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Wacken Open Air 2009 – Wacken, Allemagne – Du 30 juillet au 1er aout 2009

WACKEN Open Air Festival, Wacken, Allemagne.
30 Juillet – 1er Août 2009.

Si un festival a, cette année, fait couler bien des tonnes de pixels sur les forums c’est bien le WOA. Wacken, la terre promise des métalleux de tous poils, lieu de pèlerinage obligé pour toute veste à patches qui se respecte, accueille la vingtième édition du plus illustre et du plus emblématique festival de la planète Métal, le Wacken Open Air !

Et pourtant, alors que l’anxiété gagnait les plus fébriles d’entre nous, voilà que la polémique enflait au fil des semaines tandis que plusieurs mois avant le grand jour, le festival affichait déjà complet sans même que plus de dix groupes n’ait été annoncés, et notamment les têtes d’affiche ! Nous étions alors fin décembre et les derniers billets s’envolaient aux quatre coins du monde.

Et ainsi, semaine après semaine, alors que les organisateurs égrainaient progressivement les groupes confirmés, le compte n’y était toujours pas pour bon nombre de vieux routards dont l’exaspération s’affichait à grands coups de posts rageurs sur les plus courus des forums de la toile.

C’est finalement au printemps que l’affiche définitive sera bouclée, annonçant comme headliners de cette édition anniversaire, HEAVEN AND HELL, IN FLAMES, MACHINE HEAD et RUNNING WILD. J’en connais certains qui ont fait des syncopes pour moins que ça ! Pauvres patchés old-school ! Les vieux briscards, qui ont connu Paul Di’anno dans IRON MAIDEN, Cliff Burton dans METALLICA et DEF LEPPARD avec de la distorsion en sont tombés à la renverse et on peut encore entendre l’écho de leurs hurlements, le soir, au fond des catacombes.

Respect pour les anciens oblige, HEAVEN AND HELL ne souffre aucune contestation. Même si le groupe a depuis deux ans écumer tous les festivals européens et si sa présence au WOA n’a pas le caractère inédit qu’à connu celle d’IRON MAIDEN en 2008, et loin de la folie que provoquerait l’annonce d’un METALLICA en 2010, pour ne citer que ces deux là … Quant à IN FLAMES ou MACHINE HEAD, certains de mes proches amis aux cheveux gras en font encore des cauchemars ! Comment un festival comme le WOA, leur festival à eux, les purs et durs, les warriors des camping-grounds ultimes, nourris à la bradwurtz bavaroise, eux qui n’ont jamais touché un savon et encore moins un gel douche en festival ces vingt dernières années, qui balançaient des gobelets de pisse dans le pit à Donington à la fin des 80’s, comment le WOA, leur WOA, dont ils ont accompagné la genèse dans les 90’s a-t-il pu les trahir à ce point en programmant des groupes de … djeuns ( !) si haut sur l’affiche ?

Enfer et damnation ! S’en était trop ! Et voilà que les pixels s’agitent, s’affolent, que la planète Métal tremble. Allait-on connaître une révolte ? … Et ben non, rien, nada, que du vent et un léger crachin qui accueillent mon arrivée au volant de mon fidèle Kangoo Nuclear Blast Limited Edition pour mon septième Wacken d’affilée.

Nous sommes le 29 juillet, il est deux heures du matin et rien ne bouge dans la petite bourgade du Schleswig – Holstein. Seules les enfilades de barrières et la signalétique à tous les coins de rue annoncent l’imminence de l’évènement. Pas un métalleux à l’horizon. Le calme avant la tempête.

Jeudi 30 juillet.

Il est 8h00 et à peine ai-je récupéré mon pass-presse que je m’installe dans le camping VIP, situé à cinq minutes des deux immenses scènes principales et qui permet de rallier les premiers rangs par l’espace Presse sans avoir à traverser tout le site dans un enfer de viande saoule et de boue gorgée de pisse !

La pluie de la nuit n’a pas duré et c’est une météo plutôt clémente dans l’ensemble qui s’installe pour les trois jours à venir. L’ouverture des portes n’est prévue qu’à 16h00 et j’en profite pour faire un tour sur le camping public. La vision, malgré l’expérience, est toujours aussi impressionnante tant la marée de tentes qui s’étend à perte de vue file le frisson. Ça gueule, ça titube, ça s’écroule sur des chaises pliantes à bout de souffle, ça amoncèle des piles de cannettes, ça pisse partout, ça pue, ça grille des saucisses sur des barbecues rouillés, ça rote, ça éructe, et partout s’élèvent ces beuglements si délicieux : « Wackeeeennnnn !!! ».

Que du bonheur ! ça y est, si j’avais du mal à m’imprégner du truc après deux jours de bagnole et 1900 bornes, c’est réglé. J’y suis, bordel de bordel, j’y suis et c’est trop bon ! Le trip ultime qui me file une banane d’enfer pour les deux mois à venir refait effet cette année encore et je décroche enfin du quotidien. Plus de boulot, de patron, de proprio, de loyer à payer, de ménage à faire, fini les impôts et les factures, les voisins qui me gonflent parce que j’écoute MARDUK à fond le matin, leur chien pourri qui respecte pas ma pelouse, les collègues de boulot qui font la gueule, les zombis qui poussent leur caddy le samedi après – midi, …. Du Métal, que du Métal, toujours du Métal, encore du Métal ! Trois jours à bloc dans le chaudron bouillonnant du WOA à déconnecter de la réalité pour gouter à la vie rêvée !

L’ouverture des portiques le premier jour est toujours un grand moment. Depuis la passerelle d’accès à l’espace Presse, la vision de l’entrée générale fait penser à une fourmilière géante qui déverserait des dizaines de milliers d’ouvrières sur un site encore vierge à l’herbe grasse d’un vert immaculé mais qui ne va pas le rester très longtemps. Les bars sont pris d’assaut, les fans s’agglutinent devant les deux gigantesques stands de merchandising tandis que les plus furieux se ruent à grandes enjambées vers les premiers rangs. Le site n’est ouvert que depuis quelques minutes que déjà les premiers éléphants roses s’écroulent dans l’herbe. Les choses sérieuses commencent enfin lorsque sur la Party Stage les danois de D.A.D. font leur entrée devant un public acquis à l’avance. Le quatuor vient en voisin et les très nombreux fans leur donnent l’impression de jouer à domicile. Balayant sa discographie, de « No fuel left for the pilgrims » à « Monster philosophy », le groupe tire ses plus belles flèches et son rock hard fait mouche malgré le vent qui s’est levé et embarque tous les aigus dans ses bourrasques. Les musiciens n’en ont cure et la qualité des compos alliée à une bonne humeur générale et au jeu spectaculaire d’un Stig Pedersen aux basses toujours plus hallucinantes les unes que les autres fait vite oublier la météo capricieuse sur le début de set.

Le show des danois me donne l’impression d’être un portable en charge sur son secteur (Ok, je vous dirai pas par où je suis branché !) tant le plaisir est grand pour moi de voir enfin sur les planches un combo dont la musique me berce depuis 1988. D’un coup, la fatigue de la route est définitivement balayée, évaporée, pour laisser place à un sentiment de plénitude. C’st ça aussi le WOA. Comme les autres grands festivals, on ne vient pas ici uniquement pour s’enfiler trois ou quatre têtes d’affiche mais également pour découvrir ou redécouvrir des combos pas forcément sous les feux de l’actualité mais qui, au final, vous vrillent le cerveau.

La suite se joue au bar. Tandis qu’un secret – show est annoncé sur la même scène, un goût amer monte dans ma gorge. Alors que j’espérais revivre un grand moment en compagnie d’ANTHRAX après le show d’enfer donné au Hellfest deux mois plus tôt, je dois me résoudre à subir les bouffons de J.B.O., programmés en dernière minute suite à l’annulation de la bande à Scott Ian pour cause d’éviction du chanteur Dan Nelson. Passons vite sur cette affaire, qui a défrayé la chronique cet été tant son déroulement a pris une allure des plus grotesques et concentrons nous sur la bière locale en attendant une des premières têtes d’affiche de la journée, RUNNING WILD.

Je gardais un souvenir plutôt agréable du dernier passage du groupe de Rock’n Rolf au WOA en 2003 et l’idée de revoir ces vieux gloires du Heavy teuton n’était pas pour me déplaire. Surtout que le show de ce soir est en fait le concert d’adieu de RUNNING WILD, qui tire définitivement sa révérence devant son public. Mourir sur scène. Combien d’artistes n’en ont pas rêvé ? Le problème, c’est que la chose n’est pas donnée à tout le monde et que cette mort, lorsqu’elle intervient, se doit d’être brutale, inattendue et donc, pleine de panache. A quoi cela sert-il de tenter de ressusciter un cadavre déjà mort pour le secouer artificiellement deux heures durant avant de le lâcher misérablement pour faire croire à la mort foudroyante ? On peut se le demander. Car, à l’exception de motifs purement mercantiles, je me demande encore ce que RUNNING WILD est venu faire sur l’affiche. N’en déplaise aux fans invétérés (et vétérans pour la plupart !) mais ce soir, Rock’n Rolf et ses potes n’avaient rien d’autre à offrir qu’un Heavy mou du genou que le pourtant charismatique chanteur guitariste semblait être le seul, sur scène, à vouloir faire décoller.

Dommage car les « Bad to the bone » et autres « Under Jolly Roger » ont connu d’autres destins, plus glorieux, dans le passé. Il serait temps que les promoteurs allemands arrêtent de vouloir créer des « buzz » médiatiques artificiels, bien lourdingues et qui ternissent le souvenir de groupes qui ont compté dans le passé mais qui n’ont aujourd’hui plus rien à offrir. Et quand après une heure de show, Une grosse pluie s’abat sur le WOA, la coupe est pleine et tout ça se finit une fois de plus au bar.

Le grand moment de la journée arrive enfin. Il fait nuit noire sur Wacken, et la True Metal Stage s’inonde de lights bleutées tandis que dans la sono monte des plages sonores inquiétantes. HEAVEN AND HELL, qui écume cette année les festivals d’été européens s’installe pour la soirée au WOA et la clameur qui monte de la fosse en dit long sur l’enthousiasme du public. L’apparition de Tommy, Geezer, Vinnie et Ronny sur « Mob rules » sonne comme une libération. Le WOA 2009 est véritablement lancé avec cette première des têtes d’affiche, et quelle tête d’affiche ! Le Sab’ version 2, qui aura vécu dans l’ombre des années Ozzy mais qui depuis deux ans n’en finit plus d’étaler sa classe aux yeux (et aux oreilles) des fans à travers le monde démontre encore ce soir que les patrons sont toujours présents et bien vivants. ‘Children of the sea’, ‘I’, le superbe ‘Bible Black’, les titres s’enchainent, tous plus brillants les uns que les autres et la messe noire atteint son paroxysme sur le titre ultime qu’est ‘Heaven and Hell’. Définitivement un des titres les plus emblématiques de l’histoire du Métal qui ce soir prend toute sa dimension sur la terre promise qu’est le WOA ! génial ! Après le show livré quelques semaines plus tôt au Hellfest, celui de ce soir, rallongé d’un bon quart d’heure et dans le cadre si particulier du WOA atteint un nouveau seuil dans l’échelle de l’extase suprême et après le final de ‘Neon Knights’, c’est sur un petit nuage que je me replie vers le camping pour une (courte) nuit réparatrice.

Vendredi 31 juillet :

Malgré une averse musclée en milieu de matinée, il était écrit que la pluie ne parviendrait pas à s’installer sur cette vingtième édition et c’est sous un beau soleil que les portes du site s’ouvrent pour le premier set de la journée. Il est à peine midi et déjà la True Metal Stage accueille UFO. Les vieilles gloires ont la peau dure et même si Phil Mogg avoue des difficultés à se réveiller, la classe des anglais est bien réelle, renforcée par la virtuosité de Vinnie Moore à la six cordes. Les 45 minutes passent comme un éclair et le final sur ‘Rock bottom’ parvient à faire oublier l’absence d’un ‘Doctor doctor’ dans une setlist qui, sur un temps de jeu si court frustre forcément plus d’un fan.

Alors qu’une horde de masochistes se prennent une première dose de Black sur la Black Stage aux accords malsains d’ENSTILLE, la True Metal Stage est préparée pour l’arrivée des locaux de GAMMA RAY. Le groupe de Hambourg, actuellement en studio pour la composition du successeur du ‘Land of the free II’ s’offre une petite sortie, histoire de se rappeler au bon souvenir de ses fans. Résultat : un show en demi teinte, un peu « téléphoné » et durant lequel le groupe ne prendra pas de grands risques sinon en interprétant un nouveau titre pas très convaincant (‘To the Metal’) mais dont le refrain est calibré pour le live, et en réveillant le public sur les imparables ‘Future world’ et ‘I want out’ de qui vous savez.

Le premier coup de folie de la journée à lieu sur la True Metal Stage où les furieux WALLS OF JERICHO investissent les planches pour une heure d’un Hard Core explosif à scalper plus d’un mulet ! Ah, ces mulets, superbe coupe de cheveux si chère à nos amis allemands, court devant et nuque longue, souvent surlignée d’une fine moustache et de joues bien roses, quel esthétisme ! force est de constater que Candace et ses potes n’ont que faire de le délicatesse capillaire des teutons métalliques et c’est dans la fureur la plus complète que le combo américain va atomiser son auditoire, les titres du récent ‘The American dream’ anéantissant les plus résistants. Ebouriffant !

Une bière et ça repart … vers la Black Stage, où un habitué du WOA entre en scène. NEVERMORE, dont les prestations en 2004 et 2006 sont restées gravées dans ma mémoire revient en terre de mission avec dans ses flight-cases, une setlist de « hits » parmi lesquels ‘This sacrament’, ‘Dead heart in a dead world’, Narcosynthesis’ ou encore ‘This godless endeavour’. Que du bon malgré une formation sous forme de quatuor, Jeff Loomis assurant à lui seul les guitares, avec comme effet un manque de profondeur notamment pendant les solos. Vivement le retour du gang de Seattle pour une vraie tournée européenne en salle.

Le marathon continue et la foule se presse devant la True Metal Stage, où le phénomène AIRBOURNE remet le couvert après sa prestation en ouverture de l’édition 2008. Le groupe des frères O’Keeffe déboule sur scène et livre comme à son habitude un show « tout à fond ». Son rock’n roll AC/DCien fait une nouvelle fois mouche tandis que sur ’Girls in Black’, Joel parvient à nous filer les jetons pour de bon. La rock’n roll attitude, c’est cool, mais ça peut rendre con. Le chanteur guitariste, qui s’envoie des rasades de Jack Daniels entre chaque titre (à moins que ça soit du thé !?) se lance comme à son habitude dans l’ascension d’une des structures métalliques pour planter un solo à quinze mètres de haut sous le regard impuissant des agents de sécurité avant de reprendre sa grimpette et de finir suspendu par les mains sur une poutre fixée à l’horizontale. On n’ose imaginer le résultat si le garçon se loupe … Rock’n roll ou Con’n roll ? Je vous laisse juges. En tout cas, ça fait son effet et le groupe marque encore un point dans l’estime de ses fans et d’un public électrisé par l’énergie des quatre australiens.

Nouvel arrêt au stand tandis que les sautillants DRAGONFORCE déversent leurs notes par milliers sur la party stage, relayés sur la WET Stage par les jeunots de BRING ME THE HORIZON (putain, les vieux patchés font la gueule) avant que la True Metal stage ne laisse à HAMMERFALL le soin de me convaincre définitivement que je ne peux pas supporter ce groupe.

20h05 : les vétérans du Thrash old school ont rendez-vous sous la WET Stage, où WHIPLASH fait son retour scènique tandis que la nouvelle génération se masse devant la True Metal pour accueillir Matt Tuck et BULLET FOR MY VALENTINE pour une heure d’un Metal Core sans concession. Et même si la présence de ce combo, comme de certains autres sur l’affiche, fait s’étrangler pas mal de vieux briscards qui ne retrouvent plus leurs petits au fil des éditions, force est de constater que le public, qui se renouvelle (et c’est très bien pour la survie du Métal) adhère en nombre. La fosse en en ébullition et les anglais délivrent un set en béton, aidés par un son Heavy à mort, dans la fureur et les fumigènes.

Il est à présent près de 22h00. Le soleil a disparu à l’horizon et le public fait une ovation à MOTORHEAD, qui lance son set sur la True Metal Stage. Lemmy, décidément increvable lance son trio pour 75 minutes d’un rock’n roll toujours aussi jouissif et les ‘Iron fist’, ‘Stay Clean’, ‘Metropolis’, et autres ‘Going to Brazil’ sont autant de moments de pur plaisir on en redemande. Lemmy lance alors ‘Killed by death’ et accueille Nina C.Alice, chanteuse de SKEW SISKIN pour une version endiablée et encore relevée par un show des Fuel Girls. C’est clair, y’a pas que sur scène que ça crachait des flammes ( !!) et le final évident ‘Aces of Spades / Overkill’ ponctuera ce nouvel assaut du bombardier anglais.

Pas le temps de traîner, car la tête d’affiche de ce deuxième soir est annoncée sur la Black Stage. Pour sa sixième participation au WOA (la première fois eu lieu en 1997), après le set livré en ce même lieu en 2003, un des meilleurs souvenirs scéniques du groupe, celui de 2007 qui marquait sa consécration européenne, celui de cette année est pour IN FLAMES le moyen d’enfoncer encore le clou dans la tête de ses détracteurs. Et force est de constater qu’ils sont de moins en moins nombreux, au regard de la foule compacte qui se presse dans la fosse. L’ambiance est électrique et l’intro de ‘Delights and Anger’ libère un public impatient de communier avec les cinq suédois. La folie est totale et les premiers rangs littéralement écrasés par la pression tandis que les circle pits jouent à fond leur rôle de centrifugeuses, emportant toujours plus de malheureux dans leur rotation folle. C’est le chaos dans le public, au son des ‘Hive’, ‘Trigger’ et du fameux ‘Clouds connected’. Enorme, c’est énorme ! J’ai besoin de pareils instants pour sentir mon sang circuler à plein régime dans mes veines, et le génial ‘Only for the weak’ livre le site du festival à une véritable vague humaine, 80 000 personnes se mettant à sauter ensemble, au rythme d’un des titres les plus emblématiques d’IN FLAMES. Génial ! Mon voisin s’égosille, Anders Friden et ses potes sont survoltés, et l’absence de Jesper Strombladt, en cure de désintoxication pour dépendance à la bouteille est largement compensée par Niclas Engelin (ENGEL), trop heureux de participer à un tel évènement.

‘Embody the invisible’, ‘Come clarity’, ‘Dead end’ et le duo Anders / Lisa Miskovsky, ‘Alias’, ‘The chosen pessimist’, le plaisir se renouvelle à chaque titre, tous intenses, et IN FLAMES prouve une fois de plus que la machine suédoise est un véritable rouleau compresseur. Que ce soit en club ou sur les plus grands festivals, le groupe maîtrise son art et écrase tout. Que du bonheur ! Après HEAVEN AND HELL la veille, le WOA a offert ce soir une nouvelle tête d’affiche digne de figurer dans l’histoire de cet illustre festival.

Et que de mieux, pour conclure cette soirée, que de la finir devant la True Metal Stage où DORO s’apprête à monter sur scène. Encore sous l’effet de ma rencontre avec la Metal Queen lors de son show barcelonais en mai dernier, c’est avec un plaisir immense que j’en reprends une dose à coups de ’Fur Immer’, ‘I rule the ruins’, et autres ‘Burning the witches’. DORO fait ce soir la part belle à son époque WARLOCK pour le plus grand bonheur de ses fans ultimes et ‘True as steel’ nous transporte à travers le temps. ‘Fight’, ‘Burn it up’, ‘Celebrate’ en duo avec Sabina Classen, DORO revisite sa discographie avant de conclure par un nécessaire ‘All we are’ repris par tout le public. Encore un show à la hauteur de ce qu’on attend du WOA, et c’est sur les rotules que je termine cette deuxième journée, sous les coups de boutoir du Death guerrier des barbares d’AMON AMARTH. Il est 3h00 : extinction des feux sur le site tandis que dans le camping, le chaos atteint son paroxysme !

Samedi 1er aout :

Dernier jour dans l’enfer du WOA ! Le réveil est rude en ce milieu de matinée, et la longue file d’attente à l’entrée des WC en dit long sur le régime alimentaire du festivalier moyen ! Quel tableau que celui du gros métalleux patché bardé de clous, le visage blême et le cheveux gras, le front perlé de gouttes de sueur, tenant dans sa main un précieux rouleau de papier hygiénique, le corps légèrement penché en avant pour limiter la pression de la ceinture – cartouchière sur son gros colon, attendant son tour avec encore plus de fébrilité que lors d’une séance de dédicace de SLAYER … Touchant !

Bref, pas le temps de s’attendrir, les hostilités se préparent et après un dernier tour au Metal Market histoire de me fâcher avec mon banquier, direction la Party Stage où à midi pile, NAPALM DEATH investit les planches. Et il faut bien avouer que NAPALM à l’heure de l’apéro, ça vaut toutes les olives du monde pour éponger le pastis qui aujourd’hui, a été remplacé par … une bière allemande, évidemment. Gros carton pour les quatre anglais, qui avait déjà frappé fort en 2007 sur la Black Stage et qui cette année encore, écrasent un public qui n’en demandait pas temps.

Changement d’ambiance sur la True Metal où RAGE lance son Heavy mélodique aux accents un brin pompeux devant un parterre de fans, le duo Peavey Wagner / Victor Smolsky fonctionnant à la perfection et épaulé par deux guest – stars de choix, à savoir Hansi Kürsch (BLIND GUARDIAN) puis Schmier (DESTRUCTION), agrémentant ainsi un set basé sur les classiques du groupe.

Doom ! Voici le leitmotiv des fans massés devant la Black Stage. CATHEDRAL, qui ne s’est pas produit au WOA depuis 2003 revient et le gang de Lee Dorrian peut compter sur une armée de fans bien décidés à communier avec les maîtres du Doom anglais. ‘Soul sacrifice’, ‘Cosmic funeral’, le Heavy psychédélo-funèbre de CATHEDRAL fait un carton et plonge l’auditoire dans une heure de transe hypnotique ponctuée par un ‘Hopkins (Witchfinder general)’ plus pachidermique qu’on osait l’espérer.

La suite est tout aussi percutante avec TESTAMENT sur la True Metal Stage. Les nord californiens n’en finissent plus de faire leur retour sur le devant de la scène et ce n’est pas le sublime ‘The formation of damnation’ sorti en 2008 qui le démentira. TESTAMENT a de nouveau les crocs et les maîtres du Bay Area Thrash sont en colère ! A l’image d’EXODUS l’an passé, les cinq musiciens sont là pour rappeler aux brebis égarées qui sont les patrons, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’une fois de plus le groupe aura mis tout le monde d’accord. Un Chuck Billy dominateur, un duo Peterson / Scholnick brillant, une rythmique Christian / Bostaph en plomb, la mixture fonctionne comme jamais et le pit se transforme en boucherie. Un pur bonheur d’ultra-violence rythmé par ‘The preacher’, ‘Over the wall’, ‘More than meet the eye’, ‘Into the pit’ ou encore ‘DNR’ ! Que du bon, et des souvenirs à la pelle pour tous ceux qui comme moi ont été bercés contre le mur depuis leur plus tendre adolescence par des albums comme ‘The legacy’, ‘The new order’ ou ‘Practice what you preach’. Géant, tout comme ma rencontre fortuite, plus tard dans l’après midi avec Chuck Billy au milieu du camping VIP. J’en ai encore les rotules qui tremblent !

Rien de tel qu’un arrêt au stand pour me remettre de mes émotions, avant d’attaquer la soirée et la venue de PAIN sur la Party Stage en compagnie de quelques potes anglais. Les bougres sont venus en famille et les retrouvailles se font au bar tandis que sur scène, Peter Tagtgren et son groupe reçoivent une ovation de la part d’un public parmi lequel les tee shirts d’HYPOCRISY sont nombreux. Visiblement, les expérimentations « dance » de PAIN ont été bien perçues par les fans du combo dont le Death Metal devrait reprendre vie dans quelques mois. Ça danse, ça saute dans tous les sens, ça gueule sur les refrains, bref, grosse fête dans la fosse où le houblon a des effets radicaux, et tout ça au rythme de ‘Monkey business’, ‘Dancing with the dead’, ‘Zombie Slam’, ‘Same old song’, et du final imparable ‘Shout your mouth’. Une vague de fraîcheur relayée par le rock sauvage de VOLBEAT sur la True Metal Stage avant d’attaquer la tête d’affiche de la soirée !

Il est maintenant 21h45 et la journée semble passer comme une balle. La Black Stage est noyée dans les fumigènes, les lights sont poussés au maximum et dans un déluge sonore, MACHINE HEAD fait son entrée en scène. Lors de son précédent passage en 2005, le combo de Robb Flynn avait essuyé de vives critiques de la part de certains purs et durs qui voyaient dans la présence du groupe de Oackland un virage Néo-Métal de la part des organisateurs du WOA. Les pauvres en avaient été pour leurs frais tant la prestation de MACHINE HEAD avait ce soir-là déboité les vertèbres de plus d’un headbanger. Les mêmes grincheux, qui s’étaient à nouveau émus de la présence du groupe en headline en seront une nouvelle fois pour leur frais, tant la baffe infligée par le quatuor sera grosse !

Comme au Hellfest en juin, au Sonisphere barcelonais en juillet, MACHINE HEAD va livrer ce soir un show digne d’une tête d’affiche, imposant son statut de leader, écrasant la concurrence par un son en béton, des titres en béton, une présence en béton, le tout bardé de ferraille tel un blockhaus imprenable. Et que plus personne ne vienne gratter Rob avec des qualificatifs à deux balles selon lesquels MACHINE HEAD fait du Néo. Parce que MACHINE HEAD fait du Thrash, du gros, héritier de la Bay Area des années 80, nourri à l’EXODUS, au TESTAMENT, au METALLICA et responsable d’un des plus grands albums (le plus grand ?) de Thrash des années 90 avec ‘The Blackening’. Point barre ! Et le groupe le prouve encore ce soir, à grands coups de ‘Imperium’, ‘Ten ton hammer’, ‘Aesthetics of Hate’ et autres ‘Old’, générant des circle pits géants dans la fosse pour le plus grand bonheur d’un Robb Flynn toujours aussi communicatif. Enorme prestation que celle délivrée ce soir par MACHINE HEAD dont on attend maintenant le retour dans les salles pour 2010 afin de poursuivre le plaisir, d’autant que le final ‘Halo / Davidian’ à de quoi vous filer des fourmis dans les jambes et la méchante envie de tailler la route pour en reprendre une dose.

Enfin, que serait un Wacken Open Air sans … SAXON ? Le combo anglais managé par Tomas Jensen, le promoteur du WOA, a table ouverte à Wacken et ne se prive pas de participer au glorieux anniversaire du festival. Il est 23h15 lorsque les riffs de ‘Batallions of steel’ fendent l’air humide pour le plus grand bonheur de nous tous, qui avons vu SAXON mille fois mais toujours avec le même plaisir tant, à l’instar de MOTORHEAD, ce groupe est attachant. La personnalité de Biff Byford, son charismatique leader n’y est sans doute pas étrangère, de même que la quantité phénoménale de hits que le groupe propose chaque soir et cette image d’éternel second qui lui colle à la peau lui attire une sympathie qui ne se dément pas. ‘Lionheart’, ‘Strong arm of the law’, Killing ground’, SAXON revisite sa discographie et chaque titre rappelle immanquablement à tous ceux qui baignent dans la marmite du Métal en fusion depuis le début des 80’s, des souvenirs (pas toujours les plus glorieux, d’ailleurs !) de leur vie de métalleux. ‘Wheels of steel’, ‘Rock the Nations’, ‘Motorcycle man’, le groupe a décidé ce soir de piocher un titre dans chacun de ses albums et la liste est longue, de même qu’elle apporte son lot de frustration tant certains titres manquent évidemment à l’appel. Mais ce sont autant d’autres hits qui prennent place dans un programme qui finalement forme la cerise sur un gâteau orné de 20 bougies que les organisateurs du WOA peuvent souffler avec fierté. Malgré toutes les critiques qu’on aura pu formuler sur l’affiche de cette vingtième édition, les faits sont là. Le WOA est bel et bien le plus grand festival Métal au Monde et ce n’est pas prêt de changer. Certes, des affiches comme celle du Hellfest, du Grasspop ou encore des Gods of Metal ou l’itinérant Sonisphere ont tout cassé cette année, mais le WOA impose toujours son image, sa longévité, son histoire, et ce ne sont pas les quelques 80 000 participants qui me démentiront.

Ni même les frappadingues GWAR qui, à peine les derniers accords de ‘Denim and Leather’ joués par Biff et ses acolytes se chargent de conclure définitivement le festival à grands coups d’exécutions sommaires et de jets de sang au rythme d’un thrash punk effréné, spectacle à pleurer de rire, véritable purge avant d’attaquer la route au petit matin. Avec une seule idée en tête, celle de revenir en 2010. Harder, Louder, Faster ! YvesZ.

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