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WACKEN Open Air 2012 – Wacken, Allemagne – Du 02 au 04 aout 2012

WACKEN OPEN AIR Festival – 2012

Du 02 au 04 aout 2012

« Rain Or Shine » ! Cette bannière, brandie fièrement par les organisateurs du WOA comme pour rappeler que les métalleux sont plus fort que les éléments, aura été cette année, d’une rare actualité. Quel enfer !

Tout avait pourtant bien commencé, avec un périple de près de 24 heures de train et de voiture pour rallier le grand nord germanique en compagnie de mes fidèles compères, Fully, Dieu et Gorg. Des bornes et des bornes, avalées comme chaque année avaec comme point de mire, la terre promise de Wacken, et une arrivée au petit jour, le jeudi matin dans un camping VIP endormi tandis qu’au loin, des beuglements nous parviennent du gigantesque camping public où s’étalent, sur des hectares et des hectares, 80 000 festivaliers, prêts à s’en mettre plein les oreilles pendant trois jours et trois nuits.

Jeudi 2 Aout :

Petit somme de deux heures, histoire de se remettre les neurones à l’endroit, et nous voilà debout, arpentant les allées du gigantesque Market, au milieu d’une foule compacte et déjà passablement affectée par les aléas météo. Il faut dire que cette année, les éléments se font particulièrement remarquer, et il faut remonter à 2005 pour se remémorer pareil déluge. Bien évidemment, on n’est pas en Espagne et chaque année les organisateurs jouent à la roulette russe avec le ciel et on a régulièrement droit à des grains plus ou moins intenses, mais cette année, on va sacrément déguster.

Le sol est déjà bien gorgé d’eau et la terre prend cet aspect élastique, tel un chewing-gum géant, et un peu partout, les flaques qui se forment annoncent les futurs étangs dans lesquels des milliers d’éléphants roses vont bientôt se vautrer avec délectation. Il faut dire que si pour nous, Wacken c’est le grand nord, pour l’immense majorité des festivaliers, on est à Wacken au sud de la Scandinavie !

Et force est de constater qu’au fil des ans, le « plus grand festival de Métal au Monde » est devenu le « Camping des flots bleus » du vacancier de bord de mer des années 80 ! Et pour en être à ma dixième édition d’affilée depuis 2003, je ne peux que constater la réalité de ce constat, pas vraiment réjouissant, que le WOA devient le « centre de vacances le plus populaire » d’Outre Rhin.

Je passerai donc vite sur les attractions typiques du village Viking qui, en bon latin que je suis, me laissent particulièrement froid et qui me rappellent que pendant que les ancêtres inventaient la philosophie, ici on en était encore à bouffer la viande crue avec les doigts. Je passerai aussi sur l’ambiance « fête de la bière » du Beer Garden, que je me réserve pour le soir, connaissant le pouvoir de persuasion du Gorg pour le trainer dans ce lieu de perdition après les concerts de la journée.

Parlons-en, justement des concerts, puisque c’est bien le but de notre expédition. Et que dire, sinon c’est génial d’avoir en France, un des plus beaux festivals de l’univers avec le HELLFEST !

En effet, si le WOA a été, dans les années 2000, la référence suprême, le lieu de pèlerinage ultime du Diable, il a depuis quelques années (2007 – 2008), connu un tournant majeur avec une explosion de sa jauge et politique de programmation de moins en moins intrépide face à des festivals aux affiches hallucinantes tout au long du mois de juin (Grasspop, Hellfest, Sweden, Download, Gods of Metal …).

Et pourtant, l’excitation est là et bien là lorsque sur les coups de 16h00, le All-Star Band teuton qu’est SKYLINE envoie ses premiers riffs devant une marée humaine. La Black Stage et sa sœur jumelle la True Metal Stage dominent fièrement le site qui prend des allures de fourmilière et UDO, DORO, et leurs potes se chargent de lancer les hostilités. L’impression de déjà-vu est là, elle aussi, mais comment résister à DORO ? En ce qui me concerne, c’est tout simplement impossible et je fonds tandis que la belle nous balance le fameux « We are the Metalheads » !

La suite, c’est le premier gros morceau de la soirée, et quel morceau ! SEPULTURA est de retour au WOA après le show dantesque donné en 2011 au même endroit, et cette année, les brésiliens ne sont pas venus seuls puisqu’ils ont embarqué avec eux les TAMBOURS DU BRONX pour un set spécial. Au programme, un mix du Thrash brésilien et des rythmiques tribales des Tambours pour un évènement qui fera date. Lancé sur le « Mixture » des Tambours, le set enflamme la fosse sur un « Refuse/Resist » en béton, suivi d’un « Sepulnation » des familles. Ça groove sévère et je retrouve avec bonhuer ce SEPULTURA que j’ai tant porté dans mon cœur et qui depuis quelques années, vit une nouvelle jeunesse.

Et quel plaisir de revoir les quatre musiciens devant un public en folie alors que trois mois plus tôt, au cœur de New York, les mêmes, accompagnés de DEATH ANGEL, ne parvenaient à attirer qu’une centaine de personnes au Gramercy Theater …

Bref, ça pulse grave et le sol tremble sur les brulots que sont « Kairos », « Firestarter » et « Territory » et la présence des TAMBOURS DU BRONX renforce encore le coté visuel d’un show unique en son genre. « Ratamahatta » emporte tout sur son passage et c’est finalement sur l’intemporel « Roots Bloody Roots » qu’Andreas Kisser et sa bande vont porter le coup final à un public définitivement prêt pour trois jours de chaos.

Le soleil tente de s’imposer en cette fin d’après midi tandis que sur la True Metal Stage, UDO débarque avec son groupe pour une heure et demi de pur Heavy « dans ta gueule », avec en point d’orgue, un « Balls to the wall » magique. Magique parce qu’à lui seul, ce titre porte tout l’héritage qu’UDO et ACCEPT laisseront à la postérité. La lourdeur et la puissance du Heavy des 80’s, sa rage, tout l’engagement que demande notre musique adorée pour celui qui se plonge dedans, et cette envie irrépressible qui vous prend de tendre votre poing et d’envoyer un majeur triomphant à la gueule du système !

Pas de temps mort, la suite se joue sur la Black Stage où SAXON s’apprête à reprendre le flambeau de ce Heavy éternel qui nous fait tant vibrer. Headliners de la soirée, les anglais sont dans leur jardin à Wacken où ils sont programmés quasiment tous les deux ans, leur manager étant un des promoteurs du WOA … du coup, le challenge est de taille pour le groupe de Biff Byford qui se doit de tout donner pour éviter de sombrer dans le réchauffé, et cette année encore, le groupe est à la hauteur de nos espérances, tant le set livré, forcément aux allures de best-of, est un bonheur total. Mais peut-il en être autrement, finalement, avec SAXON, tant des titres comme « Strong arm of the law », « 747 » ou le fabuleux « Crusader » ont depuis longtemps une place réservée au panthéon du Métal.

La nuit est tombée et la tension monte encore d’un cran lorsque le riff de « Another day » retentit dans l’immense sono. VOLBEAT est dans la plce et les danois viennent en voisin nous livrer une heure de Heavy Rock’n Roll en béton. C’est le pied total. J’adore ce groupe et VOLBEAT me le rend bien … et pas qu’à moi, à voir la mine réjouie des fans dans le public, qui chavire complètement sous les coups de boutoir de Michael Poulsen et de ses acolytes. ET puis, comment résister à la furie de « A moment forever », « 7 shots » envoyé en duo avec Mille Petrozza de KREATOR, « 16 dollars » ou encore le fameux « I only want to be with you », repris en cœur par un public de feu !

Que du bonheur, et assurément la très grosse claque de la journée, voire même du festival !

Il est minuit et comme je l’avais prédit, j’échoue avec le Gorg au Beer Garden, sous la pluie fine qui s’est mise à tomber, et reprend après deux bières la technique toute germanique qui consiste à pisser sans avoir à se lever de son banc !

Vendredi 3 Aout :

Il est midi. La météo semble clémente et je rallie la True Metal Stage tandis que sur la scène voisine, les furieux ENDSTILLE terminent leur livraison de Black Métal matinale à un public déjà compact.

C’est donc sous un grand soleil que débarque SACRED REICH. Les quatre zicos, qui m’ont déjà filé un sacré choc d’adrénaline au Hellfest en juin dernier, reviennent au WOA après leur passage en 2007. Déjà cinq ans … Doté d’un son à faire tomber les dents, le combo va nous livrer un de ces shows qui vous vrille le cerveau en un rien de temps et vous laisse cloué sur place alors que vous n’aviez rien demandé. « Ignorance », « The American Way », « Independent », la reprise du génial « War pigs » et un final de feu sur « Surf Nicaragua », c’est clair que Phil et ses potes n’ont pas dit leur dernier mot et qu’on attend avec fébrilité l’annonce d’un nouvel album …

La suite, c’est un des buzz de l’été, à savoir la reformation de SANCTUARY. Le groupe de Warell Dane fait l’actualité et nombreux sont ceux qui s’interrogent sur l’intérêt à donner à la renaissance du combo de SEATTLE. Reformation durable ? Coup marketing ? Ecran de fumée pour masquer les addictions de son hurleur en chef ? Et NEVERMORE dans tout ça ?

Le doute ne sera surement pas lever par le set qui nous sera livrer aujourd’hui. C’est pro, ça bastonne sévère, Warell Dane domine son sujet à la perfection avec ces lignes de chant aussi tordues et dissonantes qu’un KING DIAMOND sous acide, et les titres de « Refuge denied » et « Into the miror black » nous renvoient sans peine à la fin des 80’s, … mais bordel, la fin de NEVERMORE vous revient à la figure à la même vitesse et tout ça a du mal à ne pas apparaître comme un vrai gâchis. L’avenir nous le dira …

Le ciel s’assombrit et alors que KAMELOT envoie son set sur la True Metal, un orage de la mort s’abat sur ce site. Ça rince grave et des trombes d’eau douchent le public, tandis que des bourrasques de vent font décoller les tentes et les auvents sur le camping. La scène est surréaliste, tant c’est le chaos autour de moi. Les bâches volent, l’eau monte de partout, ça flotte dru et c’est la guerre sur le camping. Je manque de prendre le marabout des voisins sur la tronche, et je termine dans le camping, à aider des voisins polonais à retenir leur tente dont les coutures sont prêtes à exploser. Quel enfer !

Retour devant les scènes. Il est 16 h et je ne veux rien manquer du set d’OVERKILL, même si le ciel doit me tomber sur la tête. Ambiance marécageuse dans la fosse, où le sol n’est plus qu’une gigantesque nappe de boue qui vous scotche littéralement, et engloutit inexorablement tout chaussure basse. Une règle : en festival, toujours prévoir des chaussures hautes, bien lacées, que ce soit des converse, des New Rock ou des pompes de rando, mais au moins, des chaussures montantes qui ne risquent pas de se faire aspirer par un sol gourmand en caoutchouc !

Retour à la musique, avec un OVERKILL évidemment magistral qui sait, en quelques riffs, vous faire oublier que la fin du monde est proche. Ça bastonne sévère et le Thrash des new-yorkais est un vrai bonheur pour le corps et l’esprit. « Come and get it », « Elimination », « Wrecking crew », ça envoie du gros et la sono crache des tonnes de watts tandis que « Iron bound », « Old school » et « In Union we stand » poursuivent leur travail de démolition. Bobby, tout en muscle, maintient son étreinte sur le public en frontman de 1ère classe, DD Verni nous abreuve de ses lignes de basse et à leurs cotés, ça riffe lourd. Point final d’un set de haute volée, « Rotten to the core » et « Fuck You » réchauffent un public … trempé jusqu’à l’os !

Le drame des festivals, c’est le chevauchement des groupes dans le programme, entre les scènes, et les conflits d’horaire nous amènent souvent à faire des choix douloureux, comme c’est le cas à 17h, où tandis qu’OPETH investit la True Metal, CORONER est annoncé sur la Party Stage.

Je préfèrerais m’arracher un mètre de tripe que d’avoir à choisir. Et pourtant, je décide de ménager mes boyaux et après avoir fait mon deuil du combo de Mikael Akerfeldt, que j’ai vu mille fois et je reverrai sans doute encore mille autre fois sur scène, je rejoins mes potes devant la Party Stage.

La pluie redouble et nous pataugeons tels des cochons dans la boue alors que Ron Royce, Marquis Marqui et Tommy T.Baron envoient les premiers riffs de « Internal conflicts » à un public ravi de savourer à nouveau un bonheur rare, celui de voir ou revoir sur les planches, un des combos les plus cultes des 80’s.

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