metal is the law  » tend définitivement le slip des mes potes MurderOne et Le Gorg !

Pas le temps de traîner, car mon moment fort à moi, celui qui a définitivement décidé ma venue au WOA 2007 arrive sur la True Metal Stage, avec l’entrée en scène d’IN FLAMES. Le combo suédois, fort d’un  » Come Clarity  » exceptionnel, n’en finit plus de tourner depuis la sortie de cet album en 2006, et sa venue au Wacken marque une étape nouvelle dans la carrière du groupe qui a signé ici même en 2003, un des plus grands, sinon le plus fort moment de son histoire, par un show tout bonnement énorme qui avait enflammé le public. La donne a cependant changé depuis 2003. Le public a quasiment doublé, le groupe a fait énormément de chemin et son statut de headliner en fait l’attraction majeure de cette dernière journée. Cet ensemble d’éléments, couplé à l’immense attente de renouveler la soirée de folie de 2003 libèrent totalement le public à l’apparition de ses héros.  » cloud connected « ,  » Reroute to remain « ,  » soundtrack to your escape », « Pinball Map », la setlist prend des allures de best-of ultime, et « Come clarity », illuminé de dizaines de milliers de briquets, est un des moments forts du show. Le groupe affiche une cohésion sans faille, et donne l’impression d’un rouleau compresseur que rien n’arrête. Le son est énormissime, les lights fabuleux et le moment tant attendu arrive enfin.

 » Only for the weak  » est lâché. Anders Friden, gonflé à bloc, motive le public pour recréer cette fameuse marée humaine qui en 2003, a fait chavirer le festival et cette fois, ce sont plus de 60 000 fans qui sautent en cadence et font trembler le sol. Un concert majeur, un moment inoubliable qui restera pour moi, un des meilleurs show de cette édition 2007, même si la spontanéité qui avait marqué le concert de 2003 n’était plus là. La surprise, l’enthousiasme du groupe et du public se sont transformé en une attente mutuelle de retrouver cette ferveur, cette pulsion, pour finalement aboutir à quelque chose d’un peu trop prévisible.

Je suis au bord de la rupture, la nuit est déjà bien avancée et je me fous de l’heure. La fatigue m’attaque par toutes les parties de mon corps mais je m’en fous ! Je lâche rien, rien de rien ! Car le final ultime arrive enfin sur la Black Stage avec les floridiens de CANNIBAL CORPSE. Et quel final ! Soudé à l’extrême, le combo débarque triomphant sur scène avec l’écume aux lèvres. Après un show au Hellfest où la météo et le son n’avaient pas permis au groupe de s’exprimer pleinement, le set de ce soir sera parfait. Un son d’enfer, un groupe gonflé à bloc par l’enjeu, et une set-list … Ah, la set-list ! Que dire lorsque après nous avoir assené « Stripped Raped and Strangled » ou encore « I Cum Blood », George Corpsgrinder annonce  » The bullshit is over « , faisant frémir toute l’assistance ! Enfin, la censure qui frappait les trois premiers albums de CANNIBAL CORPSE en Allemagne est levée et le groupe nous jette en pâture « Vomit The Soul », « Born In A Casket », « Covered With Sores » et le formidable « Hammer-Smashed Face » comme pour mieux clôturer l’édition 2007 du plus gros festival Métal de la planète. Géant !

Le rideau tombe enfin sur cette édition du Wacken, avec ce constat sans appel de la mutation définitive du festival qui, en cette année 2007, a pris un tournant pour devenir l’énorme machine que nombre de fidèles de l’évènement redoutaient. Réflexe de survie, peur de l’avenir, regrets de voir leur échapper une part de cette histoire, de ce fier passé qui au fil des affiches, a construit avec eux l’image de cette institution qu’est le WOA, ou bien tout simplement lucidité face à la surenchère commerciale qui guette ? Nous le saurons bien assez tôt, et c’est en tout cas avec la plus grande des certitudes qu’on donne rendez_vous au Wacken Open Air en 2008 ! (YvesZ).

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