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HELLFEST 2023 – Clisson, France – 15 au 18 juin 2023

HELLFEST 2023 – Clisson, France – 15 au 18 juin 2023

HF - Affiche

Si les allemands ont leur « Holy Ground » à Wacken, nous n’avons rien à leur envier et c’est avec une fierté non dissimulée que nous pouvons honorer comme il se doit notre « Rock City » française, j’ai nommé Clisson !

Hôte de ce qui se fait de mieux en matière de festival Métal, la Venise de l’Ouest accueille à nouveau cette année le Hellfest. Et quel Hellfest, mes amis, tant l’affiche de l’édition 2023 donne le vertige avec des headliners comme KISS, IRON MAIDEN, DEF LEPPARD, MOTLEY CRUE ou encore PANTERA !

C’est donc avec un plaisir intact à celui qui m’envahit depuis 2006 et la première édition du Fest que je reprends la route, direction la région nantaise pour 4 jours fous, avec des gens partout, du son partout, et cette sensation de déconnecter totalement de la réalité de tous les jours le temps d’un week-end.

HF - cathedrale

Jeudi 15 juin :

Démarrage tout en douceur pour ce premier jour de festival. Le Hellfest, qui a inauguré l’an passé le format de 4 jours sur le deuxième week-end de la double édition de 2022 développe désormais cette nouvelle formule et on sait d’emblée qu’il va falloir gérer nos propres organismes pour tenir debout tout le week-end.

Et dès l’ouverture des portes, on constate que les organisateurs ont encore relevé le niveau cette année. Si le Hell City Square fait désormais partie du décor, le gros changement s’opère dans l’enceinte même du festival. Exit la Valley Stage couverte à l’entrée du site pour laisser la place au Sanctuaire, un imposant bâtiment en dur, noir, aux allures de temple et abritant le merchandising du Hellfest et devant lequel se pressent déjà des milliers de festivaliers.

HF - Sanctuary

La Valley Stage nouvelle-formule est déplacée quant à elle à l’arrière de l’espace restauration et encadre avec la Warzone la statue de Lemmy, majestueuse et bienveillante, et qui veillera à nouveau sur nous durant tout le festival.

Et c’est précisément sur la Valley que démarre mon nouveau périple avec les montpelliérains d’HYPNO5E, dont les riffs du nouvel album « Sheol » se marient parfaitement aux merveilles de l’imparable « Des deux l’une est l’autre ». Si la nouvelle configuration de cette scène, en plein air, décontenance quelque peu certains habitués qui regrettent l’ambiance presque intimiste de l’ancienne Valley, force est de constatée que le mode « open-air » donne une autre ampleur au son et évite l’effet « boite de conserve » de l’ancienne halle couverte.

Le truc, c’est d’avoir de bonnes jambes pour traverser la forêt et atteindre dans les temps les Main-stages pour ne rien louper de la suite du programme et l’entrée en scène de COHEED AND CAMBRIA. Et première grosse claque du week-end ! Le combo new-yorkais fait l’unanimité, drivé par un Claudio Sanchez impérial et qui manifestement déguste ce moment passé sur la Main-stage 1.

HF - Coheed

crédits : Nicolas Lambinet – shootmeagain webzine

Retour sur la Valley, où TODAY IS THE DAY monte sur les planches. C’est un Steve Austin goguenard et sur lequel le temps a fait son œuvre qui lance le set du combo de Nashville. Le noisy-core des américains nous embarque vite et ce n’est pas l’interruption de 10 minutes causée par un générateur grillé qui fera baisser la pression. Le trio se fait plaisir, nous envoie chaque titre comme une salve de plomb et « Temple of the morning star » ponctue un set qui m’a donné chaud partout.

Pendant ce temps, les poètes de POESIE ZERO ont pris d’assaut la Warzone devant laquelle règne un chaos indescriptible. Le site est plein à craquer et il est quasiment impossible de se frayer un passage tant le public, composé de connaisseurs mais aussi de curieux est venu en masse célébrer la messe punk d’un groupe qui avait ébouriffé la Hell city Stage l’an passé ! Et pendant ce temps, sur la Main Stage 1, les papis que sont Billy Idol et Steve Jones tentent péniblement de faire revivre les Pistols et Generation X avec leur projet GENERATION SEX en lisant leurs textes sur des prompteurs planqués entre les retours de scène … Cherchez l’erreur !

Pas le temps de s’attarder. Un gros morceau nous attend sur la Main Stage 2. IN FLAMES est dans la place et l’entrée en scène des suédois est saluée par une fosse bouillonnante qui n’en finira pas de s’agiter et de grouiller en tous sens durant tout le set. Pogos, circle-pits, crowd-surfers, ça pousse, ça crie, ça éructe, et « Only for the weak » soulève la foule comme jamais.

Les gars de Gotheborg se régalent du spectacle et même s’il ne reste de la formation qui a fait l’histoire du combo que le chanteur Anders Friden et le guitariste Bjorn Gelotte, force est de constater que le groupe n’a rien perdu de sa puissance et de son aura sur le style qui a depuis fait des petits, comme en témoigneront les groupes de Metal-core qui se succèderont à l’affiche les jours suivants.

HF - Inflames

Crédits photo : Marius Lenière

Gros carton donc pour IN FLAMES tandis que sur la Main Stage 1 voisine sont annoncés les HOLLYWOOD VAMPIRES. Deuxième venue pour le super-groupe américain au Hellfest et grosse affluence pour accueillir, outre Alice Cooper et Joe Perry, le phénomène Johnny Depp dont l’actualité judiciaire de ces derniers mois a quelque peu fait oublier que c’est un sacré musicien, passionné, et qui tient parfaitement son rang aux côtés du six-cordiste d’AEROSMITH et de Tommy Henriksen, bras droit d’Alice dans son groupe solo.

« I want my now », « Raise the dead », « People who died », ça riffe dans tous les sens et les premiers rangs sont en feu ! Les trois guitaristes tricotent sévère et Alice est impérial en maitre de cérémonie. Quel frontman ! La suite est tout aussi jouissive, avec la cover de « Heroes » de David Bowie, le « Walk this way » de qui-vous-savez, et en final un « School’s out » renversant. Assurément un des top-shows de la journée, sinon du week-end.

A ce stade, un constant s’impose. Nous avons l’habitude avec le temps de voir les deux main-stages se répondre, avec des programmes bien étudiés pour que chaque scène propose un enchainement le plus homogène possible au public. Cette année, c’est encore plus marqué avec, au fil du running-order, la scène des plus de 40 ans d’un côté, plutôt rock et heavy et celle des moins de 40 de l’autre, axée metal-core, nu-pop-punk-metal-pour-les-djeuns et autres groupes extrêmes qui mélangent tout ! Et quand on adore se goinfrer de tout, on fait l’essuie-glace en sautant d’une fosse à l’autre.

C’est donc devant la Main-stage 2 que je retrouve ARCHITECTS, dont ma dernière rencontre avec le groupe de Brighton remonte précisément à sa prestation lors de l’édition 2011 sur les mêmes planches. Et que de chemin parcouru par les anglais, dont le Metal-Core sans concession foudroie littéralement un public qui en redemande.

Le groupe, piloté par un Sam Carter des grands jours puise dans sa discographie en faisant la part belle à son « For those that wish to exist » et ses « Animals », « Black lungs » et autres « Little wonder ». Moment de communion totale sur « When we were young » et retour devant la Main stage 2 pour un autre moment d’histoire comme le Hellfest nous offre régulièrement.

Un immense rideau noir griffé « KISS » est dressé et masque la scène. Le groupe de Gene Simmons et Paul Stanley est lancé dans sa tournée « The End of the Road » qui parcourt le monde en tout sens et trouvera son achèvement en fin d’année 2023. Pour de bon. Alors si c’est la dernière fois ou une des dernières fois que l‘on peut s’éclater les bronches en chantant à tue-tête sur « Detroit rock city », « Shout it out loud » et « Deuce », on ne va pas s’en priver.

C’est sur cette entame de set, tout en feux d’artifices, flammes et autres pétards que les quatre garçons attaquent leur quatrième venue au Hellfest, après les shows mémorables donnés en 2010, 2013 et 2019. « War machine » laisse la part belle à Gene, « Cold Gin » me renvoie au début des 80’s dans ma chambre d’adolescent et l’enchainement « Lick it up / Makin’ love » donne envie à certains de se frotter aux arbres ! A côté de moi, deux gamines tout juste majeures se filent de la poudre dans le pif, tandis que ma câme est sur scène, incarnée par un démon hirsute crachant du sang sur les lourdes lignes de basse d’un « God of Thunder » intemporel !

GENE HF 2023

Crédit photo lamagicbox.com

« Love gun » puis « Black diamond » montent encore en intensité, tandis que le délicat « Beth » lance les rappels évidents et géniaux de « I was made for lovin’ you » et « Rock and roll all nite » sous des pluies de confettis. Juste fatal !

Après un tel kiff, redescente en douceur si l’on peut dire sur la scène voisine avec la prestation musclée d’un PARKWAY DRIVE gonflé à bloc et dont le titre « Dedicated » vient te briser les rotules et tu aimes ça ! « Bring the shit !! » hurle Winston McCall, et « Idols and Anchors » met tout le monde d’accord sur la puissance de frappe des australiens. Imparable !

Vendredi 16 juin :

Deuxième journée en forme de marathon. Ça démarre fort dès 10h30 et le trio bruxellois de MY DILIGENCE et son rock mélodique irrésistible sur la Valley Stage, les joyeux drilles de P-TROLL sur la Main-Stage 1 et le duel ESCAPE THE FATE / LLNN sur la Main 2 et la Valley. Car c’est ça aussi le Hellfest, des chevauchements et des choix à faire dans un running-order dégoulinant de groupes tous plus excitants les uns que les autres et t’imposant de faire des choix … et de courir vite !

On calme un peu le jeu le temps de taper du pied avec les QUIREBOYS mais sans Spike sur la Main Stage 1, on se rafraichit avec une bière avec Steve Harris et son BRITISH LION, on se laisse faire sur le pop-punk-rap-jesaispasqoua de MOD SUN avant que Richie Faulkner et ses ELEGANT WEAPONS ne mettent tout le monde d’accord sur ce qu’est le Metal « In Your Face » ! Grand moment sur la Main Stage 1, donc, avec ce super-groupe composé, outre le guitariste de JUDAS PRIEST, du chanteur Ronnie Romero de RAINBOW, du batteur Christopher Williams d’ACCEPT, et du bassiste Dave Rimmer d’URIAH HEEP.

Juste le temps de recharger les batteries et retour devant la Main Stage 2 pour un autre grand moment de la journée et du week-end avec l’entrée en scène de SKID ROW, dont la dernière venue au Hellfest date déjà de 2014 lorsque le groupe tournait encore avec le chanteur Johnny Solinger malheureusement décédé il y a deux ans. Entre temps, le groupe a connu trois chanteurs, Tony Harnell (T.N.T.), ZP (ex-DRAGONFORCE), avant de dénicher la perle rare, le diamant brut, en la personne d’Erik Grönwall, jeune hurleur suédois et ex-H.E.A.T. qui casse la baraque chaque soir.

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Crédit photo : Stephan Birlouez Photography

L’arrivée d’Erik au chant en 2022, quelques jours avant une série de shows en résidence à Las Vegas en guest des SCORPIONS et pile à l’heure pour l’enregistrement du génial album « The gang’s all here » est peut-être la meilleure chose qui soit arrivée aux Skids depuis bien longtemps. Et c’est bien mérité tant le psychodrame perpétuel et savamment entretenu du départ/éviction de Sebastian Bach en 1996 colle à un groupe qui ne demande qu’à aller de l’avant et confirme à longueur d’interviews et dans les couloirs qu’il se fout pas mal de faire revivre le passé, même si des valises de dollars lui sont régulièrement promises.

Place à la musique, donc et à la bourrasque Grönwall, qui dès les premiers accords de « Slave to the Grind » emporte tout sur son passage et souffle les premiers rangs. « Big guns », « Piece of me », « Eighteen and life », les hits s’enchainent et le chanteur par ailleurs excellent frontman n’en finit pas de ravir un public venu en masse pour voir le phénomène. A ses côtés, Rachel Bolan, Scotti Hill et Snake Sabo sont à la fête eux aussi et se la donnent à fond en affichant une banane communicative comme on ne leur en avait pas vu depuis longtemps. Derrière ses fûts, le toujours discret Rob Hammersmith envoie du lourd tandis que « Living on a chain gang » donne l’occasion au chanteur d’atteindre les notes parmi les plus aigües du week-end, juste comme ça, l’air de rien ! Une tuerie absolue et la suite du programme est tout aussi explosive, avec un « Monkey Business » des grands jours, l’immanquable « I remember you » et un « Youth gone wild » final qui voit le groupe tutoyer les sommets et sortir de scène sous les ovations d’un public à genoux ! Un des grands moments de ce week-end !

erik

Crédit photo : Stephan Birlouez Photography

Alors forcément, après ça, c’est en croix et dans l’herbe encore verte que je m’écroule et que je laisse les américains de MOTIONLESS IN WHITE prendre les commandes de mes tympans pour une heure d’un metal-core hyper-calibré dont les kids raffolent. Les « new blood », comme les appellent un certain Phil Anselmo font une ovation au combo dont le titre « Slaughterhouse » imprègne encore mes cellules !

Pas le temps de ralentir le rythme, on se remet en selle devant la Main Stage 1 où la pression monte encore d’un cran avec l’arrivée d’ALTER BRIDGE dont la tournée actuelle en soutien du superbe « Pawns and Kings » est un succès total et m’avait laissé sur les rotules lors d’une soirée mémorable au sacrosaint Razzmatazz de Barcelone durant l’hiver passé.

Et la date de ce soir ne déroge pas à la règle. ALTER BRIDGE est une machine de guerre et le duo Kennedy / Tremonti fait un malheur, sur scène comme en studio. Les hits s’enchainent, ça joue avec classe et tu te laisse embarquer sans résister. Brillant !

MARC

Crédits Photo : Christiane Tastayre

La classe, c’est une valeur et une qualité qu’un autre groupe connait et cultive bien. Il s’agit de DEF LEPPARD qui, toujours sur la Main Stage 1 lance la soirée des têtes d’affiche. Pour sa troisième apparition au Hellfest, le LEP’ nous éclabousse à nouveau de sa majesté. Tout est travaillé, les harmonies vocales, les plans de Phil collen qui parsèment chaque morceau, le choix des titres qui nous permet de revisiter l’histoire du combo de Sheffield, les vidéos diffusées en guise de backdrop, et en front de scène, un Joe Elliot qui semble retrouver une nouvelle jeunesse.

def lep

La suite va me laisser pour le moins songeur, et je ne suis pas le seul. A l’instar de MOD SUN, bien plus tôt dans la journée, le Main Stage 2 accueille un autre artiste de la mouvance rap-pop-punk- emo-core-jesaispasqoua en la personne de MACHINE GUN KELLY, plus connu par chez nous pour avoir incarné Tommy Lee dans le biopic « The Dirt », dédié à MOTLEY CRUE. Flanqué d’une grosse production avec grosse pyramide de cubes ouverte sur sa hauteur intégrant claviers et batterie à sa base, une section rythmique calée au millimètre et en guise d’atout-charme, la belle et non moins performante Sophie Lloyd, le garçon dont le regard semble totalement perdu nous livre des titres sans saveur, au fil d’un set décousu durant lequel il aura semblé peu concerné et vraiment ailleurs. Une incongruité !

Arrive enfin le moment tant attendu de l’entrée en scène de MOTLEY CRUE sur la Main Stage 1. Le groupe par lequel le scandale n’est jamais loin ! Et pour cause. Attaqué de toutes parts par des fans reprochant à Nikki Sixx et ses acolytes de pratiquer le playback à haute dose, et pas que sur le chant, le groupe peut compter se soir sur un gros cortège de curieux, portables en main, prêts à traquer le moindre backing-track pour le balancer sitôt le concert fini sur les réseaux en espérant leur quart d’heure de gloire.

Tant pis pour ces derniers, vu le chant de canard approximatif de Vince Neil dès le premier titre, on se dit qu’on va se filer du vrai live, bien déglingué, comme le CRUE nous en donne depuis 40 ans … jusqu’au lancement du titre « The Dirt ». Alors que tout se passait bien, que Nikki en faisait des tonnes pour qu’on ne voit que lui, que Tommy Lee s’agitait en tout sens derrière son kit pour que ce soit lui qu’on voit le plus, que Vince parvenait à s’en sortir sur le refrain de « Shout at the devil », que John 5 tenait sa telecaster plus haut que John Petrucci sa MusicMan et que les Nasty Habits faisaient diversion en se trémoussant en expertes du gogo-dancing, voilà que « The Dirt » est lancé par le groupe, … ou plutôt par l’ingé-son.

Parce que là, c’est tout le groupe qui se met à faire du playback et du lipsync. De manière flagrante et éhontée. Et quand Macine Gun Kelly se pointe pour jammer sur les parties parlées du titre, en mimant lui aussi ses lignes de chant, ils sont nombreux à dégoupiller dans le public. Moralité : en 17 éditions du Hellfest (en comptant les 2 sessions de 2022), jamais un artiste n’a été hué. Ce n’est plus le cas depuis ce soir et nombreux sont ceux à exprimer leur amertume après ce foutage de gueule.

Le chanteur Vince Neil et le bassiste Nikki Sixx

On savait que les mecs du CRUE étaient des baltringues, et on les aime pour ça. Ça joue les durs, c’est sexiste, ça file des boutons aux excitées du wokisme, et ça fait du bien. Mais à ce niveau, ça n’est plus sympa du tout. Surtout quand le lendemain, IRON MAIDEN fera preuve d’une générosité et d’un professionnalisme rare et démontrera ce qu’est un patron !

En guise en clap de fin pour cette journée harassante, un saut sur la Altar Stage, où AS I LAY DYING, mené par le musculeux Tim Lambesis brise les os des plus résistants, et dernière bière devant les punk tziganes de GOGOL BORDELLO sur la Warzone, petit moment de fraicheur pour clôturer le vendredi.

Samedi 17 juin :

Troisième jour de festival. Les organismes sont mis à rude épreuve et le café du matin est le bienvenu au regard du programme de la journée.

Et ça démarre fort avec NATURE MORTE et PESTIFER qui s’enchainent sur la Temple et la Altar, puis les américains de SPIRIT ADRIFT dont le Heavy lourd à souhait électrise la Valley Stage. Le beau temps est au rendez-vous, on est bien, et après un saut rapide pour applaudir ZULU sur la Warzone, retour sur la Valley pour un grand moment de psyché-rock mélodique avec KING BUFFALO. Le combo de Rochester, dont le dernier album « Regenerator » tourne constamment sur ma platine, comme d’ailleurs le reste de la discographie du groupe, nous régale de ses riffs plombés et on espère le revoir au plus vite en salle dans une configuration « club » plus appropriée à la musique du trio.

Tandis que les suédois d’EVERGREY magnifient leur art du Power Metal mélodique sur la Main Stage 1, je prolonge mon séjour devant la Valley pour la montée sur les planches de CROWBAR. Gardant encore le souvenir du show donné à Toulouse, fin 2022 au Bikini, j’ai des fourmis partout sur les premiers riffs lancés par Kirk Winstein et ses potes. Ça joue fort ! Le sludge de la Nouvelle Orléans se déguste bien frappé, et les 45 minutes du set sont un pur délice avec comme point fort, un « Planets collide » remarquable de lourdeur et de mélodie.

L’après-midi se poursuit au même rythme et il est déjà 18h40 lorsque la Main-Stage 1 accueille un des sets les plus remarqués du week-end. PUSCIFER est annoncé et chacun se demande ce que Maynard Keenan et sa troupe nous ont préparé, tant le fantasque chanteur de TOOL s’y connait pour mettre en scène ses prestations.

PUSCIFER

D’autant plus énigmatique que la scène est organisée de manière peu conventionnelle, autour de deux grands écrans de chaque côté d’une plate-forme surélevée sous laquelle se trouve le kit-batterie.

Entrent alors en piste Maynard James Keenan et les autres membres du groupe, Carina Round, Mat Mitchell, le batteur Gunnar Olsen et le bassiste Greg Edwards pour une prestation toute en chorégraphie, peuplée d’aliens et de Men in Black et organisée principalement autour de l’excellent « Existential Reckoning », magnifié pour l’occasion par une performance visuelle inédite à mille lieux de certaines pitreries laborieuses vues la veille sur la même scène.

Et on poursuit la journée avec un autre gros poisson sur la Main Stage 2. ARCH ENEMY prend la suite et on comprend d’entrée que le groupe veut en découdre. Le son est monstrueux, les musiciens ont des allures de guerriers et Alissa White-Gluz va durant plus d’une heure se poser en grand prêtresse du Métal vengeur ! Des riffs en tout sens, des hits, des breaks, du blast, des brulots imparables (« War eternal », « My apocalypse ») et un final de feu (« Sunset Over the Empire » et « Nemesis »), le tout ponctué d’interventions en français d’Alissa, du meilleur effet ! Carton plein pour ARCH ENEMY et un public chauffé à blanc pour la suite de la soirée.

arch

Crédits photo : Gaël HERVE

PORCUPINE TREE fait redescendre la pression sur la Main Stage 1. Emmené par un Steve Wilson plutôt affable, le combo nous livre un de ses shows dont il a le secret, à la fois intimiste et terriblement efficace, progressif en diable, mélodique et terriblement captivant, avant de laisser la place, sur la scène voisine aux allemands de POWERWOLF, qui vont faire honneur à la finesse légendaire du peuple d’outre-Rhin !

porcupine HF

Crédit photo lamagicbox.com

Il est 21h00 précise lorsque l’intro de « Doctor Doctor » retentit dans la sono. Le site est plein à craquer et la fosse, devant la Main Stage 1, bondée. Pour les fans d’IRON MAIDEN, le lancement de ce titre d’UFO est le signe de ralliement ultime. Comme pour les fans de METALLICA avec le « Exctasy of Gold » d’Ennio Morricone. L’annonce du lancement d’un show de la Vierge de Fer. Et quel show ! Le groupe anglais revient en Europe avec une nouvelle tournée baptisée « The Future Past », axée principalement sur l’extraordinaire album « Somewhere in Time » paru en 1986 et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il offre chaque soir un spectacle d’une rare intensité.

Emmené par un Bruce Dickinson en grande forme, à la fois chanteur d’exception et frontman ultime, le groupe attaque son set dès les dernières mesures de l’intro « Blade Runner », avec d’emblée un duo « Caught somewhere in time / Stranger in a strange land » qui renvoie les plus anciens au beau milieu de l’époque bénie des 80’s, le tout enchainé par « The writing on the wall », « Days of future past » et « The time machine », trois titres issus du dernier album en date, le fameux « Senjutsu ». Bruce, toujours affable, nous gratifie de ses commentaires en français, et même si son analyse du passé, du futur et du « présent-qui-est-le-futur-du-passé-mais-nous-on-écrit-que-des-chansons » est tout juste compréhensible après trois jours de festival, on se laisse embarquer.

Et de toute façon, le simple fait de retrouver sur scène Steve Harris, Nicko Mc Brain, Adrian Smith, Dave Murray et même Janick Gers suffit au bonheur des fans, tant le groupe nous délivre encore une fois un show précis, généreux et professionnel. Et avec une prise de risque certaine, IRON MAIDEN nous aillant habitués à organiser ses setlists autour du plus récent de ses albums (5 titres de « Senjutsu » sur 15 morceaux joués ce soir), quitte à ce que certains classiques passent à la trappe. Pas de « The number of the beast » sur cette tournée mais quelques perles comme « The Prisoner » ou encore l’immense « Alexander the Great ».
Lorsque les dernières mesures de « Wasted years » retentissent dans la sono et que le groupe tire sa révérence, nombre de festivaliers se mettent à partager la même certitude. Ils viennent de croiser les vrais patrons du week-end. A l’instar de METALLICA en 2022.

Le chanteur Bruce Dickinson pas le dernier à toujours venir provoquer le public

Et cerise sur le gâteau, il n’est que 23h00 et on peut poursuivre notre soirée tout en douceur en filant vers la Valley Stage où CLUTCH nous régale de son Heavy Stoner groovy à mort qui fait circuler le sang. Une heure de pur bonheur avant un dernier sprint vers la Altar pour ne rien rater des géniaux MESHUGGAH, dont le mur de son parachève une journée d’une densité rare.

Dimanche 18 juin :

La pluie s’invite au programme de cette dernière journée et ça gadouille copieusement sur le site, devant la Altar et la Temple lorsque STRIGOI, le groupe de Greg McIntosh (PARADISE LOST) monte sur scène pour 30 minutes d’un Death Doom dépressif et lourd à souhait.

Dehors, la pluie ne cesse pas et la forêt qui mène à la Valley Stage est traversée de petites rivières qui charrient les copeaux de bois installés autour des pissotières voisines, un vrai bonheur ! Mais le vrai kiff, il est sur la Valley où EMPIRE STATE BASTARD, le projet du batteur Dave Lombardo dont je vous laisse définir le style livre une prestation complètement folle, mélange de Post-Hard Core expérimental, de Grind et de Mr Bungle. Rien que ça. Et ça sonne méchamment bien !

La météo évolue favorablement au fil de la journée et HALESTORM en profite pour livrer un show de grande qualité sur la Main Stage 2. Le groupe, qui m’avait filé une sacrée claque cet hiver lors de sa tournée avec ALTER BRIDGE réitère cet après-midi et Lzzy Hale se pose en front-woman d’exception, tant par sa voix, sa présence scénique, … et sa Gibson explorer rouge absolument superbe !

LZZY

Crédits photo : Gaël HERVE

Après un détour sur la Valley pour le set de DOZER, direction la Altar Stage où HOLY MOSES ravit ses fans. Le Thrash Death des allemands fait mouche, et on a un pincement au cœur lorsque Sabina Classen nous annonce qu’en fin d’année, le groupe célèbrera les 60 ans de sa chanteuse iconique lors d’un concert d’adieu à Hambourg. Encore un groupe qui tire sa révérence …

Trêve de sentimentalisme, l’heure est venue de bouffer de la viande crue. Le vikings de AMON AMARTH investissement la Man Stage 1 et leur death mélodique avec drakkars et casques à cornes n’attend pas ! Growls, riffs pachidermiques, cornes d’auroch, les suédois ne font pas dans la dentelle et même si, album après album, tournée après tournée, on pourrait ressentir comme un peu de déjà-vu, le résultat reste plaisant et nous fait passer un bon moment.

Devant moi, une festivalière ne retient pas ses larmes. Nous sommes devant la Main Stage 2 et un des stage-managers vient d’annoncer au micro l’annulation de dernière minute d’INCUBUS, un de ses membres ayant des problèmes de santé. L’attente de voir ou revoir le combo américain était très vive dans les premiers rangs, tant le groupe de Brandon Boyd se fait rare dans nos contrées et son dernier passage à l’été 2018 en Espagne reste pour moi un grand souvenir.

Et le gagnant du jour s’appelle … CRIZIX ! Le thrash-gang barcelonais, déjà présent en 2022 sur la même scène (le batteur en moins pour cause de Covid positif) a été appelé le jour même et le moteur de son van est encore chaud quand il investit la scène pour 45 minutes tout-à-fond, et tout-en-fun, le groupe nous rappelant un certain ANTHRAX de la fin des 80’s. Bonne humeur, grosse banane, riffs de feu et blast à tous les étages ! Que du plaisir, de l’énergie et un pit en folie pour un groupe « positif à bloc », comme dirait l’autre !

La suite se passe sur la Main Stage 1, où TENACIOUS D nous offre un intermède « café du théâtre » comme jamais le HELFEST ne s’y était tenté, et les fans semblent apprécier. C’est le moment de recharger les batteries avant LE grand moment de la journée, la venue en terre clissonnaise de PANTERA.

La fosse de la Main Stage2 est archi-bondée et des images issues des « Vugar videos » tournent sur les écrans au son des riffs de Dimebag et consorts. Le rideau géant qui masque la scène est soudain affalé et le groupe apparait sur scène au son de « New Level ». Explosion dans la fosse ! « Mouth for war », « Strenght beyond strength », le rouleau compresseur se met en marche et il me suffit de fermer les yeux pour me retrouver quelques 25 ans plus tôt, un soir de mai 1998 lors du concert sauvage donné par le combo texan au Zénith de Paris.

phil

Crédits Photo : Christiane Tastayre

« Becoming », « I’m broken », « Suicide note Part II », les hits s’enchainent et le public est aux anges. Zakk Wylde fait un boulot remarquable à la guitare et Charlie Benante est impérial derrière son kit de batterie, magnifiant l’un et l’autre les parties des regrettés Abbott Brothers. Si Rexx reste comme il l’a toujours été, le moins exposé du quatuor, Phil occupe le devant de scène et assure la communication avec les fans, à défaut de faire le show, comme c’était le cas dans les 90’s lorsque PANTERA détenait le leadership du Metal international.

Il faut dire que le garçon a bien cramé la vie ces vingt dernières années et son corps le lui fait payer aujourd’hui. Mais cela ne semble pas bouleverser le public, trop heureux de célébrer l’héritage d’un des groupes parmi les plus respectés de la planète Métal et qui a inspiré et inspire encore grandement une immensité de musiciens et d’artistes qui assument totalement la filiation !

« 5 minutes alone », « This love », « Yesterday don’t mean shit », la tension monte encore d’un cran et « Fucking hostile » porte un coup fatal aux malheureux qui tentaient d’échapper aux mosh-pits. Arrive enfin le final, avec un enchainement « Walk / Cowboys from hell » d’anthologie et la messe est dite. Et bien dite ! PANTERA a frappé fort, comme il le fait sur chaque date depuis le lancement de cette tournée – hommage, et quand Phil demande au public s’il serait prêt à se déplacer en cas de tournée en salle, on se dit que l’idée d’une prolongation du plaisir pourrait bien chatouiller les quatre gaillards. Affaire à suivre.

zakk

Crédits Photo : Christiane Tastayre

L’heure tourne, la journée tire à sa fin et avec elle, la fin du Hellfest 2023. Mais pas question de lâcher l’affaire. Il reste encore quelques belles perles à admirer et ça commence avec les MELVINS qui livrent un set massif sur la Valley, avant de faire un crochet devant la Main Stage 1 où SLIPKNOT fait honneur, comme IRON MAIDEN la veille à son statut de Headliner avant de filer en direction de la Temple où Paradise Lost termine son set et nous file le frisson. Il est 23h00 et le dernier gros morceau de la soirée s’annonce sur la Altar. TESTAMENT entre en scène pour clôturer dans la furie et les flammes la 16ème édition d’un festival devenu, au fil des ans un rendez-vous incontournable et qui fait autorité dans le monde du business musical.

Il est minuit, un feu d’artifice claque dans le ciel de Clisson et la vraie vie refait peu à peu son chemin dans les esprits de chacun. Encore une courte nuit et retour au bercail avec des souvenirs plein la tête, des bourdonnements dans les oreilles et un peu de boue séchée sous les semelles, histoire de ramener un peu de la terre sacrée de Clisson à la maison. Et avec juste une idée fixe : Remettre ça l’an prochain !

YvesZ.

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