HELLFEST 2012 – Clisson, France – 15,16 et 17 juin 2012
HELLFEST – 15,16 et 17 juin 2012 – Clisson, France.
Jeudi 14 juin 2012. Il est 7h du matin et je vais un dernier inventaire avant de tailler la route. Tente, duvet, quelques tee-shirts, des fringues pour le beau temps, des fringues pour le mauvais temps, des bouchons d’oreille, des barres de céréales et quelques Doliprane … Tout est en ordre pour le week-end qui s’annonce. Direction Clisson, à 800 bornes de la maison pour la 7ème édition du festival dont les métalleux hexagonaux peuvent être plus que fiers : le HELLFEST !
Au programme, trois jours et trois nuits de fureur sonore avec, en haut de l’affiche, OZZY OSBOURNE, GUNS’N ROSES, MEGADETH, MACHINE HEAD, KING DIAMOND et une tripotée de combos aux dents acérées qui font de cette nouvelle édition, un must du genre, et certainement un des plateaux parmi les plus relevés des summer festivals de l’année.
Arrivés en milieu d’après midi avec mes acolytes Phil, du légendaire webzine LEPROZY.COM et de Wendy, l’activiste forcené de Gabu Asso, qui sévissent depuis des années sur le biterrois et au-delà, c’est par une bière salutaire que nous plongeons dans le grand bain. Il doit être 17h et aux abords du festival, règne ce climat si particulier d’avant – fest, avec ces fans poussant des caddys farcis de packs de bières et de bouffe, ces autres, qui descendent par grappes de la gare, sacs de couchage et tentes Quechua sur le dos, tels des tortues improbables, ces éléphants roses, qui déjà, cuvent leur première valise de Kro contre un talus, … bref, le contexte parfait, annonciateur d’une fin de semaine gratinée !
Vendredi 15 juin :
Les bras cassés qui me servent de partenaires de virée sont au complet. Le camping municipal, qui nous accueille chaque année, est bien paisible et l’atmosphère qui y règne tranche avec le bordel sur le parking du Leclerc tout procha. Le Hellfest va ouvrir ses portes à quelques encablures et nos pass-presse nous permettent d’accéder au site avant la horde.
Reconfiguré sur un nouveau terrain, le cadre a été entièrement repensé et nous prenons une grosse claque à la vue des aménagements et des décors installés pour la grande messe du Métal. Six scènes, un espace VIP superbe, avec gravier au sol (très bonne idée pour éviter la boue !), des sculptures en métal toujours plus abouties et recherchées, le fameux carré VIP « Le Super », et puis ces installations en ferraille, ornant les différents espaces, les stands de merchandising et, sommet de cette créativité délirante, le portique d’entrée, traversé de points de passage multiples pour éviter l’engorgement, et flanqué d’une machinerie infernale qui se met en marche à l’ouverture des portes, dans la fureur et les flammes ! Génial !
Ça y est, le festival est lancé. Déjà, sous le chapiteau qui accueille deux scène, agencées en angle, la Altar et la Temple, les premiers riffs retentissent et TREPALIUM envoit son Métal chaotique devant un parterre de fans qui lâchent prise dès les premiers titres et se libèrent d’une année d’attente, parfois insoutenable. Il faut dire qu’on l’aime, notre Hellfest, et quand on peur mesurer année après année, la qualité de sa programmation. Que du bonheur, donc, même si le son est loin d’être génial sous ce chapiteau, passé les 20 premiers rangs. Alors, on va devant, on s’en prend plein les oreilles, plein les côtes, et on en redemande car on est venu pour ça !
Et comme MERRIMACK prend la suite sur lé scène d’à coté, on s’en remet une louche à grand coup de ce Black furieux et aggressif à souhait qui caractérise les auteurs du fameux « Grey Rigorism ».
BENIGHTED prend la suite sur la Altar et la pression ne retombe pas. Ça pulse un max dans la fosse et le public fait un triomphe aux stéphanois, qui nous balancent les meilleurs titres de leur récent « Asylum Cave ».
Quelle entrée en matière, mes amis, quel départ en fanfare ! Un arrêt au stand plus tard, je me retrouve à nouveau sous le grand chapiteau pour l’entrée en scène de BENEDICTION. Les vétérans du Death Métal bruto-pachidermique sont dans la place et ce sont plus de deux décennies de brutalité sonore qui nous sont envoyées à la face, pour notre plus grand plaisir, avec cette envie furieuse de se replonger dans la discographie du combo de Birmingham dès le retour à la maison.
Pas le temps de trainer. La suite se passe sur la Main Stage, sous une météo encore clémente. Sur la Main Stage 1 se prépare un drole de cirque avec le backdrop de LIZZY BORDEN qui vient d’être dressé derrière le drumkit. Le combo américain, chantre du Métal US des 80’s investit les planches sous le regard curieux des plus jeunes, et celui, forcément nostalgique de ceux qui ont connu la période bénie des années 80, celle du Hair Métal, de l’opposition glameux / Trasheurs (sans H après le T !), des futals rayés et des descentes de manche à 200 BPM, … la « belle époque », quoi !
« Tomorrow never comes », « Red rum », « We only come out at night », les brulots s’enchainent et la paire de gratteux en fait des tonnes, crinières au vent, tandis qu’au chant, Lizzy l’emmasqué (« Arrête de rire, Nico ! ») terrorise les premiers rangs à grands coups de « Me against the world », « American Metal » et du final « Something’s crawling ». « Heavy », vous avez dit « Heavy » ? Trop bon !
Un break s’impose et je file au stand Woodbrass tenter ma chance et gagner une batterie, avant de jeter une oreille au set d’ENSTILLE sur la Temple. Les allemands envoient leur gros black, sans grande finesse et dans un potage sonore infernal, et je me replis vers le Metal Market, repéré quelques bons plans avant que VOMITORY n’investisse la Altar. Les suédois et leur death délicieux me font un effet bœuf et ce n’est que de loin que je vais suivre, ensuite, la prestation d’UNISONIC sur la Main Stage. Ok, les allemands tentent de faire le buzz en cette fin de printemps avec le retour de Mikael Kiske dans le Métal (après en avoir dit beaucoup, et pas toujours en bien !) avec, à ses côtés, un Kai Hansen qui s’accroche aux branches d’un succès passé qu’il a du mal à capitaliser dans GAMMA RAY.
Ça riffe, les mélodies et les doubles bombes tournent à plein, le public semble ravi, en fermant les yeux, de revivre la période des « Keepers part I and II » du grand HELLOWEEN, et on est content pour lui … mais je laisse volontiers tout ce petit monde pour une dose de DISCHARGE sous la tente de la Warzone !
La météo est de moins en moins joyeuse, et alors que BRUJERIA investit la Altar, je me prends une averse de la mort en ralliant la Valley, où ORANGE GOBLIN envoit son Doom sans concession à un public en délire.
Les anglais, dont la popularité ne cesse de grimper outre-manche sont en train, au fil de chaque sortie d’album, de gagner le cœur et les tripes de nouveaux fans tout autour de la planète et leur récent « Eulogy for the damned » a encore fait grossir les troupes.
« Red Tide », « Rising », « The Filthy & the Few », « The Ballad of Solomon », ça riffe dur et ça cogne sévère, il fait 100 degrés sous la tente et c’est le feu dans les premiers rangs. La pluie ne cesse de tomber dehors, et l’humidité envahit l’espace tandis que sur scène, Ben Ward constate le triomphe de son combo. Assurément le grand moment de cette première journée !
J’adore NASUM. C’est un truc qui ne s’explique pas. C’est hors de toute rationalité. Alors, quand le groupe envoie son « Mass Hypnosis » sur la Altar, je me laisse emporté, comme une bonne partie des furieux présents dans la fosse. NASUM, c’est plus fort que toi. Alors, tu te laisses emporter, et tu succombes aux coups de boutoir de « Multinational Murderers Network », « A Welcome Breeze of Stinking Air » et «I Hate People », avant de subir le coup fatal sur un fameux « Inhale/Exhale ».
… et pour se remettre, quoi de mieux qu’un peu de CANNIBAL CORPSE ? Rien de mieux en effet, alors quand George Corpsegrinder et ses potes investissent la scène, on n’oppose aucune résistance et on se prend en pleine face, le Death d’apocalypse d’un des plus grands et plus respectés combos que le monde des morts vivants nous ait offert, avant d’aller se finir sur la dernière demi heure du set des excellents DROPKICK MURPHYS sur la Main Stage 2 !
Il est près de 23 h et cette première journée est passée comme une balle. Et ce n’est pas fini car le gros morceau de la journée est sur le point de débarquer sur la Main Stage 1.
MEGADETH revient au Hellfest après son passage lors de l’édition arrosée de 2007, et cette fois-ci, en tête d’affiche de cette première journée. La foule est compacte et ce n’est pas la météo capricieuse qui va atteindre le moral des troupes alors que Dave Mustaine et ses comparses débarquent sur « Never dead » et un furieux « Headcrusher ». ça bouge sévère dans les premiers rangs et la setlist prend des allures de best-of. « Hangar 18 », « My darkest Hour », « Forclosure of a dream », « She-wolf », le combo enchaine perle sur perle. Comme au Big Four 2011 à Amneville, on se laisse emporter et la magie opère. L’obsédant « Dawn patrol », dont on m’enlèvera pas de l’idée que METALLICA en a honteusement repompé la ligne de basse sur « The god that failed », « Sweating Bullets », l’imparable « A tout le monde », bref, que du bon … même si le groupe paraît quelques fois en roue libre. Chacun fait son job, la machine tourne à plein régime, les mécaniques sont bien huilées, mais il manque ce grain de folie que MEGADETH nous donne si bien en club. Alors, est-ce peut-être le cadre d’un festival en plein air qui fait ça ? Il n’en reste pas moins qu’en cette fraiche nuit, on tutoie le bonheur. Et le final, bien que forcément prévisible, ne fera qu’enfoncer le clou. « Symphony of Destruction », l’immense « Peace sells … » et le fulgurant « Holy wars » terminent le boulot commencé Une heure et demi plus tôt, et le public est sur les rotules.
Aller au lit ? Vous n’y pensez pas ! Car au Hellfest, quand tu crois que c’est fini, on te remet le couvert avec un morceau de choix, le truc que tu n’oses pas imaginer, même dans tes rêves les plus fous … KING DIAMOND ! Le King, bordel ! Il est là, en chair et en os, planté derrière les barreaux du décor de la Main Stage 2, envoyant le malsain « The Candle » à un public qui n’en croit pas ses yeux. Qui a déjà vu le King sur scène vous le dira. L’expérience vous marque à tout jamais, comme ce soir de printemps 2006 où avec son groupe, il avait mis le feu au Razzmatazz de Barcelone. Quelle soirée ! Et la magie opère à nouveau ce soir. « Voodoo », « Up from the grave », « Sleepless nights », ça riffe à tous les étages, le public scande « Diamond, Diamond » et le bonheur est total lorsque le combo nous offre le « Come to the sabbath » du grand MERCYFUL FATE. Les plus jeunes sont déjà partis se mettre le compte au camping, et on se retrouve là, les anciens, à hurler notre bonheur sur « Eye of the witch », « The family ghost » et « Halloween », avant un « Black Horsemen » qui nous replonge instantanément dans le magnifique « Abigail », pièce maitresse d’une immense discographie !
Il est 2 h du matin, l’humidité est tombée sur Clisson, la boue retient chacun de mes pas et je suis heureux. Claqué mais heureux, et prêt à remettre ça dès le lendemain !
Samedi 16 juin :
Au Hellfest, tu dors pas et tu te lèves tôt ! C’est comme ça ! Parce qu’après une folle journée comme celle d’hier, tu trouves pas le sommeil et que pour ne rien louper du lendemain, tu te lèves aux aurores. Donc, me voilà debout au lever du jour pour me filer dans les oreilles le Heavy US old school de KOBRA AND THE LOTUS qui me rappelle méchamment un certain CHASTAIN, le Thrash barré de GAMA BOMB et le Rock burné de KORITNI, le tout sur les Main Stages et à 10h30 du matin ! Ne rien lâcher !
HAEMORRAGE ayant annulé son set sur la Altar, je file me ravitailler dans les multiples stands de bouffe avant de revenir devant la Main Stage saluer l’entrée en piste de DEATH ANGEL. Quel bonheur de retrouver Mike Osegueda et ses potes pour 50 minutes d’un Thrash réffainé, subtil et tranchant comme un scalpel. « Thrasher », « Evil Priest », « Voracious soul », ça bastonne à tous les étages et le groupe afficxhe cette envie d’en découdre qui le caractérise si bien. Mon bonheur est total et, pour les avoir vu le mois précédent à New York en guest star de SEPULTURA dans un Gramercy Theater rempli de quelques 100 malheureux fans, je mesure le plaisir que ces groupes peuvent avoir à jouer en Europe, dans des salles et des festivals pleins à ras bord.
« Kill as one », « The ultra-violence », « Mistress of pain », c’est tout l’album « The Ultra-violence » que DEATH ANGEL célèbre sur cette tournée. 25 ans déjà que ce brulot a enflammé nos platines et le groupe (et nous !) sommes toujours là, à communier sur chacun des extraits de cette pièce majeure du Bay Area Thrash. « Final Death », « I.P.F.S. », la messe est dite ! Rendez-vous dans trois jours à Montpellier, pour une date sudiste en compagnie d’EXODUS et HEATHEN qui s’annonce épique !
Tout à fond, car tout est bon ! Voici une belle devise pour illustrer le marathon qui se joue entre les scènes, au fil du déroulement du running order. Ne rien louper, et faire des choix. Quel dilemme. Heureusement, sur le créneau qui arrive, l’horizon est bien net. Les allumés de STEEL PANTHER sont prêts à entrer en scène et il n’est pas question de louper ce grand moment. Grand moment car si un groupe fait le buzz en ce moment, c’est bien la Panthère d’Acier. Véritable OVNI, ce combo me fait penser, dans un tout autre style, à l’UGLY KID JOE du début des années ’90. Le combo improbable qui ose se foutre de la gueule du show business, qui parsème ses textes de « bite et couilles », truffe ses concerts d’allusions au sexe, avec un discours misogyne à faire blémir le Blacky Lawless de « I fuck like a beast », demande des « nichons », (et les obtient) et, cerise sur le gateau, envoie des titres Heavy à mort, rentre-dedans et avec un niveau de jeu en béton qui renvoie à leurs chères études quelques branleurs péroxydés dont certains faisaient la couv’ de nos magazines favoris dans les 80’s.
Mortel, vraiment mortel. Du grand spectacle, du Heavy rock dans la grande tradition des VAN HALEN et autres MOTLEY CRUE, des « nichons », bref, que du bon. Et après ça, tu t’envoies une bière et un set en plomb de SACRED RECIH agrémenté d’un « War pigs » de premier ordre, et tu obtiens le meilleur cocktail de ce milieu d’après midi.
La suite, ce sont les furieux de CANCER BATS qui s’en chargent sur la Warzone, avant qu’un autre gros morceau ne débarque à son tour sur la Mian Stage. EXODUS est de retour au Hellfest, après y avoir semer le chaos en 2010 en piquant au passage la vedette à SLAYER. Et cette année encore, le combo de San Francisco va mettre à l’honneur son statut avec à la manœuvre un Rob Dukes gonflé à bloc, une setlist en béton et … Rick Hunolt à la guitare. Et oui, avec les problèmes de santé de Jeff Hennemann, SLAYER a récupéré Gary Holt comme second guitariste live. Hors, les palnnings des deux groupes se chevauchant, EXODUS a donc fait appel à Rick, démissionné il y a quelques années, pour assurer l’intérim aux cotés de Lee Altus, son remplaçant et officiel six cordiste du combo avec Gary Holt. Vous suivez ?
Bref, ça dépote grave et chaque titre est une nouvelle livraison de violence pure. « Last act of defiance », « Pirhana », « And then they were none », la fosse est en ébullition et il devient dangereux de s’aventurer dans les premiers rangs. « Lesson in violence », « Black list », le furieux « Bonded by blood », Rob pourrait appeler au crime que le public le suivrait sans peine tant la fosse est galvanisée par le déluge de fureur qui s’abat sur elle, et ce n’est pas sur « Strike of the beast » que les choses vont s’arranger, tant la communion dans l’énergie qui se dégage de cette communion dans la violence est intense. Sublime ! Du grand art !
Même pas mal ! Je ne lache rien, car sur l’autre Main Stage se prépare un moment rare. Rare car celui qui va maintenant fouler les planches n’a pas mis les pieds sur une scène française depuis … 1995, et c’était avec son ancien groupe. Et ce groupe, responsable de titres intemporels tels que « I remember You », « Youth gone wild » ou encore « Slave to the grind », c’est SKID ROW. Et celui qui surgit de derrière la scène, c’est Sebastian Bach, La voix de skid row, comme il aime à le répéter, même s’il s’en est fait virer en 1996 et que depuis, il écume les clubs du globe à la recherche d’un passé qui lui rappelle très souvent que dans les ‘90’s c’était les arênes et les stades qu’il écumait avec les skids.
Et moi, je suis là, planté dans la fosse avec une boule de pétanque dans la gorge, à admirer mon idole, celui que je suis partout depuis 1989 et le premier album du combo du New Jersey. Et comme à chaque fois que je vois Baz sur scène avec son groupe, j’ai ce pincement au cœur, celui du fan ultime, celui dont la vie a été rythmée depuis l’adolescence par les « Piece of Me », « Big Guns » et autres « Monkey Business », et qui se dit que SKID ROW est passé à coté de quelque chose de grand, de très grand. Alors biensùr, Baz sur scène, c’est l’assurance d’un show explosif. Le garçon, croisement entre David Lee Roth et Dee Snider, ses deux maîtres à penser et à agir en live, incarne le frontman absolu.
Il court, harangue les premiers rangs, flatte le public, se donne à fond sur chaque titre et la magie opère. Mais bordel, son band, c’est avant tout un cover band de SKID ROW et pour avoir vu les skids sur scène une quarantaine de fois, avec et après Baz, et Baz lui-même sur une belle brochette de dates depuis 1998, je dois bien admettre que SKID ROW reste SKID ROW, même sans Bach. Même si « c’est pas pareil », comme disent mes potes. Mais merde, Baz, il a juste un cover band derrière lui et toute sa vie, il aura ça sur le dos.
Une remarque, au milieu de toutes ces réflexions. Quels sont les deux groupes des années 80 et 90 qui n’ont jamais tenté de reformation et de « reunion – tours » ? SKID ROW et GUNS’N ROSES. On en rêve, j’en rêve, bien sur, mais si c’est pour des mauvaises raisons, à savoir le fric, autant que les choses restent comme elles sont. D’un coté, un combo originel qui a trouvé en la personne de Johnny Solinger, un solide chanteur et une personnalité normal ( !), et de l’autre, un Baz qui ne lâche rien et donne à son public ce qu’il attend de lui. Et les deux parties le font avec cœur et sincérité. Et c’est très bien comme ça !
Bref, me voilà avec les larmes aux yeux et cette foutue boule à la gorge qui passe pas, et je m’enflamme forcément sur « 18 and Life », « American Metalhead » et l’hymne entre les hymnes, « Youth gone wild » envahi par une vague de mélancolie et le bonheur sans borne d’avoir revisité durant 50 minutes, les vingt cinq dernières années de ma vie. Putain, que c’est beau !
Après ça, beaucoup seraient allés noyer leur vague à l’âme au bar. C’est ce que je fais, mais avec un allié de poids, mon pote Didier, alias Le Gorg, alias ManorHead, le warrior des festivals, l’ami de 10 ans dont la bonhomie et le gout pour la chair fraiche (et féminine) me font passer le truc à la con qui m’encombre la gorge.
Retour donc devant les scènes à la tombé de la nuit. Il est 22h et tandis que NAPALM DEATH termine son set sur la Altar, je rejoins la Main Stage pour un des gros morceaux du jour, MACHINE HEAD.
Le combo de Robb Flynn n’en finit pas de gravir des places sur les affiches et ses efforts payent. Le voilà aujourd’hui en quasi-headliner de cette deuxième journée, juste au dessous d’Axl et des Guns, avec un public prêt à s’enfiler une bonne grosse dose de Thrash moderne à la sauce californienne. L’intro inquiétante de « I am hell » est lancée dans la sono, suivi de son riff pachydermique et c’est tout Clisson qui tremble sur ses fondations. La machine est lancée et le pit explose. Le chaos est total dans les premiers rangs et sur scène, les quatre californiens orchestrent admirablement l’ambiance de fin des temps à grands coups de « Old », « Imperium » et du puissant « Locust ». Que dire sinon qu’au fil des albums et des tournées, MACHINE HEAD s’impose comme un des poids lourds de la scène Thrash. Pour avoir vu le combo sur les planches un nombre incalculable de fois depuis leur première tournée européenne en ouverture de SLAYER en 1994, je peux confirmer le potentiel de ce groupe, un temps taxé « Néo-Métal » (la pire insulte qui fut, au milieu des années 2000) par des soi-disant puristes. C’est au contraire un monstre de maitrise et de puissance qui se présente devant nous ce soir. Riffs en plomb, titres en béton, une cohésion sans faille et un Robb Flynn magistral et triomphateur sur un « Aesthetics of Hate » historique. Bon sang, que ce titre est violent ! Et le reste du set est du même tonneau, avec « This is the end », le superbe « Halo », et l’imparable « Davidian ». Bref, un show monstrueusement bon !
Et puisqu’on est bien parti dans les superlatifs, restons-y. Il est près de minuit et l’heure est venue d’accueillir les headliners de la soirée, GUNS’N ROSES. Que dire, sinon que ceux qui veulent de la démesure, dans le bon comme le mauvais sens peuvent s’en donner à cœur joie avec le combo de L.A. Et ce soir encore, dès la fin du set, les commentaires iront bon train, entre les pro-Slash et les pro-Axl, les curieux venus assistés à un scandale du hurleur qui n’aura pas eu lieu, ceux encore sous le choc d’un « Sweet child o’mine » somptueux, et ceux qui auront préféré aller voir ENTOMBED sous la Altar Stage. Mais laissons ces commentaires de coté, après tout, c’est mon live-report, pas le leur ! Alors moi, j’en ai pensé quoi ? Et bien, j’en ai pensé beaucoup de bien de ce show, mes amis. Après la claque que j’avais reçu à Barcelone, en 2010 par ces mêmes pistoleros, j’en voulais encore et c’est avec un bonheur sans faille que mon système sensoriel tout entier s’est goinfré les « Welcome to the jungle », « It’s so easy », et autres « Mr Brownstone » et « Rocket Queen », les solos de Ron Thal, de DJ Ashba et du très grand Richard Fortus (qui d’ailleurs accompagnait THIN LIZZY en 2011 sur cette même scène !), les « Live and let die », « November Rain » et « Don’t cry », l’excellent « Civil war » et le forcément génial « Paradise City » en guise de final. Bref, un très bon set, malgré quelques longueurs sur des solos par forcément indispensables sur un format « open air festival », des hits intemporels, des musiciens hors pairs et Axl qui se casse la gueule sur « Sweet child … », de la sueur, des watts, de l’émotion, j’en reprendrai à la première occasion !
Tiens, REFUSED termine son set sous la Warzone. Je vous ai déjà parlé de leur génial « The shape of punk to come » ? Jetez-vous sur ce brulot de punk rock ultime, c’est que du bonheur. N’est-ce pas, Phil ?
Dimanche 17 juin :
Troisième et dernier jour de festival. Les organismes sont mis à rude épreuve et après trois nuits trop courtes, le mental est un élément fondamental pour bien attaquer la journée. Et aujourd’hui, mon mental n’aura pas trop à se forcer pour me faire tenir le choc, tant le programme qui s’annonce est terriblement excitant : D.A.D., BLACK LABEL SOCIETY, WALLS OF JERICHO, DEVILDRIVER, le CRUE, SLASH, OZZY, LAMB OF GOD, … Du plaisir en barre !
C’est donc avec un entrain tout particulier que je rallie la Main Stage, où en ce début d’après midi se produit D.A.D. Le combo danois, responsable du fameux « No fuel left for the pilgrims » nous livre un set bien rock et pêchu, à grands coups de « Jihad », « Everything glows », le dansant « Monster phylosophy », avant de nous offrir un « Sleeping my day away » sous un soleil de plomb. Est-ce d’ailleurs l’heure précoce ou la chaleur, un trazjet trop long ou encore un apéro trop chargé, toujours est-il qu’on a déjà vu D.A.D. à meilleure fête (Ah ! ce show au WOA 2009 !!) et on regrettera le brin de folie qui anime d’habitude ce combo et un chant sacrément « court » quand il s’agit de pousser dans les aigus.
Pas le te :ps de s’apitoyer sur notre sort, la suite se joue sous le chapiteau de la Altar où BRUTAL TRUTH me réveille pour de bon, et me conditionne pour un très bon moment de la journée, l’arrivée de BLACK LABEL SOCIETY sur la Mainstage. Gonflée à bloc, la bande à Zakk Wylde débarque sur scène à grands coups de « Crazy Horse » et ne lachera pas la pression durant l’heure qui suivra. « Funeral Bell », « Overlord », « Fireit up », ça riffe un max et le stoner doom des ricains fait mouche dans le public. Déjà conquis par le set donné en 2011, le public fait une ovation à BLS qui le lui rend bien en l’achevant d’un « Stillborn » ravageur.
Le marathon est bien lancé et sans perdre de temps, je rallie l’autre Mainstage où les furieux WALLS OF JERICHO ne vont faire qu’une bouchée d’un public aux anges d’une telle brutalité ! Mention spéciale, évidemment, à Candace, dont la fureur et la présence sur scène sont sans égal, chez nos amies hurleuses !
HATEBREED prend le relais sur la MainStage 1 et poursuit l’entreprise de démolition engagée plus tôt, et je me déchire les tympans sur « Empty promises », « Perseverance » et « Live for this », avant de devenir fou sur le bien nommé « Destroy everything ».
On lâche rien. Il est 17h40 et la suite se passe sur la MainStage 2 où Dez Fafara et ses potes délivre la bête DEVILDRIVER pour près d’une heure de sauvagerie totale. « End of the line », l’entêtant « Head on to heartache », « I could care less », « Pray for villains », les titres s’enchainent et le public déjante grave. Ça s’entrechoque sévère dans le pit et les circle-pits succèdent aux circle-pits pour le plus grand plaisir d’un Dez tout en joie devant un tel carnage. Quel combo, mes amis, quel combo ! Et quelle furie ! ça percute grave dans les premiers rangs et la fosse vire au rouge total sur l’immense et génial « Clouds over California » avant le circle pit de la mort sur l’ultime « Meet the wretched ». Enorme !
Après ça, comment ne pas s’effondrer en croix dans la poussière pendant que les BLUE OYSTER CULT ravivant une flamme que l’on pensait éteinte depuis des lustres ?
Retour aux affaires à 20h45 sur la Main Stage . TRIVIUM vient de terminer son set juste à coté, et sur la scène principale les premiers riffs de « Wild Side » annoncent l’arrivée du CRUE ! MOTLEY CRUE, bordel, le CRUE, en chair et en os ! Mick, Nikki, Vince et Tommy sont dans la place et contrairement à leur précédent passége en 2008, nous offrent ce soir un show en béton, le best-of ultime avec tous les hits intemporels qui depuis le début des 80’s, rythment mes journées. «Live wire », « Too fast for love », le mortel « Shout at the devil », « Same old situation », « Look that kills », c’est tout le répertoire des enfants terribles de L.A. qui est passé en revue et je fond littéralement sous les coups de boutoir de « Dr Feelgood », avant que « Girls, girls girls » ne vienne me rappeler ô combien la chair est faible … Quel bonheur que ce show, et alors que « Home sweet home » glisse délicatement dans mes oreilles, je prends en pleine tête le furieux « Kickstart my Heart » tandis que les premiers rangs se ramassent un seau de faux sang balancé par un Tommy Lee hilare !
Et pire, c’est qu’après ça, on remet le couvert direct avec SLASH sur la scène voisine ! Bordel, on serait revenu dans les 80’s ? NIRVANA n’existe pas et Kurt Cobain n’a pas encore foutu sa merde totale sur le rock qui tue ? Je ne veux pas atterrir et c’est le grand trip quand l’ex-gunner lance le riff de « One last thrill », et que « Nightrain » me renvoie en 1987 sans avoir à m’enfiler cent grammes de champignons et trois pétards ! c’est trop bon, et ça continue avec le très réussi « Back from Cali », le groovy « Mr Brownstone » et le forcément délicieux « Sweet child of mine ». Du bonheur en barre, avec aux cotés deSlash, un Myles Kennedy impérial au chant. La suite est toute aussi percutante, avec un « Slither » enchanteur et un final d’anthologie sur un « Paradise Coty » de circonstance.
Tu es fatigué ? C’est que t’es trop vieux. Car c’est pas le moment de flanché. Il est 22h, il flotte, la boue vous scotche les pieds au sol et sur scène, OZZY fait son apparition aux cotés sous les hurlements des fans. Déjà présent en 2011, notre père spirituel à tous rempile cette année à Clisson alors que le grand BLACK SABBATH, un temps programmé a dû annuler sa tournée suite à la sale maladie dont Tommy Iommi a été diagnostiqué. Résultat, OZZY a rassemblé ses potes Slash, Zakk, Geezer, et son riffeur en chef Gus G pour une virée des festivals sous la bannière « Ozzy and Friends ».
Que dire, sinon que voir Ozzy sur scène est évidemment un évènement, même quand le garçon n’est pas dans son meilleur jour, comme c’est le cas ce soir. Le gaillard a chopé la crève et il faudra tout l’enthousiasme du public pour couvrir une voix qui part en vrille à la première poussée dans les aigus. Et pourtant, on lui pardonne tout et même d’écourter son set après 10 titres parmi lesquels émergent les cultissimes « Bar kat the moon », « Mr Crowley », « Suicide solution », le sublime « War pigs » et le magique « Paranoid ». Et quand le garnement qui balance des seaux d’eau aux premeirs rangs s’en verse autant sur la tête, on se dit qu’on atteint le sommet de l’irrécupérable, … et c’est sans surprise qu’on apprendra l’annulation du show suivant de la tournée !
Il pleut toujours, il est une heure du mat’, les organismes sont sollicités comme jamais après trois jours de festival et pourtant le pit de la MainStage 2 est bondé. Car arrive sur scène le dernier groupe programmé sur les trois jours, et il s’agit d’un gros morceau : LAMB OF GOD. Les ricains, qui n’avaient pu se produire en 2007 lors de la deuxième édition cataclysmique du HELLFEST sont de retour à Clisson et ont visiblement envie d’en découdre. « Desolation », « Ghost walking », « Walk with me in hell », le début de set ne laisse pas de place au doute. LAMB OF GOD est là pour tout donner et remercier ses fans pour leur dévouement à la cause. Ça déboiter sérieux et chasue titre est une nouvelle salve de pure violence. « Set to fail », « Ruin », « Hourglass », « Contractor », ça pulse et on oublie la fatigue tandis que Randy Blythe, écorché vif devant l’éternel nous vrille le cerveau sur « Laid to rest » et un « Redneck » de derrière les fagots. L’hommage est total et le public fait une ovation au combo qui ponctue son set, et par là même, l’édition 2012 du HELLFEST par un « Black Label » ultime !
Il est 2 heures du matin, l’humidité s’abat sur Clisson, je titube de fatigue, heureux et comblé avec une seule idée en tête : m’en remettre encore plus l’an prochain ! HELLFEST OR DIE !
YvesZ.