Live reports

Wacken Open Air 2008 – Wacken, Allemagne – Du 31 juillet au 02 aout 2008

WACKEN OPEN AIR FESTIVAL 2008
du 31 juillet au 2 août 2008
Wacken (Allemagne)

Un métalleux peut-il espérer plus grand bonheur que celui de tailler la route aux beaux jours pour retrouver ses groupes préférés aux antipodes et partager avec d’autres amateurs de musique qui fait peur, quelques bonnes bières et un déluge de watts ? Ne cherchez pas, les évidences sont là. Grasspop, Sweden Rock, Hellfest, Bang Your Head, Gods of Metal, Download, autant d’illustres festivals qui rythment l’été et confirment par l’affluence qu’ils génèrent la bonne santé de notre musique préférée, … et puis il y a le Wacken Open Air. Le ‘Wacken’. Le plus grand, le plus gros, le plus respecté de tous. Le festival ultime, dont la 19ème édition se tient une fois de plus à Wacken, ce petit village perdu au fin fond de l’Allemagne à quelques encablures de Hambourg. Véritable lieu de pèlerinage, terre promise de tout bon métalleux, le Wacken est devenu au fil des ans une institution. Et cette année encore, le festival aura tenu toutes ces promesses, et ce à tous les niveaux.

Mercredi 30 juillet :
Me voilà donc à nouveau sur le départ, Quechua deux secondes et sac de couchage en main sur le quai de la gare de Béziers, attendant le TGV pour un nouveau road trip en compagnie de quelques joyeux warriors qui, au fil des ans gardent toujours une certaine fraicheur ! Arrivé sur Paris, je retrouve donc mon grand ami Dieu, alias ‘Jack Nondidiou de Nondidiou’ et génial concepteur du projet ‘Gorg and Cie’, le Gorg en personne et Murder One, le teint halé par un abus de Côte d’Azur. Dépassant les 300 kilos à eux trois, j’en viens à plaindre le pauvre Partner du Gorg, mais me rappelle qu’un an plus tôt c’est mon Kangoo Nuclear Blast qui subissait l’assaut de ces trois gaillards hirsutes.

Je vous passe rapidement sur le trajet, tant l’impression de déjà-vu est grande, entre les histoires plus très fraîches du Gorg, les archives métalliques de Dieu et les cris d’extase de Murder One à chaque évocation de Paul Di’Anno. Les années passent, et l’histoire se répète ! Je vous renvoie donc à mes live reports des années passées pour aller droit au but : l’édition 2008 du WOA.

Jeudi 31 juillet :
Arrivés au petit matin à l’entrée de Wacken, nous trouvons un petit village endormi mais portant déjà les stigmates de l’atmosphère dans laquelle baigne la région depuis plusieurs jours. La ‘Metal Town’, comme l’appelle ses habitants accueille déjà plusieurs dizaines de milliers de furieux et les abords de la commune annoncent la couleur : WC chimiques, bars improvisés dans les jardins des résidents, cannettes gisant sur les trottoirs, silhouettes vacillantes dans l’aube naissante, logos du festival à chaque coin de rue, … bienvenu pour trois jours hors du temps !

Trois heures plus tard et nos accréditations en poche, Gorg nous dépose, Dieu et moi devant le camping VIP en nous traitant de posers tandis qu’une bouteille de cidre en équilibre instable dans le coffre s’explose sur le bitume. Le vieux grincheux engueule Dieu, grommelle quelques insultes dont il a le secret et reprend la route vers le camping public, immense concentration de tout ce que représente la planète Métal.

Je m’effondre dans ma Quechua pour deux heures d’un sommeil réparateur tandis que Dieu monte sa tente. Il termine de planter son dernier piquet quand vers 15 heures, une masse compacte de journalistes et autres groupies se forme devant l’entrée de l’espace Presse. La première journée du WOA débute en général calmement, du moins en apparence, avec une petite conférence de presse et les premiers riffs sont lancés à 16 heures.

L’ouverture des portes me permet de mesurer tout l’intérêt d’un pass VIP. Si certains s’en servent pour se la péter, force est de constater que le principal intérêt du précieux sésame réside dans la possibilité qu’il offre d’accéder à l’espace Presse, donc à des tentes couvertes et aménagées contre la chaleur ou la pluie, à des bars non surpeuplés, de se brûler les pupilles au passage des groupies qui pullulent dans les parages et surtout d’atteindre les scènes en cinq minutes.

Car cette année, comme en 2007, le festival a passé un nouveau cap avec près de 75 000 personnes accueillies sur un site qui frise la saturation. La vue de cette nuée de fans massée contre les portiques de l’entrée principale fait frémir, tant la foule immense qui déferle dans l’enceinte principale semble infinie. C’est une marée humaine qui se presse et colonise les premiers rangs de la Black Stage lorsque GIRLSCHOOL monte sur scène. Les quatre guerrières, Kim McAuliffe (guitare/chant), Jackie Chambers (guitare), Enid Williams (basse) et Denise Dufort (batterie) viennent de donner une rapide conférence de presse et ont l’honneur d’ouvrir les hostilités sous un soleil de plomb. Lançant la promo de son nouvel album ‘Legacy’ et piochant dans son répertoire pour en sortir quelques perles comme ‘Emergency’ ou le fabuleux ‘Please don’t Touch’, le quatuor sur lequel plane le fantôme de la regrettée Kelly Johnson me file le grand frisson. Ayant vu le combo sue scène à plusieurs stades de sa carrière, je mesure la persévérance de ces musiciennes dont la volonté et l’envie d’en découdre restent intactes.

Tandis que sur la Party Stage MUSTACH laisse la place aux frappadingues de NASHVILLE PUSSY, le backdrop hissé sur la Black Stage annonce l’arrivée de Lauren HARRIS. La petite anglaise qui n’en finit pas de sillonner la planète en ouverture du combo de son célèbre papa surgit pour 30 minutes d’un rock FM musclé qui fait gentiment remué les premiers rangs. Si les avis sont bien évidemment partagés lorsqu’on évoque la qualité de la musique du groupe de Lauren, force est de constater que la belle joue sa chance à fond et donne tout pour conquérir un public pas vraiment acquis d’avance à sa cause. Mais le charme opère, aidé en cela par l’effet du houblon et on ne peut s’empêcher de penser à la fierté que doit ressentir Steve Harris, planqué derrière les amplis et qui ne perd rien de la prestation de sa fille, qui termine son set sous les applaudissements de la fosse.

Mais le vrai démarrage, le vrai lancement des hostilités survient avec l’entrée en scène d’AIRBOURNE. Complètement tapés, les quatre australiens qui cultivent avec la plus grande orthodoxie l’héritage d’AC/DC déboulent sur scène dans la fureur et l’électricité. ‘Stand Up for Rock ‘n’ Roll’, ‘Hellfire’, ‘ Fat City’, ‘Diamonds in the Rough’, le début de set est explosif et rappelle la prestation déchaînée livrée par le combo lors du Hellfest. ‘What’s Eatin’ You’, ‘Girls in Black’, le bonheur est total quand Joel O’Keffe, Gibson explorer en bandoulière attaque l’escalade de la structure encadrant la scène pour finalement se percher à quinze mêtres du sol et planter un solo débridé la tête en bas … l’abus de Jack Daniel’s peut nuire gravement à la santé, mais  » c’est ça, le rock’n roll, bordel « , se met à gueuler le Gorg ! La fête est totale avec le trio final ‘Black Jack / Too Much, Too Young, Too Fast / Runnin’ Wild’ qui finit d’électriser le public pour trois jours.

Tandis qu’AVENGED SEVENFOLD tente de donner la réplique à la déferlante australienne, je file pour un premier arrêt au stand car la suite promet d’être physique. Le site est archi-plein et tandis que le soleil décline lentement, une sensation d’étouffement me prend doucement aux tripes. Face à la True Metal Stage, je constate que je ne peux absolument plus bouger. Plus tard, j’apprendrai que les portiques d’accès ont été prématurément fermés pour cause de saturation du site, les retardataires devant se contenter des écrans géants installés aux abords du Metal Market. Car l’instant est unique. IRON MAIDEN, en plein ‘Back Somewhere in Time World Tour’ joue ce soir au WOA pour une date unique en Allemagne, et pour un set qui s’annonce comme l’évènement de l’année. Et quel évènement ! Un mois après avoir croisé le groupe pour deux soirs magiques au POPB de Paris Bercy, je frémis au son du ‘Doctor Doctor’ d’UFO qui monte dans la sono. Le titre qui annonce l’arrivée sur scène du groupe provoque l’enthousiasme des fans et le ‘Churchill speech’ fait vaciller les plus faibles.

Que dire de la suite, sinon que tous les espoirs et les attentes mis dans ce moment ont été surpassés à la puissance 10. Un groupe au top de sa cohésion, trois guitaristes brillants, un Steve Harris qui prend des allures de Dieu vivant, un Nicko Mc Brain impérial et … et Brice Dickinson. Le frontman ultime. Le vrai héros de la soirée, formidable bête de scène doublée d’un chanteur d’exception, le garçon prend son public à la gorge pour ne plus le lâcher durant les presque deux heures du set. ‘Aces High’, ‘Two minutes to midnight’, ‘Revelations’, ‘The trooper’, l’entame de set est hallucinante sous son déluge de lights. Les deux soirées au Palais Omnisport de Paris Bercy, début juillet me reviennent en mémoire comme des flashs et chaque titre fait resurgir des souvenirs intacts de toutes ces années passées sur la route à suivre la Vierge de Fer aux quatre coins de l’Europe. Et ce soir, un nouveau sommet est atteint. Plus grand, plus fort, plus impressionnante que jamais, la formation britannique s’impose en maître incontesté de la planète Métal. Mené par un Bruce Dickinson dominateur de bout en bout, le combo envoie ses meilleurs hits et assène Wacken d’un enchaînement  » Rime of the Ancient Mariner / Powerslave  » fatal.

La suite est tout aussi géniale, et les  » Can I play with Madness  » et autres  » Fear of the Dark  » font exploser la fosse. A peine le temps de reprendre nos esprits que le groupe revient sur scène pour un rappel à couper le souffle et un trio  » Moonchild « ,  » Claircoyant « ,  » Hallowed be thy name  » flamboyant qui fait presque oublier que trop de fabuleux titres de la discographie du combo sont restés au vestiaire. IRON MAIDEN est venu à Wacken et a vaincu. Rarement dans l’histoire du célébrissime festival, un combo n’a généré une telle ferveur et la démonstration de sa toute puissance a été une nouvelle fois faite. Formidable !

Vendredi 1er Aout :
Il est 11h00 pétantes lorsque la sono, gigantesque, crache les premiers riffs de GRAVE sur la Black Stage. Les suédois, dont la respectabilité ne saurait être remise en question du fait de leur implication dans l’histoire du Death Metal scandinave lancent la journée. Le temps est lourd et les extraits de ‘Dominion VIII’ s’imbriquent parfaitement à un répertoire axé sur les titres les plus percutants du combo.

MORTAL SIN prend le relai sur la True Metal Stage. Les australiens, responsables en 1987 d’un ‘Mayhemic Destruction’ qui avait marqué les esprits sont de retour au WOA après leur passage en 2006 sur la Wet Stage. Le groupe de Matt Maurer qui bénéficie du statut de combo culte se présente devant une fosse déjà blindée et nous balance quelques brulots de Heavy Thrash qui font mouche à tous les coups. ‘The Curse’, ‘Deadman Walking ‘, le hit ‘Lebanon’, et le duo final ‘I am Immortal / Mayhemic Destruction’ cartonnent dans les premiers rangs.

Le site se remplit à vitesse grand V et je file sans attendre vers la Party Stage, située dans un champ voisin de l’espace principal. Sur scène, Paul Masvidal et Sean Reinert règlent les derniers détails du soundcheck avant de lancer CYNIC dans le grand bain. Accueillis par un public de fans, les floridiens qui n’en finissent plus de faire leur come-back depuis 2007 affichent une sérénité rare et nous balancent quelques perles de Death Prog’ qui nous replongent immanquablement au début des 90’s et de la sortie de leur unique album, le cultissime et indispensable ‘Focus’. Malgré la mauvaise pluie qui commence à tomber dru sur Wacken, Cynic éclabousse de sa classe le festival et le superbe nouveau titre ‘Integral Birth’ réconforte les plus anxieux sur l’avenir de cette reformation dont les contours d’un avenir discographique se précisent de plus en plus.

Tandis que les bucherons de UNEARTH s’affairent sur la True Metal Stage, je reste aux abords de la troisième scène où un autre moment d’histoire se prépare. La pluie n’a pas cessé mais les grappes de métalleux allemands convergent vers le pit. Personne ne voudrait manquer le moment qui arrive. HEADHUNTER, le combo fondé par Schmier (DESTRUCTION), Schmuddel (TALON), et de Jorg Michael (STRATOVARIUS) à la fin des années 80 et responsable de quelques brulots entre 1990 et 1994 revient sur les planche le temps d’un show canon, un peu bordélique par moments mais ô combien rafraîchissant tant il nous replonge dans une jeunesse qui n’est malheureusement pas éternelle. Mais qu’à cela ne tienne, après deux bières le headbanging reste efficace même avec quelques cheveux en moins !

L’heure avance et alors que KAMELOT rencontre un vif succès sur la True Metal Stage, je rejoins la Black Stage où SOILWORK s’apprête à prendre le relais. Le combo suédois qui compte un nombre hallucinant de compatriotes dans l’assistance a bien l’intention de relever le défi de la scène principale. La défection de Peter Witchers, le leader historique du groupe et un récent ‘Sworn to a great divide’ qui n’a pas amené grand-chose de nouveau à la discographie de SOILWORK font que bon nombre d’observateurs attendaient la formation au tournant. Ils en seront pour leur frais, tant les suédois, menés par un Strid charismatique en diable et survolté font explosé la fosse de leur Death mélodique imparable. Mention spéciale à Dirk, derrière ses fûts et moment fort du set sur un ‘Stabbing the Drama’ en tout point énorme.

Je file sous la Wet Stage, seule scène sous chapiteau du festival et dont le sol détrempé fleure bon l’étable ! Cela ne me choque toutefois pas plus que ça vu le nombre de métalleux patchés et aux traits porcins qui peuplent l’assistance. Le manque de fraîcheur de nombre d’entre eux, dont le poids des ans et l’abus de houblon ont forcément façonné la silhouette ainsi que la belle couleur rosée de joues gonflées et charnues en dit long sur le prochain combo à monter sur les planches. Et quel combo !

DESTRUCTOR, le combo de Cleveland, Ohio, celui dont tout bon True métalleux se doit d’arborer un patch d’époque sur sa veste est à l’affiche du Wacken Open Air, et l’ambiance vire au religieux lorsque les musiciens apparaissent sur scène. Dave Overkill, Pat Rabid, Jamie Boulder, Matt Flammable, le quatuor déboule en cuir et clous pour quarante minutes de haute tension. Ça tue, ça tranche, ça brise, et en fermant les yeux, on se sent comme téléporté dans le passé, à l’époque bénie des Early 80’s et des ‘Defenders of the Faith’, The number of the Beast’ et autres ‘Balls to the Wall’. Du riff en barre avec pour couronner le tout, le sacrifice en fin de set d’un pauvre synthé !  » Ouais, c’est comme ça qu’il faut faire !  » beugle le Gorg dans la fosse ! La messe est dite …

Retour à la réalité avec SONATA ARCTICA sur la True Metal Stage. Les finlandais, habitués du WOA bénéficient d’un statut privilégié et drainent une marée de fans. La fosse est de plus en plus compacte et il est toujours plus difficile d’évoluer sur le site. Sur scène et malgré un set sans surprise, SONATA ARCTICA remporte l’immense majorité des suffrages, preuve encore une fois que notre musique évolue et que le public du Wacken se régénère au fil des ans, au grand dam de ses plus fidèles visiteurs qui peinent, année après année, à y retrouver leurs repères.

Il est près de vingt heures et la journée semble filer comme une balle. Sur la Black Stage, un de mes groupes favoris lance ses premiers riffs devant une foule compacte et toute entière conquise d’avance. Michael Akerfeldt et ses potes entrent en scène et OPETH rafle d’entrée la mise. ‘Demon of the fall ‘, ‘Master’s Apprentice’, ‘The drapery falls’, ‘Heir apparent’, les perles vont se succéder pendant une heure et je suis aux anges. Piochant dans leur extraordinaire discographie, les suédois vont éclabousser le WOA de leur classe et les titres du récent ‘Watershed’, déjà superbes en studio sont magnifiés ce soir en live, d’autant que le groupe bénéficie d’un des meilleurs sons de tout le festival. La grande classe !

La suite se passe sur la True Metal Stage, devant laquelle les turbulents CHILDREN OF BODOM ont rameuté leurs troupes. C’est dans un bordel innommable que les premiers rangs accueillent les finnois. Le groupe, qui à l’instar de combos tels qu’IN FLAMES illustre parfaitement le conflit des générations envoie un show explosif. Le soir tombe et les lights entrent en action tandis que la sono déverse un déluge d’électricité. ‘Sixpounder’, ‘Hellhounds on my trail’, ‘Living dead beat’, ‘Neddled 24/7’, les titres s’enchaînent sans temps mort et sur scène Alexi fait son show. Le leader charismatique et sacrément égocentrique du combo en fait des tonnes, riffe, triture sa Jackson dans tous les sens, envoie des solos supersoniques, boit comme un trou et nous gratifie de ses speeches un peu trop faciles à grands coups de ‘Fuck’ et autres ‘Fucking fuck’ qui mériteraient vraiment un brin de recyclage. Mais les faits sont là. CHILDREN OF BODOM est devenu une grosse machine qui cartonne toujours autant en live et balaie tout sur son passage. Malgré un récent ‘Blooddrunk’ en demi teinte, force est de constaté que sur scène ‘Hate crew deathroll’ et ‘Downfall’ font des ravages.

Difficile après une telle bourrasque de subir les navrants CORVUS CORAX sur la Black Stage. Je me replie donc vers la Party Stage pour une nouvelle dose de Death scandinave livrée par THE HAUNTED, avant de revenir devant la True Metal Stage où AVANTASIA est annoncé. Le projet solo de Tobias Sammet, chanteur d’EDGUY est une des têtes d’affiche du festival et c’est dans un site plein à craquer que les premiers accords de ‘Twisted Mind’ résonnent soudain. Tobias nous l’avait promis. Le show de ce soir nous réservait des surprises, et surprises il y eu. D’abord avec l’entrée en piste de Jorn Lande (ex-ARK et MASTERPLAN) sur ‘The Scarecrow’ et ‘Another Angel Down’, malheureusement ruinée par un micro dont seuls les retours reproduisait le son, provoquant de fait une bronca terrible du public, Tobias ne comprenant pas vraiment ce qui se passait. Puis, c’est au tour d’Andre Matos (ex-ANGRA, SHAAMAN) d’apparaître sur ‘Reach out the Light’ et de subir le même problème technique, heureusement réglé sur ‘The story ain’t over’ reprise par un Bob Catley impérial. Le public adhère, Tobias est aux anges, les titres s’enchaînent dans l’enthousiasme et la positivité d’un Heavy rock mélodique sur lequel les voix de chacun des quatre chanteurs prennent toute leur mesure et AVANTASIA assoit définitivement son statut de Headliner avec un final dantesque ‘The Toy Master / Farewell / Sign of the Cross/ The Seven Angels’. Assurément une des claques de la journée.

Il est deux heures du matin et mes jambes ont du mal à me tenir, et alors que la raison voudrait qu’à mon âge, je sois au lit depuis longtemps, je file en direction de la Black Stage qui pour l’occasion va bien mériter son nom. Têtes de mouton écorchées plantées sur des pics, barrières et barbelés, chandeliers, le climat est inquiétant et annonce l’arrivée d’un des combos les plus controversés du microcosme True Black Métal : GORGOROTH. Et pour cette soirée, les norvégiens ont décidé de rejouer la mise en scène du fameux DVD ‘Black Mass Krakov’ en amenant avec eux quatre figurants complètement nus et cagoulés, juchés sur quatre immenses croix installées de part et d’autre du drumkit. Quant au set en lui même, que dire, sinon qu’une fois de plus le groupe aura divisé le public. Méprisants et charlatans pour les uns, ultimes pour les autres, Ghaal, King et leurs acolytes ne laissent personne indifférent et cultivent allègrement une image qui favorise un business certainement lucratif. Un son ultra brut, âpre et rugueux, des musiciens plongés dans leurs poses et leurs instruments, un Ghaal corpsepainté comme jamais au charisme glacial, des titres flippants et un Black Métal ancré dans ses racines les plus profondes qui prend ce soir, toute sa dimension.

Il est près de quatre heures du matin, je m’écroule dans ma tente après deux dernières bières dans le carré VIP en compagnie des musiciens d’OPETH. La journée du lendemain s’annonce longue.

Samedi 2 Aout :
Le premier coup de feu de la journée est tiré à 11h00 avec l’entrée en scène des canadiens de 3 INCHES OF BLOOD. Vestes à patches, barbes, le look de vieux bikers du combo ne laisse rien filtrer du véritable style du groupe qui évolue dans un Heavy supervitaminé, acéré et renforcé par des vocaux démentiels et haut perchés. Une petite tuerie s’organise dans le pit et malgré la fatigue accumulée des jours précédents, c’est un public conquis qui accompagne la prestation des canadiens dont les titres de ‘Fire up the Blades’ et ‘Advance and vanquish’ prennent une ampleur nouvelle sur scène.

Le marathon est lancé. Après un détour par la True Metal Stage où SWEET SAVAGE ravit les plus anciens des combattants du pit, la Black Stage accueille d’autres vétérans encore plein de sang frais, les allemands d’HOLY MOSES. Emmené par une Sabina Classen sur laquelle le temps ne semble avoir de prise si ce n’est pour renforcer sa hargne, le combo aura toutefois du mal à livrer une prestation aussi puissante et folle que celles données en 2003 et 2005, la faute sans doute à une setlist sur laquelle auraient mérités de figurer quelques brulots que le groupe semble avoir oublié dans le tour-bus. La suite se passe sur la True Metal Stage. Et quelle suite ! EXODUS, dont le backdrop vient d’être hissé derrière le drumkit s’apprête à entrer en scène.

L’intro épique qui monte dans les enceintes est accompagnée d’une ovation monstre à faire trembler le sol. Gary Holt et ses potes apparaissent sur scène. EXODUS est dans la place et la boucherie peut commencer. Comptant trois albums à son actif depuis sa reformation en 2004, le combo de San Francisco n’en finit plus de sillonner les scènes du monde entier, soutenu par une armée de fans prêts à tout pour leurs héros. Immense Gary Holt ! S’il y en a bien un qui mérite le Prix du thrasheur de l’année c’est bien le guitariste californien, pilier inamovible d’un des combos les plus illustres et respectés de la Bay Area. Près de trente ans après sa formation par ce maître du riff qui tue, le combo de San Francisco ne quitte plus l’actualité du Métal ces derniers temps. Après un ‘The atrocity exhibition…Exhibit:A’ tonitruant, cette tournée des festivals européens est l’occasion rêvée pour EXODUS de revenir chatouiller nos tympans.

Le furieux ‘Bonded by Blood’ est lancé et fait d’entrée de jeu, exploser la fosse. Troisième hurleur du combo, successeur de Steve ‘Zetro’ Souza et de feu Paul Baloff, Rob Dukes gagne soir après soir ses galons de frontman ultime. Crâne rasé au couteau de cuisine, bras couverts de tatouages, regard de chien d’attaque, le garçon n’est pas vraiment le genre de personne à laquelle on aurait envie de sortir une blague à deux balles. Rajoutez à cela la large balafre qui lui barre le visage et qu’il n’a pas dû se faire en taillant les rosiers du jardin de sa mère, et l’ogre mangeur d’enfants qui peuplait vos cauchemars de gosse prend soudain forme devant vous ! ‘Deathamphetamine’, ‘Iconoclasm’, ‘A lesson in violence’, le carnage est total et chaque titre est envoyé avec toute la rage et la folie qui caractérisent et ont fait la réputation du combo. Chaque morceau transpire de furie et le travail de Rob Dukes est hallucinant de précision sur chacun des titres issus du fabuleux ‘Bonded by Blood’. Ce monument ultime, premier effort d’EXODUS paru en 1985 et pierre angulaire de l’histoire du Thrash, œuvre majeure et tout aussi essentielle qu’un ‘Kill’em All’, un ‘Reign in Blood’ ou un ‘Among the Living’ se voit ici revisité par un combo au meilleur de sa forme.

Tom Hunting, le batteur originel qui a repris sa place derrière les fûts après bien des tourments psychologiques délivre une prestation surpuissante et booste chaque titre, aidé par les lignes de basse de Jack Gibson, lourdes à souhait. Quant aux guitares, que dire sinon que la paire Gary Holt – Lee Altus fait merveille, encore plus incisive, tranchante et destructrice que la version originale que Gary formait avec Rick Hunolt. La suite est tout aussi jouissive et ‘War is my shepherd’ dédié aux boys de l’armée US, provoque l’hystérie générale. Les écrans géants qui encadrent la scène permettent à chacun de ne pas perdre une miette du chaos général qui règne dans la fosse, où les circle pits n’ont jamais été aussi violents, avant que Rob ne lance un Wall of Death immense sur le final de ‘Strike of the Beast’. Assurément un des meilleurs concerts de toute l’édition 2008.

Pas le temps de trainer. Le programme est chargé et je m’écroule dans l’herbe plus très verte sur les cotés de la Party Stage en faisant attention de ne pas m’allonger dans une flaque de pisse ( !) pour profiter du set d’OBITUARY. Les floridiens sont fidèles à eux-mêmes, me procurant cette sensation de déjà-vu tant leurs prestations se suivent et se ressemblent, en même temps que j’y puise régulièrement l’énergie suffisante pour trouver ça excellent. Mention spéciale à Trevor Perès et Ralf Santolla, dont la présence scénique booste le show du groupe.

La séance de martelage auditif se poursuit sur la Black Stage où, après un arrêt au carré presse pour une séance photo avec DORO, je me fonds dans une foule compacte afin de ne rien manquer du show de CARCASS. Reformés depuis quelques mois pour une série de shows qui n’en finit plus de s’allonger, les maîtres du Grind Death sont attendus de pied ferme par des fans dont la plupart étaient encore trop jeunes pour avoir croiser le combo sur scène au moment de son règne sur la musique de dégénérés, durant la première moitié des 90’s. Une chose est claire : si le show de CARCASS au Hellfest, deux mois plus tôt m’avait laissé un peu sur ma faim, je dois bien reconnaître que le set de ce soir m’a complètement transcendé. Hyper carrés, gonflés à bloc par l’enjeu et soutenus par un public manifestement venu en masse pour eux, les quatre anglais vont livrer une prestation immense, rentre dedans et percutante comme on n’osait en rêver. ‘Corporal Jigsore’, le fabuleux ‘No love lost’, ‘Embodiment’, ‘Genital Grinder’, le bordel dans le pit est à l’image de la violence musicale du groupe. ‘Reek of putrefaction’ est un bonheur de brutalité tandis que ‘Incarnated Solvent Abuse’ voit Angela Gossow d’ARCH ENEMY rejoindre le groupe pour une jam qui déclenche une nouvelle vague de folie dans les premiers rangs. Les crowd-surfers sont légion et la fin du set met tout le monde d’accord. CARCASS a, à l’image d’EXODUS, livré un des meilleurs moments du WOA.

Et que dire de la suite ? Tout simplement qu’elle fut tout aussi jouissive que le reste, avec tout d’abord AT THE GATES, énième combo suédois de l’affiche, lui aussi reformé pour une série de dates partout en Europe. La prestation du combo est àl’image du set livré en juin au Hellfest, et balaie tout sur son passage. Des musiciens déterminés, un Tomas Lindberg époustouflant de maîtrise, hurleur ultime et formidable frontman, l’énergie développée par AT THE GATES est énorme et se transmet au public qui n’en demandait pas mieux et livre ses dernières forces. Ce groupe, précurseur avec IN FLAMES de l’école suédoise du Death Mélodique, responsable du fabuleux ‘Slaughter of the soul’ paru en 1995 et lui-même héritier des ENTOMBED et autres DISMEMBER a prouvé s’il en était encore besoin toute la vivacité et la domination de la scène scandinave sur la vieille Europe et a offert à son tour, un set d’exception qui fera date dans l’histoire du WOA.

Alors que sur la True Metal Stage, NIGHTWISH livre à son public le set qu’il attendait, je bats en retraite vers le bar afin de rester sur le souvenir de la prestation du combo livrée en 2005 ici même avec Tarja, avant de revenir vers la Black Stage pour le dernier grand moment de ce WOA. Restons toutefois quelques instants sur 2005, pour évoquer la tuerie qu’avait délivrée KREATOR cette année-là. Visible sur le DVD de l’édition Deluxe du ‘Enemy of God’, ce show avait laissé des traces indélébiles dans ma mémoire et j’espérais secrètement revivre l’expérience. J’en rêvais, KREATOR l’a fait ! Il est minuit passé et dans l’humidité de la nuit nord – allemande l’intro de ‘The Patriarch’ annonce la couleur. Rouge sang ! Les silhouettes de Mille et ses potes apparaissent et la furie KREATOR s’abat sur le WOA. ‘Violent Revolution’, ‘ Pleasure to Kill’, ‘Enemy of God ‘, ‘People of the Lie’, ‘Europe After the Rain’, le show est lancé sans temps mort.

Mille est gonflé à bloc, harangue la foule de ses speeches habituels, toujours aussi efficaces lorsque pris au second degré et la joie dans la violence est extrême lorsque le groupe enchaîne ses hits. ‘Suicide Terrorist ‘, ‘Extreme Aggression ‘, ‘Phobia’, ‘Betrayer’, ‘Voices of the Dead ‘, ‘Reconquering the Throne’, l’énergie dégagée par le combo est intense et l’air ambiant semble s’épaissir titre après titre. La fosse est en folie et mon cerveau est au bord de l’implosion ! La fin du set est à l’image du reste du concert : sauvage.
‘Impossible Brutality’, et le duo ‘Flag of Hate / Tormentor’ ponctuent la prestation de KREATOR et par là même l’édition 2008 du Wacken Open Air. 2009 est maintenant dans la ligne de mire, qui célèbrera les vingt ans du plus grand festival Métal au Monde. ‘Harder, Louder, Faster’ ! (YvesZ).

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